"Faire des pièces de titre ? Bigre ! C'est pas de la restauration, ça; c'est de la dorure !
et puis Camille, on te l'a déjà dit: ON NE RETOUCHE PAS LES ORS D'UN LIVRE ANCIEN !"
"Mouai!.... et si mon livre n'a plus de titre ? et s'il n'a plus de dos du tout ? M'enfin"
Enfin il y a mille raisons de faire de la dorure, même quand on fait de la restauration. Donc j'en fais ! mais attention, je ne vais pas rouler des mécaniques; la dorure, c'est difficile, c'est très difficile, c'est même très, très, très difficile ! Donc je fais ce que je peux ! Na !
Perso, je crois que faire des pièces de titre, au film, à plat, c'est à la portée de tout le monde. J'ai bien dit, des "pièces de titre", et non pas des titres sur les dos.
Pour faciliter les choses, j'ai fait réaliser par notre ami Pierre, que je dois remercier au passage (Pierre
Tarade, Les lieurs de Sénart), le petit outil que je veux vous
présenter. Pierre m'a fait profiter de sa
longue expérience de Chef Ajusteur à la Monnaie de Paris; mais je crois
qu'un bricoleur un peu doué (en tout cas plus doué que moi) devrait être capable de réaliser cet outil.
L'outil est constitué d'une simple équerre, que l'on a dotée d'un dispositif de serrage à son extrémité.
On sait que pour le débutant, la difficulté est de respecter un bon parallélisme des lignes de titre. Évidemment, l'équerre glissant sur un côté d'un ai (photo 1), assure ce parallélisme; mais le problème est d'éviter que l'équerre ne bouge lors de la pose du composteur; d'où l'intérêt du dispositif de blocage que l'on perçoit en bout de l'équerre. Le photo 1 montre le système en opération, vu de face, la photo 2 le montre vu de dos.
Les photos 3, 4, 5 montrent plus en détail le dispositif. Un simple boulon est engagé dans un petit retour carré fixé à l'extrémité de l'équerre par 2 vis (photos 3 et 4). Une rondelle en laiton est prisonnière du boulon à son extrémité, et légèrement flottante (photo 4) (le mécanisme est un peu analogue au système de serrage que l'on trouve sur des serre-joints).
L'utilisateur positionne l'équerre, serre le boulon à la main (c'est suffisant), et peut positionner le composteur sur l'équerre, même l'appuyer légèrement. Et là, j'en suis sûr, certains diront: "la dorure, mais c'est facile" (hum!!!).
mardi 24 décembre 2013
samedi 21 décembre 2013
Retour sur la colle de pâte au micro-ondes
Dans mon message du 21 Février 2013, j'exposais une manière de préparer la colle de pâte au micro-ondes.
Dans l'ensemble, la recette m'a donné satisfaction. Cependant, la préparation apparaissait quelquefois un peu trop aqueuse, trop "mouillante".
Je rappelle le principe tel que je le proposais
Le matériel (photo 1): Farine, cuillère à soupe définitivement réservée à cet usage, tube portant un repère représentant un volume de 5 fois la cuillère rase, pot à colle, petite cuillère pour touiller, montre avec trotteuse; (photo 2) four à micro-ondes.
Préparer une cuillère à soupe de farine rase pour 5 volumes d'eau dans le tube doseur (photo 3).
Mise au point
Repérer par un essai, pour un réglage donné du micro-ondes, le temps exact T pour atteindre l'ébullition. Choisir un réglage permettant un temps T d'au moins 45 secondes.
Diviser ce temps par 2, soit T/2.
Usage courant
- 1 volume de farine pour 5 volumes d'eau.
- la farine étant dissoute dans l'eau, lancer le micro-onde pour le temps T/2.
- homogénéiser le mélange
- relancer le micro-ondes pour le temps T/2. On doit voir que le mélange vient d'entrer en ébullition.
Amélioration du processus
Pour donner plus de consistance à la colle, il m'a semblé utile de "pousser" un peu plus loin la "cuisson" au delà de l'entrée en ébullition. Bien sûr, on ne laissera pas le même réglage du micro-ondes, sous peine de voir le mélange évaporé sur les parois de l'appareil. On optera pour une "cuisson finale" sous un réglage doux.
Cela donne, chez moi:
- cuillère à soupe moyenne rase pour la farine. + 5 volumes d'eau
- appareil à micro-ondes de 750 watts à 10 niveaux de réglage
Temps d'ébullition au niveau de réglage 8: T=48 secondes
1. Homogénéiser le mélange eau-farine
2. premier chauffage au niveau de réglage 8: T/2 = 25 secondes (à peu près)
3. homogénéiser
4. deuxième chauffage au niveau de réglage 8: 23 secondes (car 25+23=48)
5. cuisson supplémentaire au niveau de réglage 4: 15 (minimum) à 30 secondes (maximum). Je choisis généralement 15 secondes.
6. laisser refroidir
L'étape supplémentaire 5 permet, en fonction du temps de cuisson choisi (de 15 à 30 secondes) un réglage assez fin de la fluidité de la colle.
Bien entendu, ces données correspondent à ma cuillère et mon micro-ondes, et chacun devra mettre la recette au point en fonction de ses données personnelles.
Dans l'ensemble, la recette m'a donné satisfaction. Cependant, la préparation apparaissait quelquefois un peu trop aqueuse, trop "mouillante".
Je rappelle le principe tel que je le proposais
Le matériel (photo 1): Farine, cuillère à soupe définitivement réservée à cet usage, tube portant un repère représentant un volume de 5 fois la cuillère rase, pot à colle, petite cuillère pour touiller, montre avec trotteuse; (photo 2) four à micro-ondes.
Préparer une cuillère à soupe de farine rase pour 5 volumes d'eau dans le tube doseur (photo 3).
Mise au point
Repérer par un essai, pour un réglage donné du micro-ondes, le temps exact T pour atteindre l'ébullition. Choisir un réglage permettant un temps T d'au moins 45 secondes.
Diviser ce temps par 2, soit T/2.
Usage courant
- 1 volume de farine pour 5 volumes d'eau.
- la farine étant dissoute dans l'eau, lancer le micro-onde pour le temps T/2.
- homogénéiser le mélange
- relancer le micro-ondes pour le temps T/2. On doit voir que le mélange vient d'entrer en ébullition.
Amélioration du processus
Pour donner plus de consistance à la colle, il m'a semblé utile de "pousser" un peu plus loin la "cuisson" au delà de l'entrée en ébullition. Bien sûr, on ne laissera pas le même réglage du micro-ondes, sous peine de voir le mélange évaporé sur les parois de l'appareil. On optera pour une "cuisson finale" sous un réglage doux.
Cela donne, chez moi:
- cuillère à soupe moyenne rase pour la farine. + 5 volumes d'eau
- appareil à micro-ondes de 750 watts à 10 niveaux de réglage
Temps d'ébullition au niveau de réglage 8: T=48 secondes
1. Homogénéiser le mélange eau-farine
2. premier chauffage au niveau de réglage 8: T/2 = 25 secondes (à peu près)
3. homogénéiser
4. deuxième chauffage au niveau de réglage 8: 23 secondes (car 25+23=48)
5. cuisson supplémentaire au niveau de réglage 4: 15 (minimum) à 30 secondes (maximum). Je choisis généralement 15 secondes.
6. laisser refroidir
L'étape supplémentaire 5 permet, en fonction du temps de cuisson choisi (de 15 à 30 secondes) un réglage assez fin de la fluidité de la colle.
Bien entendu, ces données correspondent à ma cuillère et mon micro-ondes, et chacun devra mettre la recette au point en fonction de ses données personnelles.
vendredi 1 novembre 2013
Le doublage d'un document par la technique du "fond tendu"
La technique du "fond tendu" permet de doubler un document papier de façon à le renforcer, le rassembler s'il est éclaté en plusieurs parties, réparer les déchirures éventuelles, combler les manques de papier.
Ainsi la photo 1 montre la couverture d'un livre broché que l'on souhaite replacer comme telle sur le livre.
Cette couverture n'a subi aucune autre préparation qu'un gommage soigné. Sur ce point, il y a lieu d'insister tant que la poussière de gomme ne ressort pas claire.
