Les livres toilés, généralement couverts en percaline, ont souvent souffert du frottement, particulièrement au niveau des coins. Le carton apparaît alors à nu.
Si le manque de toile est petit, disons au dessous de 6mm de longueur, on se contentera généralement de le noyer de colle de pâte, puis après séchage, de peindre le bloc devenu dur dans la couleur du tissu. Afin que le bloc n'éclate pas à nouveau, il est important de bien faire pénétrer la colle entre les feuillets du carton qui se sont ouverts.
Si le manque de toile est plus important, alors il faut rajouter une pièce de tissu, si possible de la même couleur que la percaline, sinon d'une couleur plus claire que l'on pourra ajuster à la peinture.
Les photos ci-après indiquent la manière de s'y prendre.
La photo 1 montre l'état initial du coin à traiter. Le manque de toile est défini par la ligne PCQ. Au delà de P et Q, on a incisé le tissu dans la partie basse du carton sur 5mm de chaque côté (coupes PA et QB).
Il faut ensuite inciser la toile sur l'épaisseur du carton au niveau des points A et B. Ici, le cartonnage comportant un chanfrein, on incisera les lignes AA1 et BB1.
La photo 2 montre le revers du carton. On a dégagé les remplis jusqu'aux repères A et B. Ces remplis apparaissent relevés sur la photo, repliés le long des lignes AA2 et BB2. Les longueurs de ces lignes sont appelées a et b.
Photo 3: on découpe une pièce de toile de renfort dont les côtés sont, en se référant à la photo2, (BC+a+5mm) et (AC+b+5mm).
En reportant cette pièce sur la face apparente du carton (photo 1), tracer sur le renfort une ligne de façon à couvrir suffisamment le manque de toile mais sans excès. Ainsi sur la photo 1, cette ligne est définie par A1C1B1, et reportée de même sur la toile en figure 3. Notons que dans le cas présent, il aurait été maladroit de l’arrêter à la ligne droite A1B1, qui produirait un effet disgracieux sur le plat, au final.
Sur la photo 4, on a coupé la partie de la toile de renfort au delà de cette ligne.
Sur la photo 5, on a relevé l'ancienne percaline jusqu'à la ligne A1C1B1, légèrement au delà. On a nettoyé les résidus de carton au dos de la percaline et sur le carton nu.
Sur la photo 6, on a rabattu l'ancienne percaline pour vérifier que notre renfort couvre correctement le manque de toile.
Sur la photo 7, on a collé (colle de pâte) la toile de renfort sur l'endroit du carton et sur le chanfrein, en l'ajustant bien au niveau des coupes AA1 et BB1. Sur la photo 8, on a recoupé la toile de renfort à 45 degrés, comme on le fait usuellement en reliure toile.
Sur la photo 9, on a rabattu et collé la toile de renfort puis façonné l'angle comme à l'habitude en reliure.
Sur la photo 10, côté endroit, on a enfin rabattu l'ancienne percaline sur le renfort. Les franges éventuelles de la déchirure sont soit recoupées, soit noyées dans de la colle. L'aspect sombre disparaîtra au séchage (tout au moins si l'on travaille à la colle de pâte, ce que je recommande fortement).
Sur la photo 11, côté envers, on a rabattu et collé les pans de l'ancienne percaline (les remplis) sur la toile de renfort.
La photo 12 montre l'aspect fini du coin après séchage.
mercredi 8 mai 2013
jeudi 2 mai 2013
Laver des pages à l'eau de Javel
Ce message traite de la possibilité de laver des pages de livre à l'eau de Javel. Ce sujet est fortement polémique. Par conséquent je tiens à préciser que je prends la méthode qui va être décrite et le message qui s'en suit sous mon entière et unique responsabilité.
