Tout le monde admettra que la pose des onglets est une tâche absolument fastidieuse.
Heureusement, il y a Super-Roger, haute figure de la Reliure du Mardi.
Je sais, mes innombrables lecteurs de tous les continents (je vais finir par y croire !) ne connaissent pas Super-Roger et la Reliure du mardi. J'en dirai un mot à la fin, après l'exposé technique.
Donc revenons à nos onglets. Il existe, c'est vrai, un produit du commerce appelé "filmoplast". Encore faut-il s'en procurer, c'est cher, et c'est rare. Par contre tout le monde connaît dans son coin une petite mercerie, ce petit magasin où l'on trouve tout; de quoi réparer les bretelles de Grand-père, le blue-jean du petit ou le rideau du salon. On demandera de la "vlieseline" (oui, ça s'écrit comme ça, j'ai vérifié, et ça se prononce...comme on peut ! De toute façon, la mercière comprendra). C'est ce produit qu'utilisent les femmes paresseuses (qui a dit "presque toutes" ?), pour réparer les petits accrocs et éviter de repriser. Ca se pose au fer à repasser... et le plus fort, c'est que ça tient, même les culottes du garnement, c'est dire ! Alors les feuilles de papier.... Bon ! ça se vend au mètre, 9 Euros le mètre à la Mercerie du Marché à Draveil; et avec 1 mètre vous avez de quoi restaurer la Bibliothèque Nationale !
La suite des opérations est illustrée par les photos.
La photo 1 montre le feuillet à réparer par un onglet, la photo 2 l'onglet coupé dans la "vlieseline" et la photo 3 un bête fer à repasser réformé.
Les photos suivantes montrent les opérations.
Photo 4: on pose l'onglet sur le pli du feuillet. Photo 5, on applique le fer à repasser, à basse température.
Enfin photo 6: l'onglet est collé, presque invisible.
Là franchement, si c'est raté, c'est que vous avez oublié de brancher le fer, ou que vous avez mis l'onglet en travers de la page. Mon conseil, dans ce cas, faire réviser vos lunettes.
Maintenant, un mot sur La Reliure du mardi et Super-Roger.
La Reliure du mardi, c'est un peu comme le Carnaval des Fous. Au moyen-âge, ce jour là on avait de droit de tout faire à l'Eglise ; et même les clercs ne s'en privaient pas ! Saucisonner sur l'autel, chanter des chansons paillardes, etc..
Le Mardi des Lieurs, c'est un peu pareil ! Notre professeure attitrée Marie-Odile n'officie que le Samedi. Alors le Mardi, vous pensez, tout est permis ! Coudre les livres à l'envers, hurler le chant du 17 ème (souvenirs de régiment), pousser la chanson paillarde ou picoler le rhum réunionnais de Pierrot... Sans doute, il s'en suit quelques points à reprendre le Samedi.... Mais enfin, on rigole !
Et Super-Roger, dans tout ça ? Et bien, Roger, c'est le jeune homme appliqué de la Photo 7. Jamais à court d'une histoire ou d'une idée farfelue... même quelquefois une bonne idée ! C'est dire ! Parce que la "vlieseline", c'est lui ! Génial, non ?
La photo 8 montre quelques habitués du Mardi: à gauche au fond Edmond le percepteur, au milieu Paul sur son 56ème lectionnaire, à sa droite Roger sortant une dernière blagounette, au fond Anne accrochée à son vieux dictionnaire. Manque Serge à la recherche du temps perdu (on pense qu'il l'a trouvé), Claude qui réussira bientôt à ressusciter Alphonde Daudet (gràce à son ADN), et Pierre à massacrer son pauvre Petit-Larousse (qui ne lui a rien fait). Et Camille ? Où il est Camille ? Ben ! derrière l'objectif, malin !
mercredi 12 juin 2013
dimanche 2 juin 2013
Le quart d'heure culturel: la reliure en peau humaine
Brrrrrr ! Ca existe, ça ? En tout cas, ça a existé !
Et pas si loin que ça, puisque l'observatoire Camille Flammarion à Juvisy en possède un !
Je prend mes informations sur le Net, comme d'habitude. Vous me direz (je m'adresse aux milliers de lecteurs qui me lisent, c'est sûr) que vous pouvez les trouver vous-mêmes, puisqu'à cet instant vous y êtes sur le Net. Mais voilà, c'est que je les ai résumées pour vous ! C'est pas cool, ça !
Donc l'"Anthropodermic bibliopegy" (rien que là, ça fait peur), remonte au moins au 17e siècle. C'était même apparemment une pratique courante, puisque (je cite) "il y avait des fabriques où l'on tannait la peau humaine, absolument comme le cuir de bœuf et de cheval, et l'on en faisait de beaux volumes qui se vendaient à un prix fou".
On utilisait surtout des cadavres de criminels. (Je cite encore) "La peau des hommes avait une consistance et un degré de bonté supérieurs à la peau des chamois ; celle des femmes présentait moins de solidité, a raison de la mollesse des tissus" (Allons, c'est quand même plus doux !). Il parait que la peau ainsi préparée ressemblait à du veau, mais certains disent "à du porc"; (moi je pense que ça dépendait de son premier propriétaire).
Les photos ci-dessus présentent quelques ouvrages de ce type, prélevées sur le Net.