La technique de doublage décrite ci-après m'est transmise par Marie-Odile Royer, restaurateur aux Archives Nationales, que l'on verra opérer sur plusieurs étapes ci-après.
L'opération nécessite l'usage d'une boîte à lumière, faite simplement d'un caisson enfermant une lampe tamisée, et sur lequel on a disposé une plaque de plexiglass (photos 2 et 3).
On aura besoin également:
- d'un papier de doublage dit "Bolloré", débordant légèrement de la surface du document (photo 4). Ce papier doit pouvoir être remplacé par du papier "Japon" fin, mais dont le maniement devrait être plus délicat (je n'ai pas essayé).
- d'une surface d'"intissé", un peu supérieure à la surface du document. Le produit utilisé par les professionnels est difficile à trouver en petite quantité; on peut éventuellement s'en passer en travaillant directement sur le plexiglass, si le document n'a qu'une face utile. La conséquence est alors un effet de "glaçage" au dos du document.
- de colle de pâte
Le document est mis au trempage dans l'eau (photo 6).
La plaque de plexiglass étant préalablement mouillée à l'éponge (photo 7), l'intissé est disposé sur le
plexiglass (photo 5) puis étalé soigneusement à l'éponge de façon à adhérer au plexiglass sans pli (photo 8).
Le "Bolloré" est alors soigneusement étalé sur l'intissé, en prenant soin de résorber les plis.
On enduit soigneusement le "Bolloré" de colle de pâte sur sa face apparente (photo 9, Marie-Odile Royer effectuant cette opération).
Le document est sorti de l'eau, étalé sur le "Bolloré" précédemment encollé puis appliqué fortement sur toute sa surface à l'aide d'un plioir par l'intermédiaire d'un buvard (photo 10).
L'étape de doublage est terminée. On peut maintenant passer à l'étape de comblage des manques.
On voit que le document (photos 1 et 11) présente en tête et en queue des manques importants. On se propose de les combler à l'aide de papier "Japon fort".
On dispose le papier Japon sur la partie manquante, le sens des fibres étant celui qui permettra le meilleur"accrochage" sur les bords du document. Ainsi dans le cas présent, les fibres sont orientées parallèlement au dos. Puis on dessine sur le "Japon" au "stylo à eau" une pièce correspondant à la partie manquante que l'on aperçoit grâce à la lumière (photo 12). A défait de "stylo à eau", on peut utiliser un pinceau fin. La pièce ainsi "dessinée" est arrachée de sa feuille de Japon de façon à présenter un contour hérissé de fibres apparentes (photo 13).
Puis la pièce garnie de colle est enfin disposée sur la partie manquante (photo 14) et soigneusement appliquée au plioir par l'intermédiaire d'un buvard (photo 15).
L'ensemble est mis à sécher verticalement de façon à se décoller de lui-même (photo 16et 17). Les débords
du "Bolloré" sont recoupés au scalpel (photos 18 et 19).
La photo 20 résume le travail de finition au niveau des zones apparentes du "Bolloré". Les "franges" du "Bolloré" sont rasées à l'aide du scalpel (lame No 15). Enfin dans les zones apparentes du Bolloré (ici tête et queue du dos) la couleur est retouchée "au mieux" à l'aide de pastels secs, crayons de couleur, estompe, etc...
Ainsi la photo 1 montre la couverture d'un livre broché que l'on souhaite replacer comme telle sur le livre.
Cette couverture n'a subi aucune autre préparation qu'un gommage soigné. Sur ce point, il y a lieu d'insister tant que la poussière de gomme ne ressort pas claire.
La technique de doublage décrite ci-après m'est transmise par Marie-Odile Royer, restaurateur aux Archives Nationales, que l'on verra opérer sur plusieurs étapes ci-après.
L'opération nécessite l'usage d'une boîte à lumière, faite simplement d'un caisson enfermant une lampe tamisée, et sur lequel on a disposé une plaque de plexiglass (photos 2 et 3).
On aura besoin également:
- d'un papier de doublage dit "Bolloré", débordant légèrement de la surface du document (photo 4). Ce papier doit pouvoir être remplacé par du papier "Japon" fin, mais dont le maniement devrait être plus délicat (je n'ai pas essayé).
- d'une surface d'"intissé", un peu supérieure à la surface du document. Le produit utilisé par les professionnels est difficile à trouver en petite quantité; on peut éventuellement s'en passer en travaillant directement sur le plexiglass, si le document n'a qu'une face utile. La conséquence est alors un effet de "glaçage" au dos du document.
- de colle de pâte
Le document est mis au trempage dans l'eau (photo 6).
plexiglass (photo 5) puis étalé soigneusement à l'éponge de façon à adhérer au plexiglass sans pli (photo 8).
Le "Bolloré" est alors soigneusement étalé sur l'intissé, en prenant soin de résorber les plis.
On enduit soigneusement le "Bolloré" de colle de pâte sur sa face apparente (photo 9, Marie-Odile Royer effectuant cette opération).
Le document est sorti de l'eau, étalé sur le "Bolloré" précédemment encollé puis appliqué fortement sur toute sa surface à l'aide d'un plioir par l'intermédiaire d'un buvard (photo 10).
L'étape de doublage est terminée. On peut maintenant passer à l'étape de comblage des manques.
On voit que le document (photos 1 et 11) présente en tête et en queue des manques importants. On se propose de les combler à l'aide de papier "Japon fort".
On dispose le papier Japon sur la partie manquante, le sens des fibres étant celui qui permettra le meilleur"accrochage" sur les bords du document. Ainsi dans le cas présent, les fibres sont orientées parallèlement au dos. Puis on dessine sur le "Japon" au "stylo à eau" une pièce correspondant à la partie manquante que l'on aperçoit grâce à la lumière (photo 12). A défait de "stylo à eau", on peut utiliser un pinceau fin. La pièce ainsi "dessinée" est arrachée de sa feuille de Japon de façon à présenter un contour hérissé de fibres apparentes (photo 13).
Puis la pièce garnie de colle est enfin disposée sur la partie manquante (photo 14) et soigneusement appliquée au plioir par l'intermédiaire d'un buvard (photo 15).
L'ensemble est mis à sécher verticalement de façon à se décoller de lui-même (photo 16et 17). Les débords
du "Bolloré" sont recoupés au scalpel (photos 18 et 19).
La photo 20 résume le travail de finition au niveau des zones apparentes du "Bolloré". Les "franges" du "Bolloré" sont rasées à l'aide du scalpel (lame No 15). Enfin dans les zones apparentes du Bolloré (ici tête et queue du dos) la couleur est retouchée "au mieux" à l'aide de pastels secs, crayons de couleur, estompe, etc...
lundi 21 octobre 2013
Atténuer les rousseurs des livres du XIXème et début XXème.
Classe B
Les ouvrages du XIXème siècle et début XXème, essentiellement dans la tranche 1850-1914, présentent souvent des rousseurs plus ou moins prononcées (la photo 3 ci-après en montre un exemple).
Ces rousseurs, clairement, ne proviennent pas de la manipulation. On considère qu'elles sont apparues au cours du temps du fait de l'acidité du papier. Une explication fréquemment donnée proviendrait du chlore résiduel lié au blanchiment de la pâte de bois, qui au début du XIXème, a progressivement remplacé le papier de chiffon. Sur cette piste, je me risque à une explication, peut être fausse: le chlore résiduel + de l'hydrogène facile à trouver (dans les molécules d'eau), et voilà de l'acide chlorhydrique HCl, prêt à attaquer méchamment votre ouvrage préféré.
La difficulté d'éradiquer ces rousseurs est notoire, tant est si bien que les relieurs (amateurs, et même, à ma connaissance, professionnels), préfèrent ne pas s'y attaquer. Au niveau institutionnel (bibliothèques publiques, archives nationales), il semble que toute intervention sur ces rousseurs soit absolument prohibée.
Bien sûr, on peut pardonner à ces livres plus que centenaires ces marques de l'âge, qui n'épargnent pas plus les livres que nous-mêmes. Ainsi une certaine relieur (relieuse ?) me fit cette remarque: "nous en avons bien, nous, des tâches de rousseur !". Bon, bon, ! Je veux bien, mais ce qui peut être un charme piquant pour une (et même un) humanoïde l'est-il encore pour un livre ? Et sinon, que faire ?
Et c'est là que votre Camille (Hello, Camille où es-tu ?) vient à votre secours avec célérité !