Mlle Royer, notre formateur au club des Lieurs, par ailleurs anciennement restauratrice de livres à la BNF, est fermement opposée à cette pratique. Je respecte ce point de vue, qui trouve d'ailleurs à mon sens sa pleine justification lorsqu'il s'agit de documents de patrimoine. Mais comme j'en ai discuté dans mon message du 30 Mars, je pense que l'on peut, au moins dans des cas extrêmes, relaxer un peu cette contrainte lorsqu'il s'agit de documents ayant connu une large diffusion, et dont la valeur est essentiellement affective.
Afin que les choses soient claires, j'insiste bien sur le fait que Mlle Royer n'est aucunement à l'origine de ma décision de mettre en oeuvre cette pratique, pas plus que du descriptif que je vais en faire ici.
Un cas difficile !!!
Les photos ci-après montrent quelques pages d'un ouvrage qui m'a poussé à cette solution "extrême".
A gauche, quelques pages avant l'opération, à droite les mêmes pages après l'opération.
Sur les deux ensembles, la photo 1 montre la page de faux-titre (premier feuillet), la photo 2 un feuillet intermédiaire (le feuillet 486-491), la photo 3 une gravure parmi d'autres, la photo 4 les pages 544-545 (dernières pages).
Comme on peut s'en douter au vu du premier ensemble où l'on voit la première et la dernière page, tout le livre est uniformément tâché au départ. Pensant me venir en aide, mon épouse me propose aimablement une poubelle, que je refuse, toutefois sans grande conviction.
Le cas est évidemment trop grave pour une solution "légère" du type proposée dans mon "post" du 20 Février. Par ailleurs, un essai de lavage d'une page à l'eau claire donne un résultat pitoyable. Je ne vois donc d'autre solution que de recourir à l'eau de Javel.
La photo ci-contre montre l'installation générale de mon atelier de lavage. Au fond, sur la "paillasse", les 4 bacs de lavage; à gauche, sur la table à tréteaux, la zone d'égouttage, puis au dessus la corde à linge pour le séchage.
La chaîne de lavage
Les photos ci-après montrent plus en détail la chaîne de lavage, avec ses 4 bacs. 1: traitement à l'eau de Javel, 2: premier rinçage, 3: Neutralisation à l'hyposulfite de sodium, 4: deuxième rinçage. Les feuilles circulent entre ces 4 bacs avant de passer au séchage.
La question se pose des dosages et des temps d'immersion.
L'eau de Javel agit en fonction de 3 paramètres: la température, la concentration et le temps de maintien dans le bain. J'élimine le facteur température qui ne joue que pour la première "fournée" de pages, ou bien à chaque régénération du bain. Le récipient est un ancien dessus de cuisinière, qui peut recevoir environ 5 litres d'eau. J'y dissous une pastille d'eau de Javel. Noter que le bain s'épuise assez vite, et qu'après 4 "fournées" de 2 feuillets, les tâches ne sont plus suffisamment éclaircies même après 8 heures de bain. Il faut donc déjà le régénérer.
Pour ce qui est du temps, je procède usuellement en 3x8, ce qui permet de fixer un rythme: matin au lever, milieu d'après-midi, soir au coucher. Noter que juste après une opération de régénération, le temps peut être plus court (Par ex. 3 heures).
La surface du bac Javel ne permet d'étaler que 2 feuillets avec une superposition partielle. On peut craindre des effets de "cache", une page cachant l'autre. J'ai malgré tout maintenu cette disposition (voir photo), afin de raccourcir la durée totale de l'opération. Aucun effet de "cache" ne s'est produit. Cependant je ne préconiserai pas de superposer plus de 2 feuillets dans le bac.
Le premier rinçage est effectué dans un bac contenant beaucoup d'eau. Les feuilles ont tendance à se superposer au fond du bac, ce qui peut faire craindre qu'elles soient insuffisamment lavées. C'est un problème pour lequel je n'ai pas pour l'instant de palliatif.
