samedi 22 septembre 2018

Une méthode de couture sans ficelles ni rubans

J'ai déjà traité cette question dans ce blog à la date du 13 Mars 2013, sous le titre "Des livres "brochés" ". Le présent article vise à en réactualiser le contenu, compte tenu d'expériences personnelles récentes.

Il peut y avoir diverses raisons de vouloir coudre un livre sans ficelles ni rubans. Le plus souvent il s'agit de livres à faible nombre de cahiers, typiquement des albums d'enfants, pour lesquels la couture traditionnelle conduit à un dos trop lourd et trop rigide. Dans d'autres cas, on voudra restaurer des livres simplement brochés (je parle ici de livres brochés-cousus "à cahiers", et non de livres brochés-collés d'aujourd'hui, sans cahiers, voir l'exemple du 13/03/2013),  de façon à ce qu'ils gardent leur aspect "broché" original, tout en leur donnant la robustesse d'une couture classique.

Reliure d'attente
Il faut noter que des livres courants, au XIXème siècle, étaient souvent édités sous un mode de couture très simple, résumé par le dessin A ci-contre. On parlait alors de "reliure d'attente", en ce sens que le livre en question "attendait"...d'être relié sérieusement par un artisan relieur. La couture se résumait à deux rangs de chaînettes. La faiblesse de ce montage (qui n'était pas conçu pour durer) fait que l'on retrouve souvent aujourd'hui ces livres en fort mauvais état.

 
Dans la version que je propose, il n'y a plus 2 rangs de chaînette, mais 3, 4 ou plus; de sorte que la couture devient aussi solide qu'une couture ordinaire. Ainsi dans l'exemple ci-dessous à 4 fentes, l'ouvrage a pu être achevé comme dans le cas d'une reliure normale, avec dos arrondi, gardes couleurs, etc...
On peut résumer la méthode ainsi, chaque fente porte une rangée continue de chaînettes. Pour le présent ouvrage, on a choisi une couture à 4 fentes, mais on y retrouve le principe de la couture à 3 fentes du  13/09/2013 . Ce principe de couture s'apparenterait, semble-t-il à la reliure "copte", mais j'ai trouvé peu d'information sur le sujet.


 Le principe de la couture, en partie courante, est schématisé par les deux figures B1, B2 ci-contre (agrandir en cliquant dessus). Partant d'un point P du cahier 3, par ex., on suivra aisément le trajet du fil pour accrocher le cahier 4. A chaque fente de ce dernier, le fil sort et passe derrière le fil du cahier 3, puis re-rentre dans le cahier 4.


Seuls les deux premiers cahiers font l'objet d'un schéma de couture particulier illustré par la figure B2. Partant du point O, le fil passe alternativement dans les cahiers 1 et 2, à l'aller comme au retour. En sortie, les deux brins du fil sont alors noués d'un double noeud.



Pour l'instant, rien de nouveau par rapport à l'article du 13/09/2013.

Une amélioration a été apportée cependant, valable pour un livre tant soit peu épais (plus de 5 cahiers). En effet, la pratique a montré que sans précaution supplémentaire, la couture directe entraine une contre-cambrure du dos, qui compromet l'étape d'arrondissure. Pour cette raison, un cahier sur trois a été entouré d'un feuillet supplémentaire (en jaune, photo C1), feuillet sans valeur qui sera déchiré par la suite.


La photo C2 montre le grecquage à 4 fentes. Les fentes extrêmes peuvent être  positionnées à l'aide d'un gabarit de grecquage de relieur, les autres en divisant par 3 l'espace entre ces fentes.






La photo D illustre l'organisation du travail, par exemple pour le montage du 4ème cahier. Le 3ème cahier étant supposé avoir été cousu, les cahiers précédents (donc cahiers 1 et 2),sont positionnés au bord de la table,  bloqués sur celle-ci en posant au dessus une règle lourde.
L'opérateur a soulevé le cahier 3 pour montrer la règle, et tient en main le cahier 4 à coudre. Ce dernier va être cousu normalement de travée en travée (schéma B1), sauf qu'à chaque sortie de cahier, le fil sera repassé sous le cahier 3 pour former une chaînette à ce niveau.



La manière de s'y prendre pour passer cette chaînette est illustrée par les photos E1, E2. Sur la photo E1, on voit le fil sortant du cahier 4 en cours, passant sous le cahier 3 et en ressortant immédiatement derrière le fil du rang précédent. Il sera ensuite re-rentré dans le cahier 4 au même niveau pour poursuivre la couture.

Entrer et ressortir ainsi sous le cahier 3 peut paraître délicat. La photo E2 montre la manière de s'y prendre. Il suffit de présenter l'aiguille entre les cahiers 2-3 et de la basculer sur le bord de la table de façon à soulever le cahier 3, le reste de l'ouvrage étant maintenu par la règle. On peut ainsi reprendre l'aiguille sous le cahier 3 et la ressortir aussitôt derrière le rang de chaînette.

A la fin de la couture, on n'oubliera pas de déchirer les fausses pages, ce qui desserrera un peu le dos, permettant de passer à l'étape d'arrondissure.

La couture terminée, le travail se poursuit comme pour une couture ordinaire, sauf que l'on ne possède pas les ficelles qui, dans la reliure à la française, font le lien avec les plats. Il faut donc basculer sur un autre type de finition: reliure à plats rapportés, bradel, etc...

Les photos 1 et 2 montrent le livre fini. Et si l'on me dit: "ben, alors, ça ressemble à n'importe quel livre !", alors...