Maintenant, soyons clair !
- la méthode décrite ci-après dégrade légèrement le papier. Elle est donc à proscrire absolument pour des documents "de patrimoine" (cf. ma discussion du 30 Mars 2013)
- la méthode ne s'applique qu'à des papiers suffisamment épais. Heureusement, c'est le cas de beaucoup de livres populaires de la fin du XIXème - début XXème.
- la méthode ne s'applique que pour des rousseurs peu profondes et en tout cas non traversantes. Si plus de 5% des rousseurs se retrouvent, même atténuées, sur l'autre face de la feuille, c'est que les rousseurs de cet ouvrage sont profondes et que l'on n'en viendra pas à bout. Mieux vaut renoncer dans ce cas.
Le principe en est très simple? Le matériel est illustré sur les photos 1 et 2.
L'outil principal est le morceau de papier abrasif. Des chûtes du papier généralement utilisé en reliure (la tomate) font très bien l'affaire.
A côté: la gomme, le plioir de forme "spatule" (relevé à l'extrémité), une lame de carton habillée de papier de verre à l'extrémité, un scalpel à lame numéro 15 (photo2) seront éventuellement utiles, sans être indispensables.
Traitement d'une rousseur
Les photos ci-après montrent une page avant/après traitée selon la méthode proposée.
On essaiera la gomme en premier lieu, de façon à ne pas confondre une rousseur avec une trace "sale".
Poncer la rousseur avec le papier abrasif. Si la rousseur est peu profonde, elle aura pratiquement disparu après un léger ponçage. Si elle est plus profonde, on acceptera qu'elle soit simplement atténuée, mais dans tous les cas on évitera d'ôter plus d'un tiers de l'épaisseur du papier.
La lame de carton abrasive permet de travailler légèrement entre les lignes de texte, voire les lettres. Il faut cependant éviter d'attaquer le texte.
Le scalpel peut être utilisé avec précaution pour enlever une fine pelure de papier, soit par incision, soit par grattage. Il permet des interventions plus localisées que le papier de verre (piquages de rouille).
Les photos 5 et 6 montrent une intervention à l'intérieur du texte. La présence d'une rousseur de forme rectangulaire probablement due à une image qui a été conservée dans le livre traverse le texte. La trace a pu être atténuée (mais non éradiquée) par un usage conjugué de la lame abrasive et du papier abrasif.
Restitution du glaçage du papier
Le passage du papier de verre donne au papier traité un aspect rugueux. La gomme permet de restituer un peu le glaçage, mais un "surfaçage" appuyé du papier à l'aide du plioir "spatule" donne un bien meilleur résultat.
Les ouvrages du XIXème siècle et début XXème, essentiellement dans la tranche 1850-1914, présentent souvent des rousseurs plus ou moins prononcées (la photo 3 ci-après en montre un exemple).
Ces rousseurs, clairement, ne proviennent pas de la manipulation. On considère qu'elles sont apparues au cours du temps du fait de l'acidité du papier. Une explication fréquemment donnée proviendrait du chlore résiduel lié au blanchiment de la pâte de bois, qui au début du XIXème, a progressivement remplacé le papier de chiffon. Sur cette piste, je me risque à une explication, peut être fausse: le chlore résiduel + de l'hydrogène facile à trouver (dans les molécules d'eau), et voilà de l'acide chlorhydrique HCl, prêt à attaquer méchamment votre ouvrage préféré.
La difficulté d'éradiquer ces rousseurs est notoire, tant est si bien que les relieurs (amateurs, et même, à ma connaissance, professionnels), préfèrent ne pas s'y attaquer. Au niveau institutionnel (bibliothèques publiques, archives nationales), il semble que toute intervention sur ces rousseurs soit absolument prohibée.
Bien sûr, on peut pardonner à ces livres plus que centenaires ces marques de l'âge, qui n'épargnent pas plus les livres que nous-mêmes. Ainsi une certaine relieur (relieuse ?) me fit cette remarque: "nous en avons bien, nous, des tâches de rousseur !". Bon, bon, ! Je veux bien, mais ce qui peut être un charme piquant pour une (et même un) humanoïde l'est-il encore pour un livre ? Et sinon, que faire ?
Et c'est là que votre Camille (Hello, Camille où es-tu ?) vient à votre secours avec célérité !
Maintenant, soyons clair !
- la méthode décrite ci-après dégrade légèrement le papier. Elle est donc à proscrire absolument pour des documents "de patrimoine" (cf. ma discussion du 30 Mars 2013)
- la méthode ne s'applique qu'à des papiers suffisamment épais. Heureusement, c'est le cas de beaucoup de livres populaires de la fin du XIXème - début XXème.
- la méthode ne s'applique que pour des rousseurs peu profondes et en tout cas non traversantes. Si plus de 5% des rousseurs se retrouvent, même atténuées, sur l'autre face de la feuille, c'est que les rousseurs de cet ouvrage sont profondes et que l'on n'en viendra pas à bout. Mieux vaut renoncer dans ce cas.
Le principe en est très simple? Le matériel est illustré sur les photos 1 et 2.
L'outil principal est le morceau de papier abrasif. Des chûtes du papier généralement utilisé en reliure (la tomate) font très bien l'affaire.
A côté: la gomme, le plioir de forme "spatule" (relevé à l'extrémité), une lame de carton habillée de papier de verre à l'extrémité, un scalpel à lame numéro 15 (photo2) seront éventuellement utiles, sans être indispensables.
Traitement d'une rousseur
Les photos ci-après montrent une page avant/après traitée selon la méthode proposée.
On essaiera la gomme en premier lieu, de façon à ne pas confondre une rousseur avec une trace "sale".
Poncer la rousseur avec le papier abrasif. Si la rousseur est peu profonde, elle aura pratiquement disparu après un léger ponçage. Si elle est plus profonde, on acceptera qu'elle soit simplement atténuée, mais dans tous les cas on évitera d'ôter plus d'un tiers de l'épaisseur du papier.
La lame de carton abrasive permet de travailler légèrement entre les lignes de texte, voire les lettres. Il faut cependant éviter d'attaquer le texte.
Le scalpel peut être utilisé avec précaution pour enlever une fine pelure de papier, soit par incision, soit par grattage. Il permet des interventions plus localisées que le papier de verre (piquages de rouille).
Les photos 5 et 6 montrent une intervention à l'intérieur du texte. La présence d'une rousseur de forme rectangulaire probablement due à une image qui a été conservée dans le livre traverse le texte. La trace a pu être atténuée (mais non éradiquée) par un usage conjugué de la lame abrasive et du papier abrasif.
Restitution du glaçage du papier
Le passage du papier de verre donne au papier traité un aspect rugueux. La gomme permet de restituer un peu le glaçage, mais un "surfaçage" appuyé du papier à l'aide du plioir "spatule" donne un bien meilleur résultat.
samedi 24 août 2013
Réalisations de l'année
Ouf ! c'est fini !
Et c'est accessible sous le lien dans la colonne de droite: "Restaurations et reliures 2013".
Bigre ! quel boulot ! prendre les photos, constituer les dossiers, s'y retrouver dans Google+ (pas une sinécure), raccrocher tout ça dans le blog !
Enfin c'est fini. J'y ai tout mis, depuis Septembre 2012 à aujourd'hui, en 3 rubriques:
- mes restaurations de l'année
- mes reliures. Bon, entendons nous, je ne cultive pas la reliure d'art ! Enfin, quoi ! je fais ce que je peux !
- quelques interventions "mineures", genre "restaurer une coiffe", "reprendre des pages tâchées"... Bon ! mais, blague à part, une intervention "mineure", ça peut prendre beaucoup de temps.
Et j'ai enrichi ma rubrique des restaurations 2010-2012 en y rajoutant mes reliures (d'art ? hum!...) et quelques interventions "mineures" dans la période. Et le lien devient "Restaurations et reliures 2010-2012".
Voilà ! Et si ça dit à quelqu'un d'aller y voir, je conseille de lancer un diaporama, simplement en double cliquant sur la première photo ! Car en présentation Google, ça fait un peu pagaille !
Et c'est accessible sous le lien dans la colonne de droite: "Restaurations et reliures 2013".
Bigre ! quel boulot ! prendre les photos, constituer les dossiers, s'y retrouver dans Google+ (pas une sinécure), raccrocher tout ça dans le blog !