Le 3ème bac (un autre dessus de cuisinière) consiste en une neutralisation à l'hyposulfite de sodium (fixateur des anciens photographes). La quantité de produit préconisée est de 10g par litre. Par contre, je ne dispose d'aucun indicateur d'épuisement du bain. Je me suis donc contenté d'une régénération périodique, environ trois fois moins fréquente que l'eau de Javel.
Le 4ème bac consiste en un 2ème rinçage. Les questions qui se posent sont les mêmes que pour le premier. rinçage. L'idéal serait évidemment un rinçage en eau courante, mais il est impraticable pour le particulier.
Le séchage
Les photos ci-contre illustrent les opérations de séchage. La première photo montre l'égouttage des pages sur un lit de papier absorbant (Sopalin). La deuxième photo montre le séchage final sur corde à linge.
L'égouttage sur papier absorbant est nécessaire car la fragilité de la feuille mouillée ne permet pas de l'étaler directement sur fil à linge. Cependant, après 8 heures d'égouttage, le feuillet peut être manipulé et installé à cheval sur le fil.
Remarques pratiques
Noter que les transferts de pages entre bacs sont d'une extrême délicatesse, la feuille mouillée étant devenue extrêmement fragile. De petits accrocs sont fréquents, et quelquefois de franches déchirures, qui nécessiteront après séchage une réparation au papier Japon.
On constatera en général que le papier est devenu très blanc. L'inconvénient est mineur pour un livre lavé entièrement, que l'on pourra laisser ainsi. Il est plus gênant pour un lavage partiel. Certains suggèrent le brunissage dans une eau de thé, de café, ou d'autres colorants. Personnellement je n'ai jamais obtenu de bons résultats pour cette opération, et pour l'instant je ne la pratique pas, faute de solution crédible.
Après séchage, les pages apparaissent légèrement froissées. On les défroisse très correctement par simple pressage dans la presse à balancier.
Reste la question de la perennité de l'opération dans le temps. Personnellement, mes premières expériences de lavage remontent aux années 1974-1975, soit près de 40 ans, lors de mon initiation à la reliure, dans des conditions de travail beaucoup plus sommaires. Je ne constate aujourd'hui aucune altération de ces ouvrages, dont le papier est resté uniformément blanc.
Le lavage à l'eau de Javel peut aussi être appliqué dans le cas de "rousseurs". Le résultat est cependant, en général, moins convaincant que dans le cas précédent (mouillures). On n'y aura recours que pour des cas de rousseurs extrêmes, sachant que des "nuages" jaunes pourront éventuellement subsister au final.
Enfin on notera que le lavage d'un livre de 550 pages + 40 gravures (l'ouvrage ci-dessus), sur une base de lavage en 3x8 par paires de feuillets, plus quelques relavages pour cause de résultats insatisfaisants, nécessite environ 1 mois.
La restauration est un sport d'endurance !
Mlle Royer, notre formateur au club des Lieurs, par ailleurs anciennement restauratrice de livres à la BNF, est fermement opposée à cette pratique. Je respecte ce point de vue, qui trouve d'ailleurs à mon sens sa pleine justification lorsqu'il s'agit de documents de patrimoine. Mais comme j'en ai discuté dans mon message du 30 Mars, je pense que l'on peut, au moins dans des cas extrêmes, relaxer un peu cette contrainte lorsqu'il s'agit de documents ayant connu une large diffusion, et dont la valeur est essentiellement affective.
Afin que les choses soient claires, j'insiste bien sur le fait que Mlle Royer n'est aucunement à l'origine de ma décision de mettre en oeuvre cette pratique, pas plus que du descriptif que je vais en faire ici.
Un cas difficile !!!
Les photos ci-après montrent quelques pages d'un ouvrage qui m'a poussé à cette solution "extrême".
Sur les deux ensembles, la photo 1 montre la page de faux-titre (premier feuillet), la photo 2 un feuillet intermédiaire (le feuillet 486-491), la photo 3 une gravure parmi d'autres, la photo 4 les pages 544-545 (dernières pages).