...le but était de démontrer la faisabilité de ce type de couture, sans ficelles ni ruban, et de proposer une méthode...

alors le contrat est-il rempli ?

samedi 8 septembre 2018

Un essai de mosaïque de cuir

 Note au 20 Juillet 2019: Cet article relate un premier essai d'une technique de mosaïque de cuir, basé sur une méthode personnelle. Deux essais ultérieurs au 10 Février 2019 et 20 Juillet 2019 y apportent de nouveaux développments, voire des corrections. On s'y reportera utilement
 
La méthode est basée sur une idée très simple, à savoir que pour couper des pièces de cuir s'emboitant parfaitement dans un motif, il suffirait de les couper en superposition.
 Comme toujours, une idée même la plus simple nécessite une mise au point longue et progressive, nécessitant plusieurs "prototypes". Soyons clairs, on ne trouvera ci-après qu'une première ébauche, donc largement susceptible d'améliorations.

L'objectif est de réaliser le projet ci-contre, représentant un couple homme-femme étroitement enlacés, tel le chèvrefeuille (c'est le titre du livre) qui enlace l'arbuste jusqu'à l'étouffer (d'où les pieds en forme de racine).

La réalisation doit assembler deux cuirs, l'un gris-noir pour représenter l'homme, l'autre rouge pour représenter la femme.
Ces deux pièces de cuir devraient être d'épaisseurs très faibles (3/10 par ex) et rigoureusement égales (ce n'était pas le cas dans notre essai).

Le projet étant dessiné sur un papier, deux pièces de cuir rectangulaires, grise et rouge, plus grandes que le motif papier, sont d'abord stabilisées en les doublant d'un papier simili-japon, à l'aide de colle plastique (adhérence forte).

Sur une plaque de verre (photo A), on a fixé le cuir rouge à l'aide de 2 bandes de papier Kraft auto-adhésif. On a collé par dessus le cuir gris à l'aide de colle de pâte (donc d'adhérence faible, nettoyable à l'eau). Enfin on a collé par dessus le projet papier, à nouveau à l'aide de colle de pâte.

Au scalpel bien affuté, on découpe tous les contours en laissant cependant quelques points d'accrochage pour que les pièces ne se désolidarisent pas.

En mouillant les zones blanches au pinceau, on nettoie le papier sur "la femme" (ph. B), puis en mouillant à nouveau cette zone au pinceau, on peut soulever les couches de cuir gris pour faire apparaître le cuir rouge (ph. C).

 On dégage à l'eau le kraft adhésif de droite, ce qui permet de retourner l'ensemble sur la gauche, faisant apparaître l'envers du montage. En mouillant "l'homme" au pinceau, on  peut ainsi dégager le cuir rouge au dos de "l'homme"(ph. D).  Notons que dans le cas présent, "l'homme" a emporté au dos un peu du pigment du cuir rouge, et apparaît en rouge léger.

 Sur la  droite du montage (ph. D), on a disposé et fixé une bande de papier quelconque, qui sera le support final du projet.  On rabat à nouveau le montage sur ce papier, et on le fixe à l'aide d'adhésif (ph. E). A nouveau au pinceau à l'eau, on dégage le papier sur "l'homme", faisant apparaître le cuir gris. On peut enfin achever au scalpel la séparation des  pièces  que l'on prélève une par une, et que l'on replace très exactement à leur place au fur et à mesure, en les collant sur le papier support. (ph. F).

 L'ensemble du motif se trouve ainsi complètement dégagé et les cuirs inutiles de l'entourage s'éliminent d'eux-mêmes (ph.G).

Le projet apparaît ainsi complet sur le papier support (ph. H). Il suffit alors de le nettoyer, le cirer (ph. I), éventuellement le détourer pour l'insérer sur un livre dans une incrustation.

Conclusion. Plusieurs points seraient à améliorer. Le collage cuir sur cuir et papier sur cuir à la colle de pâte n'est pas sans une légère dégradation du cuir inférieur (perte de pigment). Il faudrait trouver un collage moins agressif.
Le travail au niveau des petites pièces (ici les racines, d'ailleurs incomplètement réussi) est délicat, ces pièces ayant tendance à s'échapper en cours de montage.


dimanche 12 août 2018

Une jaquette en mylar

Les relieurs amateurs qui me lisent font certainement des merveilles; et ces merveilles, on connait le problème; il faut les protéger. Car on veut les montrer ces trésors...à des gens forcément indélicats, qui vont vouloir les toucher (avec leurs doigts sales). Et puis il faudra bien les ranger, ces trésors, dans la bibliothèque (pleine à craquer), où ils vont se frotter les uns contre les autres.

C'est là que je propose une solution toute simple, élémentaire: les habiller d'une jaquette en mylar (en plastique en quelque sorte). Oh j'entends déjà les quolibets !
Discussion (à peine fictive)
     Mr X (Mr qui sais tout). Pour protéger un beau livre, on lui fait un coffret !
     C. (votre serviteur) Mais alors le livre, on le voit plus !
     X. Si, en le sortant du coffret !
     C (perplexe). ?????
     X. ...et un coffret, ça peut être très beau !
     C (goguenard). mais alors le coffret, il faut le protéger..., et puis c'est autant de boulot que la reliure du livre !
     X (péremptoire)... et puis une couverture en plastique, c'est pas beau ! 
     C (naïf). Ben, c'est pas beau si le livre est pas beau, puisqu'on le voit à travers !
..................