Enfin c'est fini. J'y ai tout mis, depuis Septembre 2012 à aujourd'hui, en 3 rubriques:
- mes restaurations de l'année
- mes reliures. Bon, entendons nous, je ne cultive pas la reliure d'art ! Enfin, quoi ! je fais ce que je peux !
- quelques interventions "mineures", genre "restaurer une coiffe", "reprendre des pages tâchées"... Bon ! mais, blague à part, une intervention "mineure", ça peut prendre beaucoup de temps.
Et j'ai enrichi ma rubrique des restaurations 2010-2012 en y rajoutant mes reliures (d'art ? hum!...) et quelques interventions "mineures" dans la période. Et le lien devient "Restaurations et reliures 2010-2012".
Voilà ! Et si ça dit à quelqu'un d'aller y voir, je conseille de lancer un diaporama, simplement en double cliquant sur la première photo ! Car en présentation Google, ça fait un peu pagaille !
mercredi 31 juillet 2013
Chronique d'une restauration de base
Je profite d'un ouvrage qui m'a semblé idéal pour illustrer une opération de restauration assez typique, point trop difficile mais point trop facile non plus. Les techniques que j'ai utilisées ici sont celles que l'on retrouve dans la majorité des cas, et qu'il faut donc bien maîtriser (je le dis aussi pour moi-même). Quelques perfectionnements plus avancés, voire exploratoires, seront signalés au passage, et devront être considérés comme des propositions hors-standards.
Les photos ci-après illustrent l'état initial de l'ouvrage.
Bilan initial
Avant toute restauration, il est important de faire un bilan d'état de l'ouvrage, de façon à avoir une idée assez claire du "possible" et de l"impossible" ... et ne pas risquer d'être déçu.
D'emblée, le livre est "explosé", et devra donc être recousu. Par contre, les pages sont relativement propres et demanderont peu de travail.
La couverture est en mauvais état. On voit des boursouflures d'humidité sur le 2ème plat. Une partie est même franchement décollée. Cette partie pourra être recollée, mais la plupart des boursouflures ne pourront pas être résorbées. On voit également que le dos présente des manques. La toile de renfort sera donc visible dans ces zones.
Les gardes couleurs grises sont assez délabrées, avec des manques au niveau des anciens rubans. Je ferai le choix de les remplacer à neuf. Il faut être conscient que la conservation des gardes couleurs est souvent très délicate, voire décevante. Personnellement, je préfère en général sacrifier un peu l'authenticité stricte de l'ouvrage et opter pour leur remplacement. Je reconnais toutefois que ce choix peut être discuté.
La couleur rouge du tissu (percaline) est une teinte classique pour beaucoup de livres du XIXème. Une toile d'un coloris très proche se trouve facilement dans le commerce (Relma Paris). Un teinture liquide également très approchante se trouve au rayon des teintures cuir (Marque Saphir, plutôt par Internet que chez les cordonniers, qui ne vendent plus guère que des crèmes).
Débrochage, nettoyage, pose d'onglets et couture
Il n'y a pas lieu d'insister sur cette phase, qui fait partie des bases de la reliure. Notons cependant quelques particularités.
D'abord, on ne pourra ni ébarber les feuillets, ni rogner la tête d'ouvrage, le format étant imposé par la couverture. De la sorte, on sauvegardera ainsi les tranches dorées, s'il y en a.
Par ailleurs, on remarque sur la photo 5 que 6 fentes de grecquage ont été reprises parmi les 12 anciennes fentes (technique du XIXème), de façon à loger 2 chaînettes et 4 ficelles dans un positionnement non-standard. Le fait de reprendre d'anciennes fentes plutôt qu'en créer de nouvelles selon les gabarits usuels assure une meilleure restitution de l'alignement des cahiers, et par conséquent des dorures de tranches.
Endossure, mousseline et Krafts
Cette étape fait également partie des bases de la reliure.
Après endossure sur la presse à endosser, on pose la mousseline, les comètes (tranchefiles) et les krafts puis on ponce comme il est d'usage.
Les ficelles sont coupées à 15 mm environ, partagées en deux et chaque demi-ficelle est rabattue et collée dans le mors de l'ouvrage. Sur la photo 8 on aperçoit 2 ficelles sur les 4 qui n'ont pas encore été rabattues.
Création d'un soufflet
Le soufflet est un dispositif qui permet que le dos ne soit pas collé directement sur l'ouvrage. Ainsi lorsque l'on ouvre le livre, un espace vide apparaît entre le dos et le corps d'ouvrage, ce qui facilite l'ouverture du livre sans abimer le dos. En reliure classique, ce rôle est usuellement rempli par le "faux-dos".
Les photos suivantes illustrent la construction du soufflet.
On découpe une bande de carton bulle, la pièce (a) de la photo 9 (carton de grade 3 pour un livre moyen à 5 pour un livre épais) dont les dimensions sont les suivantes:
- la largeur est mesurée sur le dos du livre à l'aide d'une bande de papier
- le longueur est égale à la hauteur des cartonnages (et non des cahiers).
La pièce (b) est une bande de papier Kraft trois fois plus large que la pièce (a), et de même hauteur.
On élague la pièce (a) sur ses 2 bords, puis on la colle au centre de la pièce (b). On referme les 2 volets de la pièce (b) en les collant l'un sur l'autre, de façon à former un tube (le vide est visible sur la photo 11). On a également dégagé la face papier sur 20mm à chaque extrémité, comme on peut le voir sur la photo 10.
La photo 12 illustre la préparation du collage du soufflet. L'ouvrage est disposé dans la presse. L'éponge sert à humecter le soufflet pour le rendre suffisamment malléable et propre à épouser l'arrondi du dos.
On encolle (colle plastique) le soufflet sur sa surface (c) (photo 12) en veillant bien à ce que les zones dégagées (e1) et (e2) ne reçoivent aucune trace de colle. Puis on applique (c) sur (d) en observant un centrage précis du soufflet. On doit assurer un collage parfait du soufflet, bien adhérent sur ses bords. La photo 13 montre le soufflet en place.
Préparation intérieure des plats
Les gardes couleurs grises, très délabrées, ne seront pas conservées. Leur partie volante a donc été supprimée.
Par contre il est assez délicat de décoller complètement la garde collée. Si elle ne montre pas de signe de décollement initial (dû à l'humidité), il est préférable de la conserver. On se contentera de la dégager sur les remplis, la partie centrale restant comme "comblage". La limite des remplis est en général visible par un léger relief. On marque cette limite à la pointe (photo 14). En humectant le papier le long des remplis, on le dégage alors facilement en le grattant avec la pointe.
Dans le cas seulement où la garde collée montre des zones de décollement, alors il faut absolument la décoller complètement à l'éponge et à la pointe, mais c'est un travail extrêmement fastidieux.
La photo 15 montre les 2 plats ainsi traités. Les remplis ont été dégagés. Ils ont été relevés en (b1), (b2), (b3), (b4) sur environ 15 mm. Enfin ils ont étés recolorés à la teinture rouge.
La surface papier a été poncée de façon à égaliser les zones déchirées, particulièrement le long des arêtes (a1), (a2). Dans le cas présent (assez rare), le 1er plat présentait des reliefs (visibles sur la photo 1) que l'on retrouve au revers (photo 15). On peut choisir soit de combler ces creux avec de la pâte à papier (rapure de papier agglomérée avec de la colle), soit de les laisser apparents. C'est ce dernier choix qui a été adopté.
Pour une meilleure finition, on pourra après reconstruction de l'ouvrage, coller un papier kraft sur ces revers et le poncer. Dans le cas présent, je n'ai pas retenu cette option.
Préparation extérieure des plats
Comme on peut le voir sur la photo 16, en (a) et (b), les angles des plats sont soit effilochés, soit dégarnis. J'ai exposé la technique de réparation dans mon message du 8 Mai.
Le tissu du 4ème plat, qui était partiellement décollé a été recollé sur place. Une couche de teinture rouge a été" appliquée pour raviver les plats et "fondre" les petits défauts. Pour cette opération, j'ai protégé les filets dorés en les enduisant de cire liquide au pinceau fin (solution personnelle).
La photo 17 montre les plats ainsi préparés.