Comme on peut s'en douter au vu du premier ensemble où l'on voit la première et la dernière page, tout le livre est uniformément tâché au départ. Pensant me venir en aide, mon épouse me propose aimablement une poubelle, que je refuse, toutefois sans grande conviction.
Le cas est évidemment trop grave pour une solution "légère" du type proposée dans mon "post" du 20 Février. Par ailleurs, un essai de lavage d'une page à l'eau claire donne un résultat pitoyable. Je ne vois donc d'autre solution que de recourir à l'eau de Javel.
La photo ci-contre montre l'installation générale de mon atelier de lavage. Au fond, sur la "paillasse", les 4 bacs de lavage; à gauche, sur la table à tréteaux, la zone d'égouttage, puis au dessus la corde à linge pour le séchage.
La chaîne de lavage
Les photos ci-après montrent plus en détail la chaîne de lavage, avec ses 4 bacs. 1: traitement à l'eau de Javel, 2: premier rinçage, 3: Neutralisation à l'hyposulfite de sodium, 4: deuxième rinçage. Les feuilles circulent entre ces 4 bacs avant de passer au séchage.
La question se pose des dosages et des temps d'immersion.
L'eau de Javel agit en fonction de 3 paramètres: la température, la concentration et le temps de maintien dans le bain. J'élimine le facteur température qui ne joue que pour la première "fournée" de pages, ou bien à chaque régénération du bain. Le récipient est un ancien dessus de cuisinière, qui peut recevoir environ 5 litres d'eau. J'y dissous une pastille d'eau de Javel. Noter que le bain s'épuise assez vite, et qu'après 4 "fournées" de 2 feuillets, les tâches ne sont plus suffisamment éclaircies même après 8 heures de bain. Il faut donc déjà le régénérer.
Pour ce qui est du temps, je procède usuellement en 3x8, ce qui permet de fixer un rythme: matin au lever, milieu d'après-midi, soir au coucher. Noter que juste après une opération de régénération, le temps peut être plus court (Par ex. 3 heures).
La surface du bac Javel ne permet d'étaler que 2 feuillets avec une superposition partielle. On peut craindre des effets de "cache", une page cachant l'autre. J'ai malgré tout maintenu cette disposition (voir photo), afin de raccourcir la durée totale de l'opération. Aucun effet de "cache" ne s'est produit. Cependant je ne préconiserai pas de superposer plus de 2 feuillets dans le bac.
Le premier rinçage est effectué dans un bac contenant beaucoup d'eau. Les feuilles ont tendance à se superposer au fond du bac, ce qui peut faire craindre qu'elles soient insuffisamment lavées. C'est un problème pour lequel je n'ai pas pour l'instant de palliatif.
Le 3ème bac (un autre dessus de cuisinière) consiste en une neutralisation à l'hyposulfite de sodium (fixateur des anciens photographes). La quantité de produit préconisée est de 10g par litre. Par contre, je ne dispose d'aucun indicateur d'épuisement du bain. Je me suis donc contenté d'une régénération périodique, environ trois fois moins fréquente que l'eau de Javel.
Le 4ème bac consiste en un 2ème rinçage. Les questions qui se posent sont les mêmes que pour le premier. rinçage. L'idéal serait évidemment un rinçage en eau courante, mais il est impraticable pour le particulier.
Le séchage
Les photos ci-contre illustrent les opérations de séchage. La première photo montre l'égouttage des pages sur un lit de papier absorbant (Sopalin). La deuxième photo montre le séchage final sur corde à linge.
L'égouttage sur papier absorbant est nécessaire car la fragilité de la feuille mouillée ne permet pas de l'étaler directement sur fil à linge. Cependant, après 8 heures d'égouttage, le feuillet peut être manipulé et installé à cheval sur le fil.