Laissons ! Tant pis pour les moqueurs. Je continuerai à habiller mes trésors de mylar; ainsi on peut les montrer, les toucher, les ranger, et même jusqu'à les lire !!

Pourquoi du mylar ? J'ai d'abord pensé à du rhodoïd.  Mais le rhodoïd est maintenant introuvable en rouleau; et puis il est cassant au pliage. Tout le monde se souvient de la collection "La pléiade", et ses jaquettes de rhodoïd (tiens, collection de luxe !) qui explosaient de toute part.
Au contraire, le mylar est vendu en rouleau (Veber-metaux: 66 Rue de Turenne, 75003 Paris); il accepte parfaitement le pliage, et est parfaitement transparent.

Pour la technique, elle est élémentaire, et tous ceux qui ont, dans le temps, recouvert leurs livres d'école la connaissent. Mais attention, le mylar n'est pas le papier; il peut réserver des surprises ! (pastiche) "Il y en a qu'ont essayé ! Il y en a qu'ont eu des problèmes !"

Le schéma suivant illustre la procédure que je propose !

En entourant le livre d'un papier, on a découpé dans ce papier le gabarit exact du livre AAAA (en bleu). Aux dimensions de ce rectangle on ajoute sur chaque côté 2 fois la largeur des rabats, par ex. 2 fois 4 cm, soit le rectangle BBBB, que l'on découpe dans du mylar. Placer le gabarit au centre du mylar et le maintenir à l'aide de papiers adhésifs (en jaune) au milieu de chaque côté, type papier cache de peintre. Repérer la partie arrondie du dos, soit les repères K, L.
Faire ensuite les coupes légèrement obliques marquées en rouge: AE, CD, au coin, et de même aux autres coins,  puis FG, HJ et KL aux milieux des grands côtés.Noter que les le point C est légèrement décalé par rapport au sommet A, et de même le point F est légèrement décalé par rapport au repère L.
On fait ainsi tomber les zones marquées en gris.

On replie alors un des côtés, par ex. le côté AA de gauche, en marquant fermement le pli au plioir.
On engage le livre dans le pli AA, puis on entoure le livre, ce qui permet de marquer exactement sur les papiers cache (marques xx en vert), la position du pli AA de droite. Puis on dégage la jaquette, et on forme le pli AA de droite sur ces marques. On fait ainsi pour chaque rabat; on plie, on engage le livre, on marque le pli opposé, on dégage la jaquette, on forme le pli opposé sur les marques, etc...

A la fin, il est fréquent que l'on trouve la jaquette légèrement trop large. Il est toujours possible de corriger les plis. Pour cela, on pince le mylar en quelques points le long du nouveau pli. Au plioir, on rejoint les "pincements" en marquant fermement le pli définitif. L'ancien pli sera pratiquement invisible.

Pour terminer, on enlève le gabarit et les adhésifs. Les traces d'adhésif se nettoient au white-spirit. La jaquette étant enfin remise en place, on assure le maintien des angles intérieurs par des bouts d'adhésif transparent, en évitant bien sûr tout contact avec le livre.

samedi 14 avril 2018

Un tutoriel de papier à la colle (F. Voignier)

Ce 5 Avril, c'est encore mon ami et professeur de dorure François Voignier, du club de dorure de Viry-Chatillon, qui proposait à un groupe de relieurs, dont j'ai eu la chance de faire partie, une petite initiation à la pratique du papier à la colle

 Je ne montrerai ici que quelques résultats de cette initiation, en renvoyant le lecteur intéressé au blog de mon association "Les Lieurs de Sénart", dont l'adresse internet est la suivante: www.leslieursdesenartdraveil.blogspot.fr.
Le compte-rendu que j'y ai fait de cette rencontre est, je l'espère, suffisamment étoffé pour constituer en soi un petit tutoriel de cette pratique, au demeurant assez facile.

Un papier fait par F.V. en séance


Quelques papiers fabriqués par F.V.


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Un autre papier fait par F.V. en séance


Un papier fait en séance par une élève











mardi 27 février 2018

Des livres brochés...aux dos arrondis

L'article précédent ("Un tutoriel pour la reliure d'emboîtage", 25 Février 2018) présentait une méthode pour relier des livres brochés (donc non cousus) suivant le principe dit "d'emboîtage". Rappelons  que cette méthode est adaptée à des ouvrages non formés de cahiers, par exemple les ouvrages du commerce moderne, presque exclusivement brochés.

Ayant largement pratiqué cette méthode pour des reliures peu ambitieuses (livres de poche), j'ai toujours regretté le manque d'élégance du produit fini, à cause du dos plat obtenu qui tient au principe même de la méthode. Cette constatation m'a amené à réfléchir sur la possibilité, pour un tel livre broché, de former un dos arrondi plus conforme aux traditions de la reliure. Je laisserai de côté des méthodes connues qui procèdent par reconstruction de cahiers, par exemple par couture (voire collage)  de feuilles entre elles, en raison de l'importance du travail préalable qu'elles nécessitent.

Partant du principe même de la méthode d'emboîtage, en retenant le mode de couture par fils noyés (cf. tuto reliure d'emboîtage), j'ai développé une méthode alternative pour obtenir le résultat recherché. Le principe peut tenir en quelques mots: arrondir le bloc-livre en tassant le paquet de feuilles sur un cylindre: tuyau, manche à balai... C'est élémentaire, mais la pratique comporte tout de même quelques chausse-trappes, que je me propose d'éclairer.

Les photos, en petit format, peuvent être agrandies en cliquant dessus. On revient au blog par la croix en haut à droite de la photo.