Sur la photo 18, on a soulevé le tissu (percaline) d'au moins 10 mm du côté des mors. Afin que cette intervention soit peu visible, on arrête en général ce soulèvement sur une ligne du motif imprimé, ainsi le relief du cadre décoratif visible en (c) sur la photo 18.
Le premier plat ne présentait pas une telle ligne caractéristique. J'ai l'habitude dans ce cas (solution personnelle) de ménager, au scalpel et à la pointe, une petite rainure visible en (d), qui délimitera proprement la zone d'intervention.
Pose de la toile de renfort au dos
Avant tout, on régularise la coupe du tissu, généralement effiloché, sur chaque plat, en le recoupant au scalpel (lame quasiment neuve) sur un zinc (photo 19, coupe (a) pour le premier plat). Je préconise une recoupe à minima, quitte à laisser quelques manques.
On a mesuré à la bande de papier la largeur de tissu nécessaire pour couvrir le dos et les zones dénudées des plats. On coupe une bande de tissu neuf (notée (b) sur la photo 20) de cette largeur plus 1,5cm, de hauteur égale à la hauteur des cartons plus 4cm.
Sur la photo 20, on a positionné le premier plat sur le corps du livre, maintenu par des serre-joints. A ce stade, il est important d'assurer un positionnement parfait du plat par rapport à l'ouvrage (respect des chasses, ajustement parfait au niveau du dos). On encolle ensuite la zone dénudée du plat (colle flexible) et l'on pose le tissu (b) au fond de la zone nue. Dans le cas présent (présence de la rainure), on forme bien la rainure au plioir. Enfin on rabat le tissu d'origine que l'on colle sur la toile de renfort (en soignant à nouveau la rainure).
On peut maintenant encoller le soufflet et rabattre la toile de renfort sur le dos. La photo 21 montre le résultat des opérations précédentes.
On retourne le livre et l'on pose le 2ème plat sur l'ouvrage. On ajuste son positionnement à l'équerre, visible à droite sur la photo 22. En enfonçant la toile jusqu'au fond de la zone nue, ainsi en (d) sur la photo 22, on marque au crayon la limite du tissu à couper. En marquant ainsi 2 ou 3 repères, on peut couper le tissu au scalpel, sur le zinc, à la dimension exacte. Le tissu ainsi recoupé est alors collé comme précédemment sur le plat, puis la percaline d'origine rabattue et collée sur le tissu neuf.
La photo 23 montre le résultat de cette étape.
Fermeture tête et queue
La fermeture du tissu en tête et en queue est la même qu'en reliure traditionnelle.
La figure 14 montre l'état de départ, par ex en queue. On peut éventuellement recouper le tissu à environ 15mm de débord. Sur la figure 25 on vérifie au petit plioir les passages (ici en (a)) entre le soufflet et l'ouvrage. Sur la figure 26, on montre l'insertion du tissu, après l'avoir enduit de colle. Ici je conseille fortement l'utilisation de la colle de pâte, et non la colle rapide, afin de pouvoir travailler correctement la forme de l'ensemble. Sur la figure 27, on voit le retour du tissu de renfort en (c) et le rempli relevé en (d) que l'on rabattra et collera successivement. Enfin sur la figure 28, on forme les "oreilles" (e) en les enduisant de colle de pâte, puis en les creusant au plioir.
Récupération du dos d'origine
Le dos d'origine, soigneusement décroûté au revers (photo 29), est recoupé à minima (même si quelques lacunes subsistent) (photo 30). On le colle ensuite à la colle de pâte sur la toile de renfort (photo 31).
Comme pour les plats, on a ravivé la couleur à l'aide de la teinture en protégeant les titres et motifs à la cire liquide.
Pose des gardes couleurs (neuves)
Ici encore, je ne vais pas beaucoup innover par rapport à la reliure classique.
Les gardes couleurs sont coupées à la hauteur du carton moins 2mm, soit h, et à la longueur du livre déplié plus 2cm, soit L (photo 32). On veillera particulièrement au sens du papier, la longueur L correspondant au sens d'allongement naturel du papier. Puis on mesure au compas la plus grande chasse. La page de garde est positionnée sur le livre ouvert (photo 32). On veille à ce qu'elle couvre assez largement la page du livre en (g). On préforme le pli selon (a). Puis on reporte le compas sur les 3 côtés libres de la page; ce sont les traits (c) de la photo 33. A partir de ces repères, on recoupe la page sur la zone collée. La photo 34 la montre coupée et retournée, et l'on a tracé un trait (b) au crayon léger pour délimiter la zone de collage.
La photo 35 montre l'encollage à la colle de pâte de la demi-garde (e) et du plat (d). On effectue l'encollage en chassant l'air au chiffon à partir du centre. La colle de pâte permet un positionnement précis et tranquille.
La photo 36 montre la finalisation du collage, cette fois à la colle flexible. Avec une macule on laisse apparente une bande (f) de 5mm de large sur le première page du livre, le long de la charnière. On rouvre un peu l'encollage du dos en (k) et l'on enduit la bande charnière de (k) à (f) de colle rapide, sans excès. L'application effective de la colle se fait en maintenant le livre ouvert à 60 degrés (photo 37), position qu'il ne quittera plus jusqu'au séchage (20 minutes environ). On prendra soin de bien forcer la page de garde en fond de charnière à l'aide du plioir droit utilisé sur sa longueur, et/ou d'une règle.
La recoupe des gardes couleur est illustrée sur les photos 38 à 40.
Photo 38, on trace le contour (a) de l'ouvrage sur la page de garde. Ce tracé est visible sur la photo 39 suivant les lignes (b). On recoupe sur le zinc la page de garde le long des lignes (b), à l'intérieur du trait.
Le résultat est représenté par la photo 40
Finitions
Aucune restauration ne va sans quelques finitions.
La colle de pâte fait merveille pour consolider des bords, des coins, pour raffermir le tracé des mors, etc...
Des retouches de teinture (ou peinture) sont souvent nécessaires. Personnellement, je termine souvent par une petite couche de cire lustrée au chiffon.
Dans le cas présent, le résultat final est montré sur les photos 41 à 45.
Pour terminer, je prend 1m de recul et je tire les leçons de mon travail, histoire de faire mieux la prochaine fois.
Les photos ci-après illustrent l'état initial de l'ouvrage.
Bilan initial
Avant toute restauration, il est important de faire un bilan d'état de l'ouvrage, de façon à avoir une idée assez claire du "possible" et de l"impossible" ... et ne pas risquer d'être déçu.
D'emblée, le livre est "explosé", et devra donc être recousu. Par contre, les pages sont relativement propres et demanderont peu de travail.
La couverture est en mauvais état. On voit des boursouflures d'humidité sur le 2ème plat. Une partie est même franchement décollée. Cette partie pourra être recollée, mais la plupart des boursouflures ne pourront pas être résorbées. On voit également que le dos présente des manques. La toile de renfort sera donc visible dans ces zones.
Les gardes couleurs grises sont assez délabrées, avec des manques au niveau des anciens rubans. Je ferai le choix de les remplacer à neuf. Il faut être conscient que la conservation des gardes couleurs est souvent très délicate, voire décevante. Personnellement, je préfère en général sacrifier un peu l'authenticité stricte de l'ouvrage et opter pour leur remplacement. Je reconnais toutefois que ce choix peut être discuté.
La couleur rouge du tissu (percaline) est une teinte classique pour beaucoup de livres du XIXème. Une toile d'un coloris très proche se trouve facilement dans le commerce (Relma Paris). Un teinture liquide également très approchante se trouve au rayon des teintures cuir (Marque Saphir, plutôt par Internet que chez les cordonniers, qui ne vendent plus guère que des crèmes).
Débrochage, nettoyage, pose d'onglets et couture
D'abord, on ne pourra ni ébarber les feuillets, ni rogner la tête d'ouvrage, le format étant imposé par la couverture. De la sorte, on sauvegardera ainsi les tranches dorées, s'il y en a.
Par ailleurs, on remarque sur la photo 5 que 6 fentes de grecquage ont été reprises parmi les 12 anciennes fentes (technique du XIXème), de façon à loger 2 chaînettes et 4 ficelles dans un positionnement non-standard. Le fait de reprendre d'anciennes fentes plutôt qu'en créer de nouvelles selon les gabarits usuels assure une meilleure restitution de l'alignement des cahiers, et par conséquent des dorures de tranches.