Remarques pratiques
Noter que les transferts de pages entre bacs sont d'une extrême délicatesse, la feuille mouillée étant devenue extrêmement fragile. De petits accrocs sont fréquents, et quelquefois de franches déchirures, qui nécessiteront après séchage une réparation au papier Japon.
On constatera en général que le papier est devenu très blanc. L'inconvénient est mineur pour un livre lavé entièrement, que l'on pourra laisser ainsi. Il est plus gênant pour un lavage partiel. Certains suggèrent le brunissage dans une eau de thé, de café, ou d'autres colorants. Personnellement je n'ai jamais obtenu de bons résultats pour cette opération, et pour l'instant je ne la pratique pas, faute de solution crédible.
Après séchage, les pages apparaissent légèrement froissées. On les défroisse très correctement par simple pressage dans la presse à balancier.
Reste la question de la perennité de l'opération dans le temps. Personnellement, mes premières expériences de lavage remontent aux années 1974-1975, soit près de 40 ans, lors de mon initiation à la reliure, dans des conditions de travail beaucoup plus sommaires. Je ne constate aujourd'hui aucune altération de ces ouvrages, dont le papier est resté uniformément blanc.
Le lavage à l'eau de Javel peut aussi être appliqué dans le cas de "rousseurs". Le résultat est cependant, en général, moins convaincant que dans le cas précédent (mouillures). On n'y aura recours que pour des cas de rousseurs extrêmes, sachant que des "nuages" jaunes pourront éventuellement subsister au final.
Enfin on notera que le lavage d'un livre de 550 pages + 40 gravures (l'ouvrage ci-dessus), sur une base de lavage en 3x8 par paires de feuillets, plus quelques relavages pour cause de résultats insatisfaisants, nécessite environ 1 mois.
La restauration est un sport d'endurance !
mercredi 1 mai 2013
La couture à cahiers sautés...1 fois...2 fois
La technique de couture "à cahiers sautés" s'impose lorsque l'on craint que le dos ne "monte" trop à la couture.
Rappelons qu'après couture le dos doit "monter" en principe dans une proportion d'environ 1/4 à 1/3 de sa hauteur au final. Pour un ouvrage très épais seulement, on descendra au dessous de ces valeurs.
Dans le cas général, une couture "insuffisamment montée" conduira à un dos très plat, inesthétique. Au contraire, une couture "trop montée" obligera à former une trop grande courbure à l'arrondissure, également inesthétique.
Les deux photos ci-après montrent les effets de ces erreurs (et c'est bien moi qui les ai faites !).
A gauche, la couture a "trop monté". Pour rattraper la longueur, il a fallu arrondir le dos à presque un demi-cercle. A droite, la couture n'a pas suffisamment "monté". Il est impossible d'arrondir le dos (car un arc de cercle est nécessairement plus long que sa corde). .
Le risque de "trop monter" est fréquent. Le problème se présente souvent en restauration lorsque l'on veut réinsérer l'ouvrage dans sa couverture d'origine. Les onglets ayant déjà pris une part de la hauteur, la couture risque de dépasser la hauteur disponible. Le cas se présente également lorsque l'ouvrage comporte un grand nombre de cahiers (>25). Dans les deux cas, on choisira évidemment un fil assez fin (40 ou 50), mais cette précaution peut être insuffisante si l'on ne veut pas dépasser une hauteur raisonnable.
Cahiers sautés, technique de base
Pour pallier à ce problème, on adopte généralement la technique dite "à cahiers sautés". Elle est illustrée par la photo suivante pour une couture à 3 ficelles.
Chaque étape de l'opération porte sur 3 cahiers. On comprendra aisément sur les photos le trajet du fil à partir du point O. On pourra choisir une couture "symétrique", comme sur la première photo, ou une couture disymétrique, comme sur la deuxième. D'autres variantes sont possibles, on les trouvera facilement. Dans tous les cas, les 3 premiers et derniers cahiers seront, comme précédemment, traités de manière standard.