Pour le vocabulaire, on se reportera au début de l'article du 2 Mai 2015

Matériel: Outre un matériel standard de reliure, on devra disposer de 2 bandes de carton épais un peu moins larges que le livre et d'un tube cylindrique dont le diamètre soit légèrement supérieur à l'épaisseur du livre + la somme des 2 cartons. Ainsi sur l'exemple présenté, le livre a une épaisseur de 23mm, chaque carton 3mm, le cylindre (tuyau de plomberie) 30mm de diamètre donc légèrement supérieur à 23+3+3.

A. Préparation du livre
Photo A1. On se propose de relier l'ouvrage broché "Le mystère du Masque de Fer", de Danielle et Claude Dufresne, publié chez Tallandier en 1998.
A2. On débroche la couverture en tirant soigneusement dessus.
A3. On se propose de séparer les feuilles entre elles. Une manière rapide (photo), consiste à "scier' un tranche de 1 à 2mm maximum au dos du livre à l'aide de la presse à rogner.
 Cette méthode a l'inconvénient de diminuer la marge des fonds de page, s'ajoutant à la diminution qui sera occasionnée par la pseudo-couture. Au cas où l'on ne pourrait se permettre ce prélèvement, on devra arracher les pages (chauffer le dos au sèche-cheveux, ou au micro-ondes), mais il faudra nettoyer les bords de page de la colle restée accrochée. L'opération est assez fastidieuse. 
A4. En utilisant une page quelconque comme gabarit, couper deux ensembles de trois pages de garde blanches, par exemple une page double (pliée), et une page simple, en deux exemplaires. Disposer ces pages de garde en début et fin du livre, les pages doubles à l'extérieur.
La justification des trois pages se trouve dans la méthode qui sera proposée pour l'assemblage des couvertures. Au final, on ne trouvera plus qu'une garde couleur et une garde blanche.
A5. Enserrer fortement le paquet de feuilles dans une bande de papier un peu moins large que le livre. Normalement, le bloc de feuilles peut alors être manipulé sans se déformer.

B. Mise en forme du bloc-livre
B1. La bloc étant positionné dans la presse entre deux plaques dépassant d'environ 1cm,, on pratique sur le dos des fentes en croix d'environ 1 à 2mm de profondeur.
B2, B3. Le cylindre (voir ci-dessus: "Matériel") est d'abord bloqué dans la presse, puis les deux cartons sont simplement posés au dessus de lui contre les flancs. Le bloc-livre est alors introduit entre les cartons, dos en dessus. De légers tapotements suffisent à lui donner la forme du cylindre.

C. Formation du dos
Le bloc-livre étant toujours enserré dans la bande de papier,  peut être sorti de la presse et manipulé doucement sans perdre son arrondi. 
C1. L'endossure va être entièrement réalisée à même la presse à endosser. On doit donc protéger les mors par du  papier peu sensible à l'eau (papier sulfurisé, par ex.)
C2, C3.Ayant choisi les cartons de couverture, on positionne le livre dans la presse de façon à ne laisser dépasser que l'épaisseur de ces cartons. Puis on humecte le dos avec une éponge et on repousse les feuilles vers l'extérieur à partir du sommet, soit avec la pointe du marteau, soit avec la tête du marteau en la faisant glisser du sommet vers l'extérieur. On termine en rabattant fermement avec la tête du marteau les premières et dernières feuilles contre les mâchoires ferrées.
C4. Le résultat doit présenter en bouts une forme d'éventail.

D. "Pseudo-couture"
D1. En desserrant la presse, on remonte le bloc-livre d'environ 5mm. On emplit de colle forte les fentes dans lesquelles on vient ensuite noyer des brins de fil d'épaisseur moyenne ( grade 20 par ex.).
D2. Le dos étant maintenant largement enduit de colle forte, on pose au dos un rectangle de mousseline qui devra dépasser d'au moins 20mm de chaque côté du livre. Sur le dos, la mousseline doit apparaître comme noyée dans la colle.
D3. On termine cette phase par une bande de papier Kraft aux dimensions exactes du dos. On laisse le tout jusqu'à séchage complet.
L'arrondi du dos se trouve alors définitivement formé.

A partir de ce point, le livre se présente comme dans le cas d'une reliure classique lorsque les ficelles ont été coupées au ras du livre (cas fréquent en restauration). Des méthodes classiques sont disponibles: Bradel, plats rapportés... Afin que l'article soit auto-suffisant, j'en propose une variante que je trouve bien adaptée au cas présent.

E. Endossure
E1. Poncer le Kraft du dos de façon à obtenir un aspect cylindrique presque parfait.
E2. Poser les tranchefiles
E3.  Remplir l'espace entre tranchefiles de 2 couches de papier Kraft.
E4. Poser une dernière couche de papier Kraft de bout en bout et terminer par un ponçage de finition.
  