Endossure, mousseline et Krafts
Cette étape fait également partie des bases de la reliure.
Les ficelles sont coupées à 15 mm environ, partagées en deux et chaque demi-ficelle est rabattue et collée dans le mors de l'ouvrage. Sur la photo 8 on aperçoit 2 ficelles sur les 4 qui n'ont pas encore été rabattues.
Création d'un soufflet
Le soufflet est un dispositif qui permet que le dos ne soit pas collé directement sur l'ouvrage. Ainsi lorsque l'on ouvre le livre, un espace vide apparaît entre le dos et le corps d'ouvrage, ce qui facilite l'ouverture du livre sans abimer le dos. En reliure classique, ce rôle est usuellement rempli par le "faux-dos".
Les photos suivantes illustrent la construction du soufflet.
- la largeur est mesurée sur le dos du livre à l'aide d'une bande de papier
- le longueur est égale à la hauteur des cartonnages (et non des cahiers).
La pièce (b) est une bande de papier Kraft trois fois plus large que la pièce (a), et de même hauteur.
On élague la pièce (a) sur ses 2 bords, puis on la colle au centre de la pièce (b). On referme les 2 volets de la pièce (b) en les collant l'un sur l'autre, de façon à former un tube (le vide est visible sur la photo 11). On a également dégagé la face papier sur 20mm à chaque extrémité, comme on peut le voir sur la photo 10.
La photo 12 illustre la préparation du collage du soufflet. L'ouvrage est disposé dans la presse. L'éponge sert à humecter le soufflet pour le rendre suffisamment malléable et propre à épouser l'arrondi du dos.
On encolle (colle plastique) le soufflet sur sa surface (c) (photo 12) en veillant bien à ce que les zones dégagées (e1) et (e2) ne reçoivent aucune trace de colle. Puis on applique (c) sur (d) en observant un centrage précis du soufflet. On doit assurer un collage parfait du soufflet, bien adhérent sur ses bords. La photo 13 montre le soufflet en place.
Préparation intérieure des plats
Les gardes couleurs grises, très délabrées, ne seront pas conservées. Leur partie volante a donc été supprimée.
Par contre il est assez délicat de décoller complètement la garde collée. Si elle ne montre pas de signe de décollement initial (dû à l'humidité), il est préférable de la conserver. On se contentera de la dégager sur les remplis, la partie centrale restant comme "comblage". La limite des remplis est en général visible par un léger relief. On marque cette limite à la pointe (photo 14). En humectant le papier le long des remplis, on le dégage alors facilement en le grattant avec la pointe.
Dans le cas seulement où la garde collée montre des zones de décollement, alors il faut absolument la décoller complètement à l'éponge et à la pointe, mais c'est un travail extrêmement fastidieux.
La photo 15 montre les 2 plats ainsi traités. Les remplis ont été dégagés. Ils ont été relevés en (b1), (b2), (b3), (b4) sur environ 15 mm. Enfin ils ont étés recolorés à la teinture rouge.
La surface papier a été poncée de façon à égaliser les zones déchirées, particulièrement le long des arêtes (a1), (a2). Dans le cas présent (assez rare), le 1er plat présentait des reliefs (visibles sur la photo 1) que l'on retrouve au revers (photo 15). On peut choisir soit de combler ces creux avec de la pâte à papier (rapure de papier agglomérée avec de la colle), soit de les laisser apparents. C'est ce dernier choix qui a été adopté.
Pour une meilleure finition, on pourra après reconstruction de l'ouvrage, coller un papier kraft sur ces revers et le poncer. Dans le cas présent, je n'ai pas retenu cette option.
Préparation extérieure des plats
Comme on peut le voir sur la photo 16, en (a) et (b), les angles des plats sont soit effilochés, soit dégarnis. J'ai exposé la technique de réparation dans mon message du 8 Mai.
Le tissu du 4ème plat, qui était partiellement décollé a été recollé sur place. Une couche de teinture rouge a été" appliquée pour raviver les plats et "fondre" les petits défauts. Pour cette opération, j'ai protégé les filets dorés en les enduisant de cire liquide au pinceau fin (solution personnelle).
La photo 17 montre les plats ainsi préparés.
Sur la photo 18, on a soulevé le tissu (percaline) d'au moins 10 mm du côté des mors. Afin que cette intervention soit peu visible, on arrête en général ce soulèvement sur une ligne du motif imprimé, ainsi le relief du cadre décoratif visible en (c) sur la photo 18.
Le premier plat ne présentait pas une telle ligne caractéristique. J'ai l'habitude dans ce cas (solution personnelle) de ménager, au scalpel et à la pointe, une petite rainure visible en (d), qui délimitera proprement la zone d'intervention.
Pose de la toile de renfort au dos
Avant tout, on régularise la coupe du tissu, généralement effiloché, sur chaque plat, en le recoupant au scalpel (lame quasiment neuve) sur un zinc (photo 19, coupe (a) pour le premier plat). Je préconise une recoupe à minima, quitte à laisser quelques manques.
On a mesuré à la bande de papier la largeur de tissu nécessaire pour couvrir le dos et les zones dénudées des plats. On coupe une bande de tissu neuf (notée (b) sur la photo 20) de cette largeur plus 1,5cm, de hauteur égale à la hauteur des cartons plus 4cm.
Sur la photo 20, on a positionné le premier plat sur le corps du livre, maintenu par des serre-joints. A ce stade, il est important d'assurer un positionnement parfait du plat par rapport à l'ouvrage (respect des chasses, ajustement parfait au niveau du dos). On encolle ensuite la zone dénudée du plat (colle flexible) et l'on pose le tissu (b) au fond de la zone nue. Dans le cas présent (présence de la rainure), on forme bien la rainure au plioir. Enfin on rabat le tissu d'origine que l'on colle sur la toile de renfort (en soignant à nouveau la rainure).
On peut maintenant encoller le soufflet et rabattre la toile de renfort sur le dos. La photo 21 montre le résultat des opérations précédentes.
On retourne le livre et l'on pose le 2ème plat sur l'ouvrage. On ajuste son positionnement à l'équerre, visible à droite sur la photo 22. En enfonçant la toile jusqu'au fond de la zone nue, ainsi en (d) sur la photo 22, on marque au crayon la limite du tissu à couper. En marquant ainsi 2 ou 3 repères, on peut couper le tissu au scalpel, sur le zinc, à la dimension exacte. Le tissu ainsi recoupé est alors collé comme précédemment sur le plat, puis la percaline d'origine rabattue et collée sur le tissu neuf.
La photo 23 montre le résultat de cette étape.
Fermeture tête et queue
La fermeture du tissu en tête et en queue est la même qu'en reliure traditionnelle.
La figure 14 montre l'état de départ, par ex en queue. On peut éventuellement recouper le tissu à environ 15mm de débord. Sur la figure 25 on vérifie au petit plioir les passages (ici en (a)) entre le soufflet et l'ouvrage. Sur la figure 26, on montre l'insertion du tissu, après l'avoir enduit de colle. Ici je conseille fortement l'utilisation de la colle de pâte, et non la colle rapide, afin de pouvoir travailler correctement la forme de l'ensemble. Sur la figure 27, on voit le retour du tissu de renfort en (c) et le rempli relevé en (d) que l'on rabattra et collera successivement. Enfin sur la figure 28, on forme les "oreilles" (e) en les enduisant de colle de pâte, puis en les creusant au plioir.
Récupération du dos d'origine
Le dos d'origine, soigneusement décroûté au revers (photo 29), est recoupé à minima (même si quelques lacunes subsistent) (photo 30). On le colle ensuite à la colle de pâte sur la toile de renfort (photo 31).
Comme pour les plats, on a ravivé la couleur à l'aide de la teinture en protégeant les titres et motifs à la cire liquide.
Pose des gardes couleurs (neuves)
Ici encore, je ne vais pas beaucoup innover par rapport à la reliure classique.