Bilan
Au bilan, la couture à cahiers sautés (simple), fait gagner sensiblement la moitié de l'épaisseur des fils (et la moitié du temps de couture, car on coud 2 cahiers à la fois, mais ceci est une mauvaise raison); la couture à cahiers 2 fois sautés fait gagner les 2/3 de l'épaisseur des fils (et du temps de couture, en principe).
Rappelons qu'après couture le dos doit "monter" en principe dans une proportion d'environ 1/4 à 1/3 de sa hauteur au final. Pour un ouvrage très épais seulement, on descendra au dessous de ces valeurs.
Dans le cas général, une couture "insuffisamment montée" conduira à un dos très plat, inesthétique. Au contraire, une couture "trop montée" obligera à former une trop grande courbure à l'arrondissure, également inesthétique.
Les deux photos ci-après montrent les effets de ces erreurs (et c'est bien moi qui les ai faites !).
A gauche, la couture a "trop monté". Pour rattraper la longueur, il a fallu arrondir le dos à presque un demi-cercle. A droite, la couture n'a pas suffisamment "monté". Il est impossible d'arrondir le dos (car un arc de cercle est nécessairement plus long que sa corde). .
Le risque de "trop monter" est fréquent. Le problème se présente souvent en restauration lorsque l'on veut réinsérer l'ouvrage dans sa couverture d'origine. Les onglets ayant déjà pris une part de la hauteur, la couture risque de dépasser la hauteur disponible. Le cas se présente également lorsque l'ouvrage comporte un grand nombre de cahiers (>25). Dans les deux cas, on choisira évidemment un fil assez fin (40 ou 50), mais cette précaution peut être insuffisante si l'on ne veut pas dépasser une hauteur raisonnable.
Cahiers sautés, technique de base
Pour pallier à ce problème, on adopte généralement la technique dite "à cahiers sautés". Elle est illustrée par la photo suivante pour une couture à 3 ficelles.
Le principe en est très simple. Partant de O, le fil court alternativement entre les cahiers 1 et 2. La chaînette (ch2) entoure le dernier fil qui passe en ce point (en fait trois cahiers au dessous). Le fil attaque ensuite les cahiers 3 et 4, etc... Pour ne pas avoir à rechercher les milieux des cahiers, il est pratique d'utiliser deux pinces carton (les "shadocks" chers à M.O.).
Noter que l'on ne peut pas appliquer la méthode dès le premier cahier, car ce cahier ne serait pas attaché en chaînette. Usuellement, on coud les 2 ou 3 premiers cahiers de manière standard, et également, pour la symétrie, les 2 ou 3 derniers. Les autres cahiers peuvent alors être traités "à cahiers sautés".
Cahiers 2 fois sautés
Il arrive que cette méthode ne soit pas encore suffisante pour limiter la hauteur du dos. Ce peut être le cas pour un ouvrage de plus de 35 cahiers. On pourra alors utiliser la technique dite "à cahiers 2 fois sautés". Elle est illustrée par les 2 photos suivantes, pour une couture à 5 ficelles.
Chaque étape de l'opération porte sur 3 cahiers. On comprendra aisément sur les photos le trajet du fil à partir du point O. On pourra choisir une couture "symétrique", comme sur la première photo, ou une couture disymétrique, comme sur la deuxième. D'autres variantes sont possibles, on les trouvera facilement. Dans tous les cas, les 3 premiers et derniers cahiers seront, comme précédemment, traités de manière standard.
Bilan
Au bilan, la couture à cahiers sautés (simple), fait gagner sensiblement la moitié de l'épaisseur des fils (et la moitié du temps de couture, car on coud 2 cahiers à la fois, mais ceci est une mauvaise raison); la couture à cahiers 2 fois sautés fait gagner les 2/3 de l'épaisseur des fils (et du temps de couture, en principe).
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