Il est dit que je serais beaucoup initié ces temps-ci.
Je voudrais relater ici ma première prise de contact avec la pratique du papier marbré, prise de contact que j'ai effectuée à Savigny-sur-Orge dans l'atelier de Mme Forget, ancienne restauratrice de livres à la bibliothèque Mazarine à Paris. On trouvera à la fin de cet article les coordonnées de cette personne.
Les deux photographies ci-dessous montrent les résultats que j'ai obtenus à l'issue de cette courte formation (1/2 journée).
Ce n'est qu'une initiation, et il est clair qu'en une matinée on ne peut appréhender que les principes du procédé. Par contre les réalisations personnelles de l'enseignante qu'elle a bien voulu nous montrer témoignent qu'avec la pratique on peut faire de très belles choses en la matière.On en revient à la sempiternelle maxime: "c'est en forgeant qu'on devient forgeron", que je corrigerai en "ce n'est qu'en forgeant (longtemps) que l'on devient forgeron".
La cuve
L'instrument de base est une cuve rectangulaire de dimensions légèrement supérieure à celle de la feuille de papier à marbrer. Sur la base de feuilles 50x65 cm, il faudra donc une cuve d'au moins 55x70, d'environ 5 cm de profondeur au minimum.
On peut réaliser simplement ce bac avec des planches de bois; on assurera alors l'étanchéité en tapissant l'intérieur d'une feuille de plastique souple agrafée sur les côtés.
Une journée avant le travail, on aura préparé une quantité d'eau suffisante pour remplir la cuve (env. 4 litres dans le cas présent), additionnée d'un produit épaississant soigneusement mélangé à l'eau. Pour ce dernier, on prendra par exemple "Bain marbling bath" de chez Pébéo (disponible chez Créa), à raison de 3 cuillères à café par litre d'eau. Après avoir homogénéisé le mélange de façon à n'avoir pas de grumeaux, on laissera épaissir le bain une nuit.
Les colorants
Il est possible de choisir différents colorants, qui correspondent à des techniques différentes. Dans le cas présent, nous avons travaillé directement avec des peintures à l'huile, que l'on "allège" en les mélangeant avec du white-spirit. D'autres praticiens utilisent des encres typographiques, ou d'autres types de peinture traitées à la gomme arabique.
Chaque couleur est ainsi préparée dans un petit pot individuel, type pot de yaourt.
Par exemple, prenant deux pâtons de peinture de la longueur d'un ongle, on les mélange à une cuillère à café de white-spirit (personnellement, je dirais plutôt 1/2 à 3/4 de cuillère), à l'aide d'une petite spatule (par ex. u bâton d'esquimeau). Le mélange doit avoir conservé une certaine épaisseur. S'il est trop liquide, on rajoutera de la peinture.
Le papier
Nous avons travaillé avec des feuilles de papier vergé 50x65 cm. C'est le côté lisse du papier qui sera appliqué sur le bain.
Mise en place de la couleur sur le bain
Avec un petit pinceau, on prélève une couleur puis on frappe sèchement le pinceau contre une baguette de bois, de façon à disperser des gouttes de couleur sur le bain. Si les gouttes s'étalent sur l'eau (et finissent quasiment par disparaître), c'est que la couleur est trop diluée (rajouter de la peinture). Si les gouttes restent sous forme de "pâtés" épais, c'est que la couleur est trop épaisse (rajouter du white-spirit).
On dispose ainsi des couleurs à volonté, sous la forme d'un grand nombre de gouttes.
La création de motifs
On crée ensuite des motifs contrôlés à l'aide d'instruments variés, que l'on peut fabriquer soi-même. Avec une simple baguette, on "éclate" les gouttes et on les déplace sur le bain. Avec une espèce de "peigne" (un simple tasseau garni de clous), on peut réaliser des effets de crénelage, etc... En la matière, on n'est limité que par son goût artistique.
Les photos en-tête de l'article résultent d'un premier essai sans création de motif, puis d'un essai avec création de "tourbillons" à l'aide d'une baguette.
Le transfert sur le papier
Le dessin ainsi obtenu sur la surface de l'eau peut maintenant être transféré sur le papier de la manière suivante. On présente le papier à partir d'une extrémité de la cuve puis on le déroule sur la surface sans temps-morts, et en veillant à ne pas laisser de poches d'air. Ensuite on retire la feuille de papier en la glissant le long d'un bord de la cuve.
Le séchage de l’œuvre
La feuille est ensuite positionnée sur une planche verticale mouillée, à laquelle elle adhère par capillarité. On la lave rapidement à grande eau avec une éponge. Puis on la dispose sur un support horozontal fait par exemple de barres de bois posées sur des tréteaux, dans un environnement favorisant le séchage (en extérieur s'il fait beau, ou sous un abri aéré).
Indications sur la formation
La formation se compose de séances d'une demi-journée, suivies chaque fois par un groupe de 3 à 4 personnes.
L'enseignante est très pédagogue, et se consacre entièrement à ses élèves durant le travail. En outre elle a pris soin de préparer la veille le mélange de l'eau et l'épaississant, de sorte que l'atelier est immédiatement disponible pour le travail des stagiaires. Tout le matériel et les produits utilisés, peintures comprises, sont fournies par l'atelier.
La formation se déroule à Savigny-sur-Orge, dans un pavillon tranquille. L'ambiance est sympathique et l'on repart avec son œuvre. Je ne peux que recommander ce stage, peu coûteux, et très accessible.
Pour participer, contacter michele.forget@free.fr
Merci pour votre article et notamment pour les détails techniques que vous délivrez.
RépondreSupprimer