Les gardes couleurs sont coupées à la hauteur du carton moins 2mm, soit h, et à la longueur du livre déplié plus 2cm, soit L (photo 32). On veillera particulièrement au sens du papier, la longueur L correspondant au sens d'allongement naturel du papier. Puis on mesure au compas la plus grande chasse. La page de garde est positionnée sur le livre ouvert (photo 32). On veille à ce qu'elle couvre assez largement la page du livre en (g). On préforme le pli selon (a). Puis on reporte le compas sur les 3 côtés libres de la page; ce sont les traits (c) de la photo 33. A partir de ces repères, on recoupe la page sur la zone collée. La photo 34 la montre coupée et retournée, et l'on a tracé un trait (b) au crayon léger pour délimiter la zone de collage.
La photo 35 montre l'encollage à la colle de pâte de la demi-garde (e) et du plat (d). On effectue l'encollage en chassant l'air au chiffon à partir du centre. La colle de pâte permet un positionnement précis et tranquille.
La photo 36 montre la finalisation du collage, cette fois à la colle flexible. Avec une macule on laisse apparente une bande (f) de 5mm de large sur le première page du livre, le long de la charnière. On rouvre un peu l'encollage du dos en (k) et l'on enduit la bande charnière de (k) à (f) de colle rapide, sans excès. L'application effective de la colle se fait en maintenant le livre ouvert à 60 degrés (photo 37), position qu'il ne quittera plus jusqu'au séchage (20 minutes environ). On prendra soin de bien forcer la page de garde en fond de charnière à l'aide du plioir droit utilisé sur sa longueur, et/ou d'une règle.
La recoupe des gardes couleur est illustrée sur les photos 38 à 40.
Photo 38, on trace le contour (a) de l'ouvrage sur la page de garde. Ce tracé est visible sur la photo 39 suivant les lignes (b). On recoupe sur le zinc la page de garde le long des lignes (b), à l'intérieur du trait.
Le résultat est représenté par la photo 40
Finitions
Aucune restauration ne va sans quelques finitions.
La colle de pâte fait merveille pour consolider des bords, des coins, pour raffermir le tracé des mors, etc...
Des retouches de teinture (ou peinture) sont souvent nécessaires. Personnellement, je termine souvent par une petite couche de cire lustrée au chiffon.
Dans le cas présent, le résultat final est montré sur les photos 41 à 45.
Pour terminer, je prend 1m de recul et je tire les leçons de mon travail, histoire de faire mieux la prochaine fois.
mercredi 12 juin 2013
L'onglet rapide ou l'onglet à "Super-Roger"
Tout le monde admettra que la pose des onglets est une tâche absolument fastidieuse.
Heureusement, il y a Super-Roger, haute figure de la Reliure du Mardi.
Je sais, mes innombrables lecteurs de tous les continents (je vais finir par y croire !) ne connaissent pas Super-Roger et la Reliure du mardi. J'en dirai un mot à la fin, après l'exposé technique.
Donc revenons à nos onglets. Il existe, c'est vrai, un produit du commerce appelé "filmoplast". Encore faut-il s'en procurer, c'est cher, et c'est rare. Par contre tout le monde connaît dans son coin une petite mercerie, ce petit magasin où l'on trouve tout; de quoi réparer les bretelles de Grand-père, le blue-jean du petit ou le rideau du salon. On demandera de la "vlieseline" (oui, ça s'écrit comme ça, j'ai vérifié, et ça se prononce...comme on peut ! De toute façon, la mercière comprendra). C'est ce produit qu'utilisent les femmes paresseuses (qui a dit "presque toutes" ?), pour réparer les petits accrocs et éviter de repriser. Ca se pose au fer à repasser... et le plus fort, c'est que ça tient, même les culottes du garnement, c'est dire ! Alors les feuilles de papier.... Bon ! ça se vend au mètre, 9 Euros le mètre à la Mercerie du Marché à Draveil; et avec 1 mètre vous avez de quoi restaurer la Bibliothèque Nationale !
La suite des opérations est illustrée par les photos.
La photo 1 montre le feuillet à réparer par un onglet, la photo 2 l'onglet coupé dans la "vlieseline" et la photo 3 un bête fer à repasser réformé.
Les photos suivantes montrent les opérations.
Photo 4: on pose l'onglet sur le pli du feuillet. Photo 5, on applique le fer à repasser, à basse température.
Enfin photo 6: l'onglet est collé, presque invisible.
Là franchement, si c'est raté, c'est que vous avez oublié de brancher le fer, ou que vous avez mis l'onglet en travers de la page. Mon conseil, dans ce cas, faire réviser vos lunettes.
Maintenant, un mot sur La Reliure du mardi et Super-Roger.
La Reliure du mardi, c'est un peu comme le Carnaval des Fous. Au moyen-âge, ce jour là on avait de droit de tout faire à l'Eglise ; et même les clercs ne s'en privaient pas ! Saucisonner sur l'autel, chanter des chansons paillardes, etc..
Le Mardi des Lieurs, c'est un peu pareil ! Notre professeure attitrée Marie-Odile n'officie que le Samedi. Alors le Mardi, vous pensez, tout est permis ! Coudre les livres à l'envers, hurler le chant du 17 ème (souvenirs de régiment), pousser la chanson paillarde ou picoler le rhum réunionnais de Pierrot... Sans doute, il s'en suit quelques points à reprendre le Samedi.... Mais enfin, on rigole !
Et Super-Roger, dans tout ça ? Et bien, Roger, c'est le jeune homme appliqué de la Photo 7. Jamais à court d'une histoire ou d'une idée farfelue... même quelquefois une bonne idée ! C'est dire ! Parce que la "vlieseline", c'est lui ! Génial, non ?
La photo 8 montre quelques habitués du Mardi: à gauche au fond Edmond le percepteur, au milieu Paul sur son 56ème lectionnaire, à sa droite Roger sortant une dernière blagounette, au fond Anne accrochée à son vieux dictionnaire. Manque Serge à la recherche du temps perdu (on pense qu'il l'a trouvé), Claude qui réussira bientôt à ressusciter Alphonde Daudet (gràce à son ADN), et Pierre à massacrer son pauvre Petit-Larousse (qui ne lui a rien fait). Et Camille ? Où il est Camille ? Ben ! derrière l'objectif, malin !
Heureusement, il y a Super-Roger, haute figure de la Reliure du Mardi.
Je sais, mes innombrables lecteurs de tous les continents (je vais finir par y croire !) ne connaissent pas Super-Roger et la Reliure du mardi. J'en dirai un mot à la fin, après l'exposé technique.
Donc revenons à nos onglets. Il existe, c'est vrai, un produit du commerce appelé "filmoplast". Encore faut-il s'en procurer, c'est cher, et c'est rare. Par contre tout le monde connaît dans son coin une petite mercerie, ce petit magasin où l'on trouve tout; de quoi réparer les bretelles de Grand-père, le blue-jean du petit ou le rideau du salon. On demandera de la "vlieseline" (oui, ça s'écrit comme ça, j'ai vérifié, et ça se prononce...comme on peut ! De toute façon, la mercière comprendra). C'est ce produit qu'utilisent les femmes paresseuses (qui a dit "presque toutes" ?), pour réparer les petits accrocs et éviter de repriser. Ca se pose au fer à repasser... et le plus fort, c'est que ça tient, même les culottes du garnement, c'est dire ! Alors les feuilles de papier.... Bon ! ça se vend au mètre, 9 Euros le mètre à la Mercerie du Marché à Draveil; et avec 1 mètre vous avez de quoi restaurer la Bibliothèque Nationale !
La suite des opérations est illustrée par les photos.
La photo 1 montre le feuillet à réparer par un onglet, la photo 2 l'onglet coupé dans la "vlieseline" et la photo 3 un bête fer à repasser réformé.
Les photos suivantes montrent les opérations.
Photo 4: on pose l'onglet sur le pli du feuillet. Photo 5, on applique le fer à repasser, à basse température.
Enfin photo 6: l'onglet est collé, presque invisible.
Là franchement, si c'est raté, c'est que vous avez oublié de brancher le fer, ou que vous avez mis l'onglet en travers de la page. Mon conseil, dans ce cas, faire réviser vos lunettes.
Maintenant, un mot sur La Reliure du mardi et Super-Roger.
La Reliure du mardi, c'est un peu comme le Carnaval des Fous. Au moyen-âge, ce jour là on avait de droit de tout faire à l'Eglise ; et même les clercs ne s'en privaient pas ! Saucisonner sur l'autel, chanter des chansons paillardes, etc..
