Les deux réalisations présentées dans cet article illustrent une méthode de mosaïque de cuir qui n'a pas encore été explicitée dans ce blog. Cette fois, l'effet "mosaïque" se présente comme si certaines pièces de couleur étaient "serties" dans le cuir de couvrure. Très honnêtement, j'en attribuerai l'idée de base à mon amie Aurélie, qui la première l'a improvisée sous mes yeux pour le titre d'un livre. Pour cette raison, je l'ai appelée "méthode aurélienne". Pour faire plus scientifique, on pourrait la nommer "méthode par sertissage arrière".
Les deux ouvrages présentés ci-dessous ont été en fait réalisés l'ordre inverse de leur présentation ici, de façon à mettre en exergue la plus récente donc la plus élaborée. Par contre les principes et les détails des opérations ne sont explicités que dans le 2ème article ci-dessous.
Sertissage arrière: 2ème réalisation
La technique mise au point dans un premier ouvrage (voir 2ème article ci-dessous) est utilisée pour l'ouvrage: "Récréations botaniques", d'Henri Coupin, dont le sous-titre "Ce qu'on voit dans les fleurs", résume à lui seul le contenu.
Outre une meilleure maîtrise du procédé par rapport à la première réalisation , une difficulté est ajoutée au niveau des sujets figurant le décor. Certains sujets sont traités par la méthode de la "dorure à la feuille" (ici il s'agit en fait de cuivre) méthode qu'il faut maîtriser suffisamment pour obtenir un résultat valable. Honnêtement, le challenge n'est encore qu'imparfaitement réussi.
Pour le reste, le principe est resté le même: le cuir de couvrure, évidé au niveau des motifs, est doublé à l'arrière d'un cuir fin qui porte la couleur; laquelle est dans le cas présent une couche d'or (vrai ou faux). La cuir arrière est poussé à l'émalène à travers les vides du cuir avant.
La méthode a été appliquée pour les fleurs et les feuilles de vigne au premier plat, et également pour le "collier de perles" au 2ème plat.
Les titres au premier plat sont réalisés par incrustation de pièces de titre dans des logements initialement prévus.
Le dos porte également le titre complet sous la forme d'une pièce de titre longue prise entre deux nerfs en forme de fleur.
Les garde-couleurs sont d'un papier à la cuve commercial à motifs de fleurs. Les titres sont réalisés à l'oeser par le relieur.
Sertissage arrière: 1ère réalisation
Les photos ci-dessous, pour cet ouvrage "Promenades botaniques", présentent mon premier essai à peu près convaincant pour cette technique. La méthode, mise au point au fur et à mesure de l'avancement, , est exposée en détails.
Toutes les peaux utilisées sont parées à la même épaisseur, ici 3/10.
Dessin X (projet) |
Le dessin X ci-contre est exécuté sur papier, puis collé à la colle forte sur une cartonnette de 3/10 dont les dimensions sont très exactement celles du premier plat du livre. Les zones orange et bleu représentent les "patchs" qui fourniront les couleurs des pétales.
Les éléments du dessin, ici les pétales des fleurs, les feuilles et les tiges (plus la pastille ronde pour la pièce de titre), sont alors découpées avec soin.
Des pièces ainsi découpées, on ne conservera, outre la plaque de fond, celles qui doivent rester de la couleur du fond, ici marron (ex. la collerette au centre de la fleur de gauche). Dans un tel cas, on collera la plaque sur un papier simili japon, et l'on viendra remettre à leur place ces petites pièces isolées.
1. Préformage du cuir de couvrure
On empile dans l'ordre: un ais - une feuille de polypropylène fine (type papier pour recouvrir les livres) - la cartonnette du projet, dessin visible au dessus, que l'on garnit de colle mélangée - le cuir de couvrure (ici marron), fleur au dessus, préalablement humecté à l'éponge, soigneusement positionné par rapport au dessin, sachant qu'il constituera le premier plat de la couvrure - une autre feuille de polypropylène - une plaque d'émalène de la taille du projet - enfin un autre ais. On place le tout sous une presse et l'on serre fortement. On a intérêt à ce que la zone de pressage borde assez exactement le carton du côté intérieur. Après quelques heures, on peut retirer le tout, que l'on laisse sécher sous une plaque plane. Le profil des fleurs est alors fortement marqué dans le cuir.
Après séchage, on découpe au scalpel neuf le cuir à l'intérieur des alvéoles, en suivant si possible le fond de celles-ci. En général, les chants des alvéoles sont alors couverts du cuir (ici marron). Si certains chants se sont décollés, on les rabat et on les recolle (colle forte). Pour les chants qui auraient été coupés, on les peint de la teinte générale (ici marron) (le résultat est représenté par la photo A)
Si à nouveau des pièces intérieures sont libérées (collerette marron de la fleur de gauche), on les traite de la même manière et on les conserve.
2. Couleurs arrières
Pour avoir la couleur des fleurs, on réalise un patchwork de trois couleurs. On découpe un rectangle de peau verte, de dimension égale à la cartonnette du projet, qui donnera la couleur des tiges et des feuilles. Par quelques piquages on y repère une zone qui portera la couleur orange, et une zone qui apportera la couleur bleue. En superposant la peau verte, l'orange à gauche, la bleue à droite (Photo B), on découpe les zones définies par le dessin X initial (photo C). La précision de découpe n'est nécessaire que là ou deux couleurs se rencontrent (ici vert-orange et vert-bleu). Sur un papier simili-japon, on peut alors assembler exactement le patchwork des trois couleurs, l'orange et le bleu dans le rectangle vert, toutes les couleurs étant de niveau (photo D).
3. Pressage arrière
On empile à nouveau ais - émalène - polypropylène - patchwork des couleurs, couleurs au dessus, garni de colle mélangée - cartonnette du projet avec son cuir marron au dessus - polypropylène - ais. On met sous presse, on serre et l'on laisse quelques heures.
Pour les pièces libres éventuelles (collerette de la fleur de gauche), on n'aura pas oublié de les placer à leur emplacement dans les alvéoles de la cartonnette.
Après séchage, du côté face, les couleurs apparaissent "serties" dans la couleur de fond. Au dos, des vides se sont formés dans les zones repoussées (voir la fleur à droite de la photo E).
4. Comblage des vides
On peut combler ces vides à l'arrière à l'aide de divers matériaux. Pour ma part, j'ai choisi de découper des formes dans de la doublure de peau. Une grande précision n'est pas nécessaire. (La doublure de peau se coupe très bien au ciseau, très mal au scalpel). Les zones blanches des photos E et F représentent ces doublures de comblage.
On peut songer aussi bien à du silicone, de la sciure fine agglomérée par de la colle, etc...
L'ensemble peut alors être collé sur le premier plat du livre (colle forte), plutôt par pressage manuel. Le positionnement doit être très précis pour ne pas avoir d'effet d'"escaliers" aux bords.
5. Contre-pressage (facultatif)
Si l'on a rempli les vides (v. section 4) par de la doublure de peau, il se peut qu'elle soit légèrement plus épaisse que les vides à remplir. Un contre pressage sous émalène: ais-polyprop-projet-polyprop-émalène-ais a alors l'avantage d'accentuer le relief de sertissage, mais par contre l'inconvénient de révéler légèrement (suivant lumière) les contours du patchwork. Ce fut le cas pour le projet concerné. Il y a lieu de réfléchir à une solution pour ce désagrément.
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