vendredi 25 octobre 2019

Une restauration quasi-réversible

La méthode exposée dans cet article a été profondément "repensée" par la suite et a fait l'objet d'une version plus pratique et plus efficace, exposée à la date du 30 Mai 2020 (elle-même remaniée quelques mois plus tard). On se reportera avantageusement à cette date pour une méthode largement plus pratique.

On connait l'importance qu'il y a lieu d'attacher à la réversibilité des opérations. C'est un principe général; toute restauration, et même toute reliure, devrait respecter ce principe suivant lequel toute opération portant sur le document d'origine devrait en principe pouvoir être défaite si besoin est.
Pourquoi déferait-on ce qui a été fait ? Soit que l'on juge, soi-même ou un autre, que l'on aurait pu faire mieux, soit que les possibilités de la technique permettent demain ce qui n'est pas possible aujourd'hui...
La question de la réversibilité porte surtout sur l'utilisation de la colle. Le collage à la colle d'amidon peut être défait par simple apport d'eau, alors que la colle chimique ne le permet pas.
Respecter ce choix est déjà une bonne précaution; mais pourtant un peu illusoire, car lorsqu'on nourrit les dos de colle de pâte pour y accrocher une mousseline, il y a peu de chances, en cas de démontage que les cahiers en ressortent indemnes.

Le challenge que j'ai voulu relever avec ce livre d'enfants est celui-ci, que je résume par un cahier des charges.
     - Ne pas encoller les fonds de cahiers
     - Respecter au mieux la couverture d'origine
     - Sauver les pages de garde d'origine

La photo ci-contre montre l'état initial de l'ouvrage. Les cinq cahiers sont désolidarisés. Le dos est absent mais il reste un "moignon" de toile rouge sur le premier plat , qui passe sous la couverture papier. les gardes volantes sont désolidarisées, mais les gardes collées sont propres.


 Pour ne pas apporter de colle au fond des cahiers, on choisit de coudre les cahiers sur la mousseline, suivant la technique de couture sans ficelles ni rubans.




1. Couture.

De manière pratique, j'ai collé la mousseline sur un papier .
 Kraft en ménageant des "fenêtres" au niveau des grecquages. Les photos ci-contre (agrandir en cliquant) montrent les coupes de Kraft et de mousseline, puis les deux assemblées, puis la position de couture du 1er cahier.
 La pratique de couture sans ficelles à travers les fenêtres est certes un peu contraignante, mais l'assemblage final est robuste.

Fig. 1



Le schéma ci-contre à gauche montre ce même assemblage.

 2. Création du soufflet

Il y a alors de part et d'autre du dos deux bandes de Kraft doublé mousseline en excédent. On rabat une largeur de cet excédent égale à la largeur du dos, sur le dos, sans le coller, puis une largeur identique de l'excédent symétrique en le collant sur le premier. On a ainsi créé un soufflet.

3. Montage de la toile au dos

Fig. 2
On colle ensuite sur le soufflet ainsi formé 'un papier de la couleur des "gardes" dépassant sur les côtés (fig. 2). Ce papier servira pour l'accrochage de la couverture.

Fig. 3
La figure 3 montre le montage de la couverture. Au premier plat, une toile est passée sous le "moignon" de toile ancienne; mais elle porte un papier d'accrochage identique à celui de la fig. 2. On colle ensuite la toile sur une cartonette formant le faux-dos.

Le même dispositif est utilisé au 2ème plat, sauf que, dans le cas présent, on ne disposait pas d'un "moignon" de la toile ancienne. On se contente alors d'un montage bord à bord.


4. Accrochage de l'ouvrage dans sa couverture,  et assemblage des gardes volantes

 Le dos du livre est alors collé sur à l'intérieur du faux-dos. On rappelle qu'un soufflet existe déjà (par. 2). Pour assurer l'accrochage des plats, il suffit de coller les 2 paires de "papiers d'accrochage" des plats à ceux de l'ouvrage (fig. 3).
 


Les gardes volantes sont alors simplement collées à la colle
 d'amidon sur ces "pattes" de liaison" réalisant en même temps la continuité des pages de garde.


 Ci-contre, à gauche et à droite, l'ouvrage fini, extérieur et intérieur