Le Mardi des Lieurs, c'est un peu pareil ! Notre professeure attitrée Marie-Odile n'officie que le Samedi. Alors le Mardi, vous pensez, tout est permis ! Coudre les livres à l'envers, hurler le chant du 17 ème (souvenirs de régiment), pousser la chanson paillarde ou picoler le rhum réunionnais de Pierrot... Sans doute, il s'en suit quelques points à reprendre le Samedi.... Mais enfin, on rigole !
Et Super-Roger, dans tout ça ? Et bien, Roger, c'est le jeune homme appliqué de la Photo 7. Jamais à court d'une histoire ou d'une idée farfelue... même quelquefois une bonne idée ! C'est dire ! Parce que la "vlieseline", c'est lui ! Génial, non ?
La photo 8 montre quelques habitués du Mardi: à gauche au fond Edmond le percepteur, au milieu Paul sur son 56ème lectionnaire, à sa droite Roger sortant une dernière blagounette, au fond Anne accrochée à son vieux dictionnaire. Manque Serge à la recherche du temps perdu (on pense qu'il l'a trouvé), Claude qui réussira bientôt à ressusciter Alphonde Daudet (gràce à son ADN), et Pierre à massacrer son pauvre Petit-Larousse (qui ne lui a rien fait). Et Camille ? Où il est Camille ? Ben ! derrière l'objectif, malin !
dimanche 2 juin 2013
Le quart d'heure culturel: la reliure en peau humaine
Brrrrrr ! Ca existe, ça ? En tout cas, ça a existé !
Et pas si loin que ça, puisque l'observatoire Camille Flammarion à Juvisy en possède un !
Je prend mes informations sur le Net, comme d'habitude. Vous me direz (je m'adresse aux milliers de lecteurs qui me lisent, c'est sûr) que vous pouvez les trouver vous-mêmes, puisqu'à cet instant vous y êtes sur le Net. Mais voilà, c'est que je les ai résumées pour vous ! C'est pas cool, ça !
Donc l'"Anthropodermic bibliopegy" (rien que là, ça fait peur), remonte au moins au 17e siècle. C'était même apparemment une pratique courante, puisque (je cite) "il y avait des fabriques où l'on tannait la peau humaine, absolument comme le cuir de bœuf et de cheval, et l'on en faisait de beaux volumes qui se vendaient à un prix fou".
On utilisait surtout des cadavres de criminels. (Je cite encore) "La peau des hommes avait une consistance et un degré de bonté supérieurs à la peau des chamois ; celle des femmes présentait moins de solidité, a raison de la mollesse des tissus" (Allons, c'est quand même plus doux !). Il parait que la peau ainsi préparée ressemblait à du veau, mais certains disent "à du porc"; (moi je pense que ça dépendait de son premier propriétaire).
Les photos ci-dessus présentent quelques ouvrages de ce type, prélevées sur le Net.
Que reliait-on de la sorte ? N'importe quoi ! La Constitution de la République Française (avec la déclaration des droits de l'homme, bien sûr), dorée sur tranche, s'il vous plait; les mémoires d'un pendu (avec sa propre peau, c'est réel), le Coran (avec la peau d'un Chef de tribu arabe, vrai aussi), "la danse macabre" (c'est logique), la Bible (pour la table de chevet? Bonjour les cauchemars !), des ouvrages érotiques ou sado-maso (on prend la peau sur le vif ?) ... etc...
Mais venons en à notre livre de l'Observatoire Camille Flammarion de Juvisy.
L'histoire est relatée dans un journal :"Plaisir de Bibliophile, gazette trimestrielle des amateurs de livres modernes, (1926, tome II, Paris : Au Sans Pareil, 37, av. Kléber), et reproduite sur plusieurs sites du Net.
Et pas si loin que ça, puisque l'observatoire Camille Flammarion à Juvisy en possède un !
Je prend mes informations sur le Net, comme d'habitude. Vous me direz (je m'adresse aux milliers de lecteurs qui me lisent, c'est sûr) que vous pouvez les trouver vous-mêmes, puisqu'à cet instant vous y êtes sur le Net. Mais voilà, c'est que je les ai résumées pour vous ! C'est pas cool, ça !
Donc l'"Anthropodermic bibliopegy" (rien que là, ça fait peur), remonte au moins au 17e siècle. C'était même apparemment une pratique courante, puisque (je cite) "il y avait des fabriques où l'on tannait la peau humaine, absolument comme le cuir de bœuf et de cheval, et l'on en faisait de beaux volumes qui se vendaient à un prix fou".
On utilisait surtout des cadavres de criminels. (Je cite encore) "La peau des hommes avait une consistance et un degré de bonté supérieurs à la peau des chamois ; celle des femmes présentait moins de solidité, a raison de la mollesse des tissus" (Allons, c'est quand même plus doux !). Il parait que la peau ainsi préparée ressemblait à du veau, mais certains disent "à du porc"; (moi je pense que ça dépendait de son premier propriétaire).
Que reliait-on de la sorte ? N'importe quoi ! La Constitution de la République Française (avec la déclaration des droits de l'homme, bien sûr), dorée sur tranche, s'il vous plait; les mémoires d'un pendu (avec sa propre peau, c'est réel), le Coran (avec la peau d'un Chef de tribu arabe, vrai aussi), "la danse macabre" (c'est logique), la Bible (pour la table de chevet? Bonjour les cauchemars !), des ouvrages érotiques ou sado-maso (on prend la peau sur le vif ?) ... etc...
Mais venons en à notre livre de l'Observatoire Camille Flammarion de Juvisy.
L'histoire est relatée dans un journal :"Plaisir de Bibliophile, gazette trimestrielle des amateurs de livres modernes, (1926, tome II, Paris : Au Sans Pareil, 37, av. Kléber), et reproduite sur plusieurs sites du Net.
"Au cours d’une soirée, on le présente (il s'agit de Camille Flammarion) à
une délicieuse jeune femme de 28 ans, d’origine étrangère, mariée en
France au comte de Saint-Ange, fort instruite et d’une intelligence
très raffinée.
L’étude des sciences la passionnait.
Elle demanda au savant de lui révéler quelques-uns des mystères des
mondes imaginaires et des mondes réels. Cette conversation fut un
enchantement. Commencée à Paris, elle se continua dans la propriété que
la dame et son mari possédaient dans le Jura.
La comtesse, phtisique et sans illusion sur son état, parlait sans effroi de sa fin prochaine.
De ce séjour mélancolique et
singulièrement poétique, le souvenir fut resté délicieux si, à quelque
temps de là, M. Camille Flammarion n’avait reçu la lettre suivante :
« Cher Maître,
J’accomplis ici le vœu d’une morte qui
vous a étrangement aimé. Elle m’a fait jurer de vous faire parvenir, le
lendemain de sa mort, la peau des belles épaules que vous avez si fort
admirées « le soir des adieux », a-t-elle dit, et son désir est que vous
fassiez relier dans cette peau, le premier exemplaire du premier
ouvrage de vous qui sera publié après sa mort.
Je vous transmets, cher Maître, cette relique comme j’ai juré de le faire et je vous prie d’agréer…..
Docteur V….. »
« J’avais admiré, en effet, ces superbes épaules le soir des adieux, raconta l’auteur des Merveilles célestes dans une interview, et je les avais là, maintenant, sur le bureau de ma salle à manger, m’inspirant d’autres sentiments.
Que faire du cadeau ? Le renvoyer ?
J’en avais bien la tentation. D’autre part, après réflexion, pourquoi ne
pas remplir le vœu d’une femme dont le souvenir m’était agréable ?
J’envoyai la peau à un tanneur qui, pendant trois mois, l’a travaillée
avec le plus grand soin.
Elle m’est revenue blanche, d’un grain
superbe, inaltérable. J’en ai fait relier le livre qui était en cours
de publication : Ciel et Terre. Cela fait une reliure
magnifique. Il est maintenant dans ma bibliothèque de Juvisy. Les
tranches du livre sont de couleur rouge, parsemées d’étoiles d’or, pour
rappeler les nuits scintillantes de mon séjour dans le Jura. Sur la peau
des épaules de la comtesse, j’ai fait graver, en outre, en lettres
d’or : « Souvenir d’une morte. »
Bien qu'un peu morbide, cette histoire a quelque chose de touchant !
Malheureusement, je n'ai trouvé aucune photo