dimanche 9 février 2020

Un étui pour des journaux...ou pour un livre


Lorsqu'on dispose d'une collection de journaux, il est fréquent de les relier par années. Outre que c'est un travail important, les journaux perdent alors une part de leur authenticité; on peut le regretter. A part de les remballer dans une caisse d'où personne n'ira jamais les déterrer, il reste une solution: les insérer dans des étuis qui pourront être mis en bibliothèque comme des livres.

Sur un autre plan, pour qui s'exerce à la reliure de création, il reste toujours au final le problème de protéger ses œuvres. Certains confectionnent des boîtes pour les loger. L'inconvénient de cette solution est que l'objet n'est alors plus visible. Si l'ouvrage est magnifique, c'est dommage ! D'autres confectionnent des étuis, c'est à dire des boites dont un côté latéral est ouvert. C'est à mon sens la meilleure solution. Ces boites sont en général parallélépipédiques, ce qui rend un peu difficile l'extraction de l'ouvrage.

La solution proposée ci-après est une solution simple, devant répondre au "cahier des charges" suivant:
     - permettre d'apercevoir, au moins partiellement l'objet, et de le saisir facilement
     - être habillé intérieurement d'un revêtement doux, et extérieurement d'un revêtement lisse
     - être facile à réaliser

En l’occurrence, l'étui est basiquement une simple boite dont un des côtés est ouvert, tronquée en trapèze, de sorte que les journaux (ou le livre) débordent partiellement de l'ouverture (photo ci-contre).

1. Coupe des cartons et habillage intérieur

Les figures ci-après donnent tous les éléments de calcul des dimensions et les pièces de carton à couper (agrandir en cliquant dessus)

Une synthèse des dimensions est donnée dans le tableau suivant, avec un exemple personnel pour un livre de dimensions 21,5x16,3x2,5, cartons d'épaisseur 3mm.

On garnit sur un bord toutes les pièces de carton, sauf le dos, d'un adhésif léger, type "papier cache de peintre" que l'on affaiblit en le posant une ou deux fois sur un support quelconque. Repérer au dos des pièces la position de cet adhésif. Cet adhésif devra être soulevé au final pour passer au dessous le matériau de couvrure.

Habiller les cartons du côté de l'adhésif, en les recouvrant, y compris l'adhésif, d'un papier velours (papier velours Relma par ex.). On coupera les pièces de ce papier un peu plus grandes que les pièces de carton, et on les ajustera après collage au scalpel ou à la poncette.

2.  Montage de l'ensemble

Les dessins ci-après donnent les étapes de montage. On assemble d'abord un flanc et le dos (1), en maintenant le dos entre deux blocs (des fers à repasser anciens sont l'idéal pour cela). Le dos est posé sur le flanc et non contre lui. On encolle le chant du dos, on le pose, mais le tissu velours absorbe la colle. On re-enlève alors le dos et on l'encolle à nouveau, puis on le pose définitivement. On fait de même pour les deux petits côtés (2), toujours par collage en deux temps, en veillant à ce que l'adhésif affaibli (marqué au dos) soit vers l'extérieur de l'étui. On charge les chants supérieurs de colle et on place le deuxième flanc, une seule fois (3). On peut régler délicatement l'assemblage, en étant conscients que toute maladresse peut entrainer l'effondrement en "château de cartes".
Après séchage, l'ensemble peut être manipulé mais reste fragile. On peut poncer délicatement certaines arêtes. On couvre tête et dos(4)  (et le pied si l'on veut), d'une cartonette qui absorbera quelques défauts d'assemblage. Enfin on couvre les arêtes d'une bande de papier Kraft à cheval.
Après séchage, l'ensemble est extrêmement solide.

3. Habillage extérieur

 Pour couvrir le tout, j'utilise un skivertex du commerce. Le plan de l'habillage est défini ci-dessous, et sa géométrie doit être respectée de manière précise (dimensions, perpendiculaires).
De nouvelles données: c, d, eta sont apparues: c est la largeur des replis de skivertex qui retournent vers l'intérieur, d est la largeur d'un petit rabat destiné à couvrir 2 arêtes, eta est une marge qui permettra de recouper exactement suivant le besoin. Personnellement, je prends généralement c=d=1,5cm, eta=1cm

Compte tenu des dimensions , on devra disposer d'un rectangle d'au moins (2A+E+2c) par (H+2E+2eta). On dessine le plan au dos de la feuille, on la coupe précisément, puis on forme les plis sauf aux lignes tirets et pointillés. Pour le skivertex, on peut marquer le pli au doigt mais jamais au plioir sous peine de casser le matériau.

Le placement de la boite doit être fait avec rapidité. On encolle la partie dos et un flanc (je conseille d'encoller boite et papier, ce qui donne un peu plus de temps). On place le dos puis un flanc à leur place puis on tente aussitôt de refermer l'ensemble dans ses plis, flancs et rabats. On dispose de très peu de temps pour rectifier l'ensemble du placement si nécessaire.
Après cela, on encolle l'autre plat, puis les rabats (3). On rectifie si nécessaire les petits rabats (7) de façon à n'avoir ni chevauchement ni débordement puis on les colle. On recoupe de même les rabats (4) pour n'avoir pas de débordement, et même 1mm de retrait, puis on les colle, en insistant car le collage du skivertex sur lui-même est difficile.

Pour les replis vers l'intérieur, commencer par les replis (6). On les recoupe sur les côtés de façon à ce qu'ils se placent normalement à l'intérieur, sans détacher complètement les petites coupes latérales, qui serviront à couvrir les angles, . On soulève le papier velours sous le Kraft affaibli, on colle le repli (6) puis on rabat le papier velours.
Pour les grands replis (5), on prendra soin d'inciser le papier velours sur 2cm au niveau des angles, incisions marquées par des (a) sur le schéma 3 du paragraphe 2. Ceci permet de soulever le papier velours sous le Kraft affaibli. Comme précédemment en recoupe les extrémités du repli skivertex sans détacher les petites coupes, on colle les replis puis on rabat le papier velours.
Enfin, avec les petites coupes laissées pendantes, on couvre au mieux les coins.

Les photos ci-dessous montrent l'étui vide, l'utilisation pour des journaux et pour un livre


2 commentaires:

  1. Merci beaucoup pour votre blog que je découvre à l'occasion d'une recherche pour trouver une solution pour effacer les rousseurs de livres du XIXème siècle.
    Je vais m'atteler à la création d'une boîte selon vos plans, maintenant que j'ai appris l'existence du skivertex que, à ma grande honte, je ne connaissais pas...
    Peut-on s'abonner à vos publications? Quelle est la marche à suivre?
    Merci pour tout
    Jean-Michel, Gembloux, Belgique

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    1. Bonjour Jean-Michel,
      excusez-moi d'une réponse tardive, mais les commentaires aux articles sont si rares que je ne pense plus à les repérer.
      Mes publications... je n'en ai pas d'autre que ce blog ! J'anime aussi le blog de mon association de reliure amateur, mais c'est plutôt la vie de l'atelier; elle ne vous apportera pas grand chose. J'ai pu faire passer un article dans "Arts et Métiers du Livre" de Mai-Juin, 2020; en fait une reprise de mon article sur "des livres brochés aux dos arrondis" de Février 2018.
      C'est tout. Je ne suis qu'un amateur, mais j'essaie beaucoup de choses. Bon courage pour effacer (plutôt atténuer)les rousseurs; sans doute le travail le plus difficile de la reliure, au point que... même les bibliothèques y renoncent. Des essais, des essais, encore des essais...vos expériences m'intéressent !

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