Pour la suite, on aura coupé les cartons de couverture aux dimensions (largeur + 1 fois la chasse) x (hauteur +2 fois la chasse)

F. Pose des cartons
F1. Recouper la première page de garde légèrement au delà de la mousseline. Faire de même pour la dernière page de garde.
F2. Préparer 3 macules dont 2 plus grandes que le livre puis 1 autre un peu plus petite que le livre. Il en faudra autant pour l'autre face du livre.
F3. En protégeant la 2ème page de garde par une grande macule, encoller, par dessous la mousseline, le reste de la première garde.
F4. Changer la macule puis plaquer la mousseline sur la partie encollée, en la poussant bien contre les mors.
Renverser le livre pour répéter les opérations F1 à F4 (Si l'on ne veut pas attendre le séchage complet, on pourra poser le livre sur des ais, la bande précédemment encollée étant "pendante" sur le bord des ais).
Attendre le séchage complet

A partir de ce point, le collage des cartons devra se faire avec célérité.
F5. Protéger la page de garde par une petite macule (cf par. F2). Encoller la bande qui porte la mousseline puis poser au dessus un des cartons de couverture en veillant bien à son placement correct par rapport au livre (régularité des chasses). Même en appuyant fermement, l'adhérence reste faible, ce qui d'ailleurs permet de rectifier la position. Faire de même pour l'autre carton, en veillant à respecter l'équerrage de l'ouvrage.
F6. L'ouvrage étant protégé par deux cartons forts, le placer dans la presse au ras des mors et serrer très fortement. L'ouvrage peut être retiré instantanément de la presse, le collage est alors définitif (serrage "éclair").

G. Préparation de la couvrure
G1. Faux-dos: couper une bande de cartonnette couvrant le dos en largeur, avec pour hauteur celle des cartons. La coller sur le dos le long des bords seulement, en laissant libre 2cm à chaque extrémité.
G2. Couper dans la couverture d'origine les éléments de décor que l'on souhaite conserver.
G3. Dans une cartonnette aux dimensions du 1er plat, dégager les zones correspondant aux motifs de décoration. Les coller à leur place sur le premier plat.

H. Pose d'une toile de couverture
H1. Ayant coupé un rectangle de toile dont la longueur est la longueur de l'ouvrage étalé à plat augmentée de 5cm, la hauteur celle de l'ouvrage augmentée de 4cm, on dessine au dos de la toile un trait de base à 2cm du bas, puis en posant le livre au ras de ce trait, on matérialise la position du 1er plat à 2cm du bord gauche. On encolle le rectangle de toile ainsi dessiné ainsi que la surface du premier plat. On pose le 1er plat sur la toile à son emplacement précis, puis on retourne l'ouvrage de façon à bien assurer le collage. En suivant les reliefs au petit plioir, on matérialise l'emplacement des éléments de décor. On colle ensuite la toile sur le dos du livre, puis on termine en couvrant le second plat. On peut ensuite recouper la toile sur son pourtour à une distance constante du livre, par ex. 1,5cm.
H2. Après avoir coupé les coins de la toile à 45° à une distance du coin un peu supérieure à l'épaisseur du carton, on encolle et on rabat le rempli (débord de toile) de droite en le poussant fortement vers l'intérieur. On pince ensuite les extrémités de ce rempli. On fait de même pour le rempli de gauche.
H3. Il faut maintenant rentrer la toile sous le faux dos en tête et queue (coiffes). Vérifier d'abord, ou si nécessaire dégager les passages intérieurs entre faux-dos et carton. Encoller le partie de toile devant former la coiffe (cette étape étant délicate, on pourra préférer utiliser une colle forte mélangée de colle de pâte). En ouvrant fermement le livre par son milieu, le faux-dos se dégage et l'on peut rentrer la toile sous la coiffe, en la faisant ressortir par l'intérieur des plats. On termine en collant les remplis qui restent libres sur tout le pourtour.

I. Collage des gardes-couleur
A ce niveau, il n'y a plus de différence pour cette opération avec l'emboîtage classique. On reprendra identiquement les paragraphes 16 à  20 de l'article précédent:  "Un tutoriel pour la reliure d'emboîtage" du 25 Février 2018.

J. C'est fini !
 Le résultat est présenté ci-contre. Passant outre les défauts dus aux maladresses du manipulateur, l'effet obtenu est le même que pour une reliure "à la française".

A partir de là un vrai travail de création au niveau des plats est toujours possible. Le monde de l'édition ne proposant quasiment plus de livres cousus, il y a lieu de penser que des solutions au problème des livres brochés seront amenées à prendre de l'importance

Ma conviction personnelle est que de cette question, on en reparlera !

dimanche 25 février 2018

Un tutoriel pour la reliure d'emboîtage

Aux manettes: Amap, "les lieurs de Sénart"
A la photo: Camille

Ce tutoriel reprend le thème "Tutoriel de reliure simplifiée (ex: livre de poche)", du 2 Mai 2015, avec de nombreuses améliorations (je fais des progrès !!). On pourra éventuellement s'y reporter, en prenant garde toutefois à quelques différences notables.

Cette version a été élaborée dans le cadre du stage d'initiation à la reliure dit "stage livre de poche", dans notre atelier "Les Lieurs de Sénart", à Draveil. A toutes fins utiles,  j'ai décidé de le mettre dans ce blog à disposition d'un public plus large

Afin de ne pas allonger démesurément l'article, les photos seront présentées en petit format. On n'hésitera pas à les agrandir en cliquant simplement dessus. On revient ensuite au blog par la croix en haut à droite de la photo.

Les * renvoient à des notes en fin d'article, repérées par le numéro du paragraphe.

Pour le vocabulaire, on se reportera au début de l'article du 2 Mai 2015

1. L'ouvrage*.
On se propose de traiter l'ouvrage "Quatre générations sous un même toit", de Lao She, Tome II, collection "Folio" (poche) (Photos 1.1 à 1.3).

2. Dimensions.
On relève les dimensions du livre: hauteur des "plats"* h (2.1), largeur d (2.2), largeur du dos* e, chiffres que l'on note (2.3).


