La création de mosaïque de cuir implique généralement un travail
extrêmement minutieux dans la mesure où les différentes pièces doivent s'ajuster exactement les unes aux autres, ou s'ajuster précisément dans
des places prévues à cet effet.
Il existe une méthode
qui ne présente pas cet inconvénient, et que l'on connait sous le nom de
"méthode Creuzevault", du nom d'une dynastie de relieurs du début du
XXème siècle, Louis le père et Henri le fils.
Le principe en est simple. Des motifs de peau sont disposés et collés
sur un cuir qui sera le matériau de couvrure général (fig. 1). La "tartine" est
mise sous la presse, avec une plaque d'émalène intermédiaire disposée côté chair.
Ce
qui en ressort est, côté fleur, l'image exacte de ce que l'on verra in
fine, cependant les pièces rapportées se sont enfoncées dans la peau de
couvrure, et réapparaissent côté chair sous forme de reliefs
équivalents (fig. 2) .
On demande alors au pareur de refendre cet ensemble à une épaisseur
choisie. La peau qui en ressort peut alors être utilisée comme un cuir
de couvrure ordinaire
La seule difficulté au niveau de la conception de l'ensemble consiste dans le respect des épaisseurs.
La figure ci-dessus permet de comprendre cette condition.
On
suppose que le couteau du pareur doit laisser au dessus et au dessous de la coupe
une épaisseur minimum c de cuir, par ex. c=3/10mm. Il est clair que la
hauteur de coupe hp demandée au pareur doit être supérieure à hmin=e+c
où e est l'épaisseur des éléments de décor, et inférieure à hmax=h-c, où
h est l'épaisseur de la peau avant refendage. En regroupant
e+c<hp<h-c, on déduit d'abord e+c<h-c, soit e<h-2c.
Par
exemple, pour un cuir d'épaisseur (avant refendage) h=10/10, avec
c=3/10, on voit que l'épaisseur de l'élément de décor e doit être
inférieure à 4/10. Si l'on choisit e=3/10, la hauteur de coupe demandée
au pareur sera donc comprise entre 6/10 et 7/10.
Ce
calcul montre à l'évidence qu'on ne pourra guère superposer plus d'une
épaisseur de décor, car en place de e il faudrait considérer
e1+e2<h-2c, condition difficile à réaliser avec des épaisseurs
usuelles.
Les photos jointes montrent un exemple réalisé avec l'ouvrage de Patrick de
Carolis "La dame du Palatin", histoire de l'ascension sociale d'une
femme, dans l'univers violent des empereurs romains.
La méthode est intéressante pour sa facilité de mise en oeuvre.
Cependant elle n'est efficace que pour des décors faits de pièces
indépendantes, posées sur un fond unique, comme ci-dessus. Elle le
serait moins pour un décor fait de pièces jointives, qu'il faudrait
alors découper et assembler avec précision, comme usuellement.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire