Ainsi la photo 1 montre la couverture d'un livre broché que l'on souhaite replacer comme telle sur le livre.
Cette couverture n'a subi aucune autre préparation qu'un gommage soigné. Sur ce point, il y a lieu d'insister tant que la poussière de gomme ne ressort pas claire.
La technique de doublage décrite ci-après m'est transmise par Marie-Odile Royer, restaurateur aux Archives Nationales, que l'on verra opérer sur plusieurs étapes ci-après.
L'opération nécessite l'usage d'une boîte à lumière, faite simplement d'un caisson enfermant une lampe tamisée, et sur lequel on a disposé une plaque de plexiglass (photos 2 et 3).
On aura besoin également:
- d'un papier de doublage dit "Bolloré", débordant légèrement de la surface du document (photo 4). Ce papier doit pouvoir être remplacé par du papier "Japon" fin, mais dont le maniement devrait être plus délicat (je n'ai pas essayé).
- d'une surface d'"intissé", un peu supérieure à la surface du document. Le produit utilisé par les professionnels est difficile à trouver en petite quantité; on peut éventuellement s'en passer en travaillant directement sur le plexiglass, si le document n'a qu'une face utile. La conséquence est alors un effet de "glaçage" au dos du document.
- de colle de pâte
Le document est mis au trempage dans l'eau (photo 6).
plexiglass (photo 5) puis étalé soigneusement à l'éponge de façon à adhérer au plexiglass sans pli (photo 8).
Le "Bolloré" est alors soigneusement étalé sur l'intissé, en prenant soin de résorber les plis.
On enduit soigneusement le "Bolloré" de colle de pâte sur sa face apparente (photo 9, Marie-Odile Royer effectuant cette opération).
Le document est sorti de l'eau, étalé sur le "Bolloré" précédemment encollé puis appliqué fortement sur toute sa surface à l'aide d'un plioir par l'intermédiaire d'un buvard (photo 10).
L'étape de doublage est terminée. On peut maintenant passer à l'étape de comblage des manques.
On voit que le document (photos 1 et 11) présente en tête et en queue des manques importants. On se propose de les combler à l'aide de papier "Japon fort".
On dispose le papier Japon sur la partie manquante, le sens des fibres étant celui qui permettra le meilleur"accrochage" sur les bords du document. Ainsi dans le cas présent, les fibres sont orientées parallèlement au dos. Puis on dessine sur le "Japon" au "stylo à eau" une pièce correspondant à la partie manquante que l'on aperçoit grâce à la lumière (photo 12). A défait de "stylo à eau", on peut utiliser un pinceau fin. La pièce ainsi "dessinée" est arrachée de sa feuille de Japon de façon à présenter un contour hérissé de fibres apparentes (photo 13).
Puis la pièce garnie de colle est enfin disposée sur la partie manquante (photo 14) et soigneusement appliquée au plioir par l'intermédiaire d'un buvard (photo 15).
L'ensemble est mis à sécher verticalement de façon à se décoller de lui-même (photo 16et 17). Les débords
du "Bolloré" sont recoupés au scalpel (photos 18 et 19).
La photo 20 résume le travail de finition au niveau des zones apparentes du "Bolloré". Les "franges" du "Bolloré" sont rasées à l'aide du scalpel (lame No 15). Enfin dans les zones apparentes du Bolloré (ici tête et queue du dos) la couleur est retouchée "au mieux" à l'aide de pastels secs, crayons de couleur, estompe, etc...