3. Débrochage.
On détache la couverture. Il suffit en général de tirer dessus avec soin* (3.1).
 Les zones de collage, côté livre et côté couverture, présentent alors des résidus de colle (3.2, 3.3).

4. Nettoyage.
On place le corps du livre dans une presse de relieur (4.1), et l'on ponce le dos du livre (4.2) puis la zone de collage au revers de la couverture (4.3).

 5. Coupe et pose des pages de garde.
Les pages de garde sont des pages blanches (ci-après nommées "gardes blanches") que l'on dispose en début et fin du livre (dédicaces, notes,...).
On coupe dans un papier approprié* deux feuilles de hauteur (h+1cm), de largeur (2d+2cm) (5.1). On les plie au milieu de cette largeur. On place ensuite sur le livre une macule (5.2) ne laissant apparaître qu'une bande de 4mm env. le long du dos.
On encolle sans excès cette bande (5.3). On enlève la macule et l'on place une garde (pliée) centrée, au ras du dos (5.4). On assure le collage au plioir (5.5).
On fait de même pour l'autre page de garde en fin de volume.

 6. Recoupe des pages de garde.
Il s'agit de recouper les "gardes blanches" aux dimensions du livre.
Pour cela, on place une plaque de zinc sous les pages de garde et sur elles une règle tangente au bloc-livre, le livre étant fermé (6.1). On coupe au scalpel en suivant la règle (6.2).
En tête et queue* du livre on doit finir les coupes au ciseau (6.3).
Les pages de garde ne se distinguent plus du corps du livre (6.4).


 7. Coupe des cartons.
Les cartons vont permettre de construire pour le livre une couverture dure. Leurs dimensions sont hauteur (h+2c), largeur (d+c), c étant la "chasse"*, en général 2 ou 3mm.
On coupe d'abord à la cisaille, ou au cutter sur un zinc 2 cartons de dimensions plus grandes
(7.1), et l'on finalise les coupes exactes à la cisaille. Pour cela, une première coupe permet de repérer un premier angle droit, que l'on marque sur les deux cartons. En suivant cet angle droit comme référence, on règle la cisaille (7.2) pour couper les cartons aux dimensions exactes (7.3). On peut alors vérifier la qualité géométrique de l'ensemble (7.4), éventuellement envisager des recoupes.

  8. "Grecquage".
Il s'agit de créer un ensemble de fentes en croix, par ex. 5 croix, qui recevront les fils de couture.
On coupe un ensemble de 10 brins de fil (calibre normalisé env. 20)*, longueur 6cm env. (8.1).
Le livre étant placé dans la presse, on dessine les 5 croix à distances sensiblement égales (8.2). A l'aide d'une scie à grecquer*, on creuse les fentes (8.3) d'une profondeur suffisante (1 à 2mm) pour pouvoir y loger le fil sans qu'il apparaisse* (8.4) .
Le dos a alors l'allure de la photo (8.5). 



 9. Pseudo-couture.
Les brins de fil, une fois logés et collés dans les fentes, vont constituer une véritable "couture" pour les feuillets.
On encolle le dos en ayant soin de bien nourrir les fentes (9.1), puis on noie les fils dans les fentes (9.2). On pourra s'aider de la pointe du plioir pour mieux enfoncer les fils dans leur logement (9.3). Le dos se présente alors comme sur la photo (9.4).



10. Pose de la mousseline.
La mousseline forme un lien qui unit et bloque entre eux les feuillets et les fils.
On coupe une bande de mousseline (10.1) de largeur (e+3cm), hauteur (h+2cm). On enduit grassement de colle le dos (10.2) puis on pose la mousseline (10.3). On assure le collage au plioir (10.4). On peut éventuellement rajouter une couche de colle.



11. Pose d'une bande de papier Kraft au dos. (facultatif)*. Elle facilitera le collage au chapitre 15.
On coupe une bande de papier Kraft (11.1) de largeur (e+2mm), de longueur supérieure à h.
On encolle cette bande, et si nécessaire le dos, (11.2), et on applique exactement l'un sur l'autre (11.3). Le dos a alors l'allure de la photo (11.4)

12. Confection d'un soufflet.
 Un soufflet est une espèce de "tube" creux qui permet au livre de s'ouvrir sans casser le dos.
On coupe une bande de carte bulle* (3/10 ou 4/10),  de largeur e et de longueur supérieure à celle des cartons (12.1). Le sens "roulant"* de la carte doit être celui de sa largeur e.
On coupe un papier Kraft de largeur (3e+1cm), de hauteur supérieure à la carte. On replie ce papier de façon à former un U dont un des volets a la largeur e (12.2).
En protégeant les volets du U par des macules, on encolle le fond de ce U (12.3) et l'on vient y loger la carte (12.4), ce qui donne le résultat (12.5). On referme le petit volet que l'on enduit de colle (12.6) par dessus et l'on y rabat le grand volet. (12.7).
On recoupe ensuite le tube ainsi formé à la longueur exacte des cartons (12.8), puis on coupe la partie de Kraft qui dépasse en largeur (12.9). On repère ensuite une distance à 2cm des extrémités (12.10). On dégage ainsi 2cm de Kraft à chaque extrémité (12.11). Les deux zones ainsi "réservées" aux bouts du soufflet ne devront pas recevoir de colle jusqu'à la fin.
On obtient le "tube" (12.12) pour lequel on doit pouvoir vérifier le passage libre à l'intérieur.

