samedi 30 mai 2020

Une reliure sans ficelles, ni rubans, ni colle....avec cousoir.

 Cet article daté du 30 Mai 2020 a de fait été profondément remanié en Janvier 2021, de façon à pallier à de grosses insuffisances de la méthode exposée. La pertinence de ce remaniement est attestée par une réalisation plus convaincante en fin de l'article.

Dans mon article du 22 Septembre 2018, je présentais un schéma de reliure sans ficelles ni rubans. La technique proposée s'apparentait à la reliure copte. Dans un article plus récent du 25 Octobre 2019, j'en donnais une version de surcroit sans colle au dos. Dans les deux cas, je proposais ces solutions pour des livres à petit nombre de cahiers (livres d'enfants), en imposant une contrainte maximale de "réversibilité"des opérations.

On connait l'importance qu'il y a lieu d'attacher à la réversibilité des opérations. C'est un principe général; toute restauration, et même toute reliure, devrait respecter ce principe suivant lequel toute opération portant sur le document d'origine devrait en principe pouvoir être défaite si besoin est.
Pourquoi déferait-on ce qui a été fait ? Soit que l'on juge, soi-même ou un autre, que l'on aurait pu faire mieux, soit que les possibilités de la technique permettent demain ce qui n'est pas possible aujourd'hui...
La question de la réversibilité porte surtout sur l'utilisation de la colle. Le collage à la colle d'amidon peut être défait par simple apport d'eau, alors que la colle chimique ne le permet pas.
Respecter ce choix est déjà une bonne précaution; mais pourtant un peu illusoire, car lorsqu'on nourrit les dos de colle de pâte pour y accrocher une mousseline, il y a peu de chances, en cas de démontage que les cahiers en ressortent indemnes. C'est pour cette raison que j'ai recherché des solutions de restauration sans colle (ou presque).

 A partir des essais précédemment cités, j'ai voulu étendre ces solutions à un ouvrage plus important, et de surcroit un ouvrage (presque) rare, et cela sans sacrifier aux contraintes maximales de réversibilité. Malheureusement, les méthodes citées précédemment s'avéraient très malcommodes dès lors que l'ouvrage dépassait 5 ou 6 cahiers. J'ai donc repris l'ensemble du processus à la base afin d'en développer une version plus efficace.

Les clés de la réussite tiennent dans les principes suivants. Utilisation d'un cousoir pour une meilleure manipulation. Simplification du schéma de couture par abandon des noeuds de chaînette" intermédiaires propres à la reliure copte, mais en conservant les noeuds extrêmes pour une meilleure solidité. Accrochage des plats à la colle réversible (colle de pâte) sur de petites surfaces.

On suivra la méthode à travers les schémas ci-après, que l'on peut agrandir en cliquant dessus.

Les cahiers font l'objet d'un grecquage comportant, par exemple 5 fentes équidistantes.
Le cousoir est équipé en correspondance par autant de fils (simples fils de grade moyen). Ces fils ne servent en fait qu'au guidage de la construction, et pourront (ou non) être retirés à la fin, simplement en tirant dessus. 

 Le premier cahier est présenté sur le cousoir équipé de la mousseline, coupée de façon à laisser libres, en largeur, les 2 fils extrêmes et en longueur débordant suffisamment pour permettre l'accrochage ultérieur des plats sur au moins 3cm..

 Le mode de couture suit le schéma indiqué ci-contre. On pourra suivre le trajet du fil entre les cahiers 4,5,6, à partir du point A4, première fente du cahier 4. On voit que l'on alterne systématiquement entre deux cahiers, de sorte que chaque cahier est relié au précédent. Par ailleurs, on n'oubliera pas les noeuds de chaînette aux 2 extrémités.

 De façon à assurer le départ de la couture, on prévoira un double noeud entre le fil de départ en A1 et le retour du 2ème cahier en A2. De même entre les deux derniers cahiers.

 Si l'on s'en tient à ce schéma, on remarquera que tous les cahiers sont cousus sur 4 travées, sauf le premier et le dernier. Si l'on veut éviter cette anomalie, on peut, comme sur le schéma ci-contre, faire un retour sur le 1er cahier (ou le dernier) - suivre le chemin A-B...L, en doublant deux des 4 travées du 1er cahier. On n'oubliera pas au retour  le double noeud au point J, avec le bout de fil A. 


Afin que l'article soit complet, j'ai rappelé ci -après la suite de construction de l'ouvrage, suivant un principe maintes fois utilisé: la pose de la couverture sur "pattes d'assemblage". Le principe est résumé par le schéma ci-après, en suivant les numéros des opérations.

On a prévu en tête du livre une garde blanche prolongée par un retour du côté du mors. De même à la fin du livre. 

1. On rabat et on colle la mousseline sur ces retours. Les retours ainsi équipés forment les "pattes" d'assemblage.

2. Sur ces pattes on vient coller un papier de couleur adaptée, mais qui n'est pas collé sur la mousseline au dos. Ici, la nature de la colle n'a pas d'importance car on est alors sur des matériaux neufs.

3. Sur les "pattes" on colle à la colle réversible, les deux plats.

4. Sur le dos papier, on colle une carte faisant office de faux-dos

5. Sur ce faux-dos on vient coller (colle réversible) le dos du livre (si on a pu le sauver; sinon on le fabrique sur imprimante).

Les seuls collages portant sur les documents originaux, sont, depuis le début des opérations (couture comprise) des collages réversibles (plats et dos) portant sur de petites surfaces.

Si l'on craint le manque de solidité du dos, qui n'est tenu que par le papier de l'étape 2, on peut doubler ce papier intérieurement par un papier indéchirable de même forme.

 

 

Les photos ci-contre montrent une réalisation.

La photo 1 montre le livre ouvert, qui s'ouvre totalement "à plat". 

La photo 2 montre le montage du 1er plat sur la "patte" d'accrochage.

La photo 3 montre l'effet de "soufflet permis par le "faux-dos".

La photo 4 montre le livre ouvert côté couvrure. On voit que le maintien de l'ouvrage est correct.