samedi 11 avril 2020

Une mosaïque de cuir par la méthode Creuzevault

 La création de mosaïque de cuir implique généralement un travail extrêmement minutieux dans la mesure où les différentes pièces doivent s'ajuster exactement les unes aux autres, ou s'ajuster précisément dans des places prévues à cet effet.

Il existe une méthode qui ne présente pas cet inconvénient, et que l'on connait sous le nom de "méthode Creuzevault", du nom d'une dynastie de relieurs du début du XXème siècle, Louis le père et Henri le fils.

  Le principe en est simple. Des motifs de peau sont disposés et collés sur un cuir qui sera le matériau de couvrure général (fig. 1). La "tartine" est mise sous la presse, avec une plaque d'émalène intermédiaire disposée côté chair.


 
Ce qui en ressort est, côté fleur, l'image exacte de ce que l'on verra in fine, cependant les pièces rapportées se sont enfoncées dans la peau de couvrure, et réapparaissent côté chair sous forme de reliefs équivalents (fig. 2) .

On demande alors au pareur de refendre cet ensemble à une épaisseur choisie. La peau qui en ressort peut alors être utilisée comme un cuir de couvrure ordinaire

 

La seule difficulté au niveau de la conception de l'ensemble consiste dans le respect des épaisseurs.
La figure ci-dessus permet de comprendre cette condition.

On suppose que le couteau du pareur doit laisser au dessus et au dessous de la coupe une épaisseur minimum c de cuir, par ex. c=3/10mm. Il est clair que la hauteur de coupe hp demandée au pareur doit être supérieure à hmin=e+c où e est l'épaisseur des éléments de décor, et inférieure à hmax=h-c, où h est l'épaisseur de la peau avant refendage. En regroupant e+c<hp<h-c, on déduit d'abord e+c<h-c, soit e<h-2c.
Par exemple, pour un cuir d'épaisseur (avant refendage) h=10/10, avec c=3/10, on voit que l'épaisseur de l'élément de décor e doit être inférieure à 4/10. Si l'on choisit e=3/10,  la hauteur de coupe demandée au pareur sera donc comprise entre 6/10 et 7/10.

Ce calcul montre à l'évidence qu'on ne pourra guère superposer plus d'une épaisseur de décor, car en place de e il faudrait considérer e1+e2<h-2c, condition difficile à réaliser avec des épaisseurs usuelles.

Les photos jointes montrent un exemple réalisé avec l'ouvrage de Patrick de Carolis "La dame du Palatin", histoire de l'ascension sociale d'une femme, dans l'univers violent des empereurs romains.

La méthode est intéressante pour sa facilité de mise en oeuvre. Cependant elle n'est efficace que pour des décors faits de pièces indépendantes, posées sur un fond unique, comme ci-dessus. Elle le serait moins pour  un décor fait de pièces jointives, qu'il faudrait alors découper et assembler avec précision, comme usuellement.



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