13. Préparation de la couverture.
Il s'agit d'assembler les pièces que l'on vient de préparer: cartons, soufflet, sur la toile de couverture.
On coupe dans la toile choisie un rectangle de côtés h+4cm et (2d+e+5cm) (13.1). A la règle on tire un trait de base à env. 2cm du bord  puis le long de ce trait, on dispose, centrés, les 2 cartons et le soufflet (13.2). On remarquera que l'on a ménagé entre le soufflet et les cartons un espace très légèrement supérieur à l'épaisseur d'un carton. On trace ainsi le contour des 3 éléments (13.3).
On encolle un des cartons (13.4) que l'on vient placer sur son rectangle (13.5). On encolle ensuite le soufflet (côté carte) (13.6) que l'on place à sa place (13.7) puis de même le 2ème carton (13.8). Au compas, on repère la plus petite largeur du rebord de toile (13.9) que l'on reporte sur tout le pourtour. On recoupe ainsi très précisément le rectangle de toile (13.10).

14. Collage des remplis*.
Il s'agit de replier vers l'intérieur les débords de la toile.
On  trace sur chaque coin de la toile une ligne à 45°, à une distance du carton légèrement supérieure à l'épaisseur du carton (14.1). On retourne les remplis vers les cartons en prenant soin de "casser" les plis, au plioir, sur les bords (14.2). On encolle un des remplis (14.3) puis on le rabat sur le carton (14.4) en prenant soin de pincer l'angle aux extrémités comme sur la photo (14.5).
En procédant de même pour les autres remplis (14.6), on obtient le résultat (14.7) côté intérieur et (14.8) côté extérieur.

 15. Assemblage du livre.
Il s'agit maintenant d'assembler le bloc-livre et sa couverture.
On commence par recouper les débords du livre au ras du dos (15.1) et les fils de couture (15.2) au ras du livre (15.3)*.
Il s'agit maintenant de coller le dos du livre sur la seule partie Kraft du soufflet. On encolle la zone Kraft du soufflet*, puis on pose le dos au centre de la couverture (15.4). On dispose d'un temps très court pour refermer le livre, vérifier et éventuellement corriger le centrage, les chasses...(15.5). On assure le collage du dos en le frottant quelques minutes (15.6). On laisse sécher quelques instants.
On termine cette étape en rouvrant le livre. On rabat la mousseline de façon à la coller sur les cartons* (15.7).

16. Coupe des gardes-couleurs*
Les gardes-couleurs sont des pages généralement décorées dont une moitié tapisse le revers d'un plat et l'autre moitié la première garde blanche.
Ayant choisi un papier couleur (16.1), on pose le livre ouvert, à l'envers, sur son premier plat et sur le revers du papier. On marque au crayon le bord du plat exactement, puis le contour du livre avec un débord d'au moins 1cm (16.2). On retourne le livre et l'on fait de même pour le 2ème plat (16.3). On coupe au scalpel ces deux contours ainsi tracés (16.4) pour obtenir les formes (16.5). On délimite au revers, au crayon, la plus petite moitié qui sera la "garde collée", la plus grande étant la "garde volante".
Au compas, on mesure la plus grande chasse du livre (16.6), que l'on reporte, en marquant bien quelques points, sur les bords de le pourtour de la "garde collée" (16.7). Au revers, l'alignement des points (16.8) définit sur le pourtour des bandes que l'on dégage au scalpel (16.9). On fait de même pour l'autre garde-couleur.

 17. Collage des "gardes-collées"
Il s'agit de coller les "gardes collées" au revers des plats.
On ouvre le premier plat que l'on supporte par des ais. Au dos de la garde-couleur, on encolle la partie "garde collée" (17.1), et éventuellement le carton (17.2), en veillant à ne pas déborder sur la toile (double encollage). On dépose légèrement le papier sur le carton et on le déplace sans sans jamais appuyer tant que la position parfaitement centrée n'est pas trouvée (17.3). On frotte légèrement la surface à travers une macule.
Avec une macule, on délimite une bande de 5mm env. sur le livre le long du mors (17.4), que l'on encolle sans excès, ainsi que l'intérieur du mors (17.5). Puis en maintenant le livre à ouverture de 120° (17.6), on pousse le papier vers le mors, sans trop le forcer à rentrer, en assurant avec le collage sur le contre plat et sur la garde avec avec le plioir. On maintient cette position quelques minutes. Après quoi on fait de même pour l'autre plat. Le livre doit se refermer sans former de pli au fond du mors.


 18. Collage des "gardes volantes"
Il s'agit de coller les gardes volantes sur les gardes blanches.
Cette étape doit se mener avec rapidité. Le livre étant ouvert à la première garde blanche, on insère une macule sous cette page, puis on encolle la garde blanche (18.1). On change immédiatement la macule et l'on rabat la garde-couleur (18.2), puis on enlève la macule. On fait de même pour le second plat. On met aussitôt le livre sous une presse entre des ais. Après quelques minutes, on doit vérifier un collage parfait.

  
19. Recoupe des gardes volantes
Il s'agit de couper les débords des gardes volantes sur le bloc-livre.
La méthode est la même que pour la recoupe des gardes blanches (paragraphe 6). On dispose un zinc sous la garde volante, puis une règle sous le bloc livre. On coupe au scalpel le long de la règle.

20.  Eléments du décor.
Il s'agit de décorer l'ouvrage avec des éléments prélevés sur l'ancienne couverture.
On reprend l'ancienne couverture. On y prélève les éléments de décor que l'on souhaite conserver (20.1, 20.2). Si les éléments sont glacés au dos, on devra les poncer pour favoriser le collage. Toujours au ponçage, on amincit également les bords des éléments. On colle enfin ces éléments sur le livre.

21. C'est terminé !!! (21.1 à 21.3.


Notes.
Les numéros des notes renvoient aux paragraphes de mêmes numéros, et aux phrases munies d'un *.

1.Il faut nécessairement un livre non cousu, à couverture souple. Il faut préférer un livre ni trop mince (au moins 15mm) ni trop épais (moins de 40mm), et dont le dos ne soit pas trop creux.
2. Rappels de vocabulaire. La couverture est formée de 2 "plats" (l'endroit et l'envers), qui sont joints par une bande étroite: le "dos".
3. Si le livre éclate en 2 ou 3 blocs, il suffira de les maintenir ensemble jusqu'à la phase 11.
Si les éléments de la couverture se séparent, ça n'a pas d'importance. Le dos, souvent abimé, peut être perdu.
5. Le papier vergé est recommandé, les trames en filigrane étant disposées dans le sens de la hauteur h. Pour connaître le sens d'un papier, on le pince entre deux ongles et l'on tire dessus; il plisse dans son sens d'allongement. Ce sens doit être celui de la largeur d.
6. La "tête" et la "queue" du livre sont les zones du haut et du bas du livre.
7. La "chasse" est, pour les livres reliés, la largeur du débord de la couverture par rapport au corps du livre. Sur les reliures finies, elle est rarement constante sauf...pour les reliures parfaites.
8. Les fils de reliure sont normalisés à des épaisseurs codées de 50 (très fins) à 8 (très gros); moyenne 20. La scie à grecquer est un outil de relieur. A défaut, une scie à métaux peut convenir.
Si le dos du livre est creux, la scie ne peut atteindre les feuillets du centre. On peut compléter le grecquage à la pointe de relieur, ou au scalpel.
11. Nous recommandons cette pratique non standard. La largeur e+2mm se justifie parce qu'elle permet d"enrober" légèrement le livre.
12. La "carte bulle" est un carton souple utilisé en reliure, d'épaisseurs 2/10 à 6/10.
On repère le sens de la carte par le fait que dans un sens (sens roulant), on peut faire rouler un pli en forme de U, alors que dans l'autre sens, le même pli ne roule pas mais se brise.
14. Les "remplis" sont les rebords de la toile qui seront repliés sur les cartons
15. En pratique, on recoupe souvent aussi la mousseline au ras du livre. Evidemment, dans ce cas, on sautera l'opération de collage de la mousseline en fin du paragraphe.
On conservera la mousseline  dans le cas d'un livre lourd, ou d'un livre devant être manié souvent ou sans soin (livre d'enfant).
Pour l'assemblage livre-couverture, on peut pratiquer le double encollage, en encollant également le dos. Il faudra prendre soin que cet encollage n'atteigne pas les parties réservées aux bouts du soufflet.
16. Les traits de crayon des figures (16.2) ou (16.3) ne seront visibles qu'en agrandissant la photo en cliquant dessus. On reviendra au blog par la croix en haut à droite de la photo

lundi 15 janvier 2018

Une presse à relier...maison

Quel relieur amateur n'a pas souhaiter posséder chez lui une de ces presses à flancs larges, autrefois distribuées par la société Rougié & Plé, malheureusement introuvables aujourd'hui.

Presse Rougié & Plé
Cette société a abandonné l'activité "reliure", et les fournisseurs spécialisés dans ce domaine n'offrent, à ma connaissance, que la presse à dorer à flancs étroits, à mon sens moins pratique pour la pratique de la reliure.
Dans la circonstance, chacun se débrouille à sa façon. Il y a le serrage entre deux planches à l'aide de deux serre-joints, ou à l'aide d'un établi-étau "workmate", ou par une paire de tiges filetées traversantes munies d'écrous... Toutes ces méthodes ont l'inconvénient principal de n'être pas immédiatement disponibles pour l'usage.
A des fins personnelles, j'ai réalisé une version assez pratique sur la base de deux serre-joints prisonniers, dont les photos ci-après, pouvant être agrandies par un simple clic, suffisent à montrer les caractéristiques.
 

Les flancs A et B  sont constitués, chacun, de 2 planches vissées ensemble, dont l'une a été chanfreinée en partie supérieure en inclinant la scie sauteuse à 30°. Deux serre-joints P1, P2 sont introduits dans deux trous ronds T1, T2 tangents aux bords inférieurs des flancs, puis emprisonnés par deux plaques P et Q vissées sur les chants inférieurs. Deux "sabots" R et S vissés sur l'arrière des flancs, permettent de poser la presse verticalement sur le sol.


Outre l'usage traditionnel de la presse, les photos ci-dessus montrent deux utilisations particulières. A gauche, on voit que la grande distance des barres des serre-joints et leur liberté de rotation permet le serrage à différents niveaux d'un grand livre, éventuellement dépassant par dessous (v. photo). A droite, on voit que la presse posée verticalement au sol sur ses sabots permet le travail d'un livre sur tête et queue.
Les côtes des pièces sont les suivantes, en mm:
Flancs A, B: 4 planches 580x170x18 dont 2 chanfreinées à 30° sur un côté
Semelles P, Q: 2 planches 580x45x18
Sabots R, S: 2 pièces bois 170x55x18
Trous T1, T2 de diamètre 25, tangents aux bords inférieurs des flancs, à 114 et 484 mm de leur extrémité libre.
Serre-joints: tiges de 250mm, bras de 90mm, largeur de la tige 22mm.