Que reliait-on de la sorte ? N'importe quoi ! La Constitution de la République Française (avec la déclaration des droits de l'homme, bien sûr), dorée sur tranche, s'il vous plait; les mémoires d'un pendu (avec sa propre peau, c'est réel), le Coran (avec la peau d'un Chef de tribu arabe, vrai aussi), "la danse macabre" (c'est logique), la Bible (pour la table de chevet? Bonjour les cauchemars !), des ouvrages érotiques ou sado-maso (on prend la peau sur le vif ?) ... etc...
Mais venons en à notre livre de l'Observatoire Camille Flammarion de Juvisy.
L'histoire est relatée dans un journal :"Plaisir de Bibliophile, gazette trimestrielle des amateurs de livres modernes, (1926, tome II, Paris : Au Sans Pareil, 37, av. Kléber), et reproduite sur plusieurs sites du Net.
Et pas si loin que ça, puisque l'observatoire Camille Flammarion à Juvisy en possède un !
Je prend mes informations sur le Net, comme d'habitude. Vous me direz (je m'adresse aux milliers de lecteurs qui me lisent, c'est sûr) que vous pouvez les trouver vous-mêmes, puisqu'à cet instant vous y êtes sur le Net. Mais voilà, c'est que je les ai résumées pour vous ! C'est pas cool, ça !
Donc l'"Anthropodermic bibliopegy" (rien que là, ça fait peur), remonte au moins au 17e siècle. C'était même apparemment une pratique courante, puisque (je cite) "il y avait des fabriques où l'on tannait la peau humaine, absolument comme le cuir de bœuf et de cheval, et l'on en faisait de beaux volumes qui se vendaient à un prix fou".
On utilisait surtout des cadavres de criminels. (Je cite encore) "La peau des hommes avait une consistance et un degré de bonté supérieurs à la peau des chamois ; celle des femmes présentait moins de solidité, a raison de la mollesse des tissus" (Allons, c'est quand même plus doux !). Il parait que la peau ainsi préparée ressemblait à du veau, mais certains disent "à du porc"; (moi je pense que ça dépendait de son premier propriétaire).
Que reliait-on de la sorte ? N'importe quoi ! La Constitution de la République Française (avec la déclaration des droits de l'homme, bien sûr), dorée sur tranche, s'il vous plait; les mémoires d'un pendu (avec sa propre peau, c'est réel), le Coran (avec la peau d'un Chef de tribu arabe, vrai aussi), "la danse macabre" (c'est logique), la Bible (pour la table de chevet? Bonjour les cauchemars !), des ouvrages érotiques ou sado-maso (on prend la peau sur le vif ?) ... etc...
Mais venons en à notre livre de l'Observatoire Camille Flammarion de Juvisy.
L'histoire est relatée dans un journal :"Plaisir de Bibliophile, gazette trimestrielle des amateurs de livres modernes, (1926, tome II, Paris : Au Sans Pareil, 37, av. Kléber), et reproduite sur plusieurs sites du Net.
"Au cours d’une soirée, on le présente (il s'agit de Camille Flammarion) à
une délicieuse jeune femme de 28 ans, d’origine étrangère, mariée en
France au comte de Saint-Ange, fort instruite et d’une intelligence
très raffinée.
L’étude des sciences la passionnait.
Elle demanda au savant de lui révéler quelques-uns des mystères des
mondes imaginaires et des mondes réels. Cette conversation fut un
enchantement. Commencée à Paris, elle se continua dans la propriété que
la dame et son mari possédaient dans le Jura.
La comtesse, phtisique et sans illusion sur son état, parlait sans effroi de sa fin prochaine.
De ce séjour mélancolique et
singulièrement poétique, le souvenir fut resté délicieux si, à quelque
temps de là, M. Camille Flammarion n’avait reçu la lettre suivante :
« Cher Maître,
J’accomplis ici le vœu d’une morte qui
vous a étrangement aimé. Elle m’a fait jurer de vous faire parvenir, le
lendemain de sa mort, la peau des belles épaules que vous avez si fort
admirées « le soir des adieux », a-t-elle dit, et son désir est que vous
fassiez relier dans cette peau, le premier exemplaire du premier
ouvrage de vous qui sera publié après sa mort.
Je vous transmets, cher Maître, cette relique comme j’ai juré de le faire et je vous prie d’agréer…..
Docteur V….. »
« J’avais admiré, en effet, ces superbes épaules le soir des adieux, raconta l’auteur des Merveilles célestes dans une interview, et je les avais là, maintenant, sur le bureau de ma salle à manger, m’inspirant d’autres sentiments.
Que faire du cadeau ? Le renvoyer ?
J’en avais bien la tentation. D’autre part, après réflexion, pourquoi ne
pas remplir le vœu d’une femme dont le souvenir m’était agréable ?
J’envoyai la peau à un tanneur qui, pendant trois mois, l’a travaillée
avec le plus grand soin.
Elle m’est revenue blanche, d’un grain
superbe, inaltérable. J’en ai fait relier le livre qui était en cours
de publication : Ciel et Terre. Cela fait une reliure
magnifique. Il est maintenant dans ma bibliothèque de Juvisy. Les
tranches du livre sont de couleur rouge, parsemées d’étoiles d’or, pour
rappeler les nuits scintillantes de mon séjour dans le Jura. Sur la peau
des épaules de la comtesse, j’ai fait graver, en outre, en lettres
d’or : « Souvenir d’une morte. »
Bien qu'un peu morbide, cette histoire a quelque chose de touchant !
Malheureusement, je n'ai trouvé aucune photo de cet ouvrage sur le Net.
Malheureusement, je n'ai trouvé aucune photo de cet ouvrage sur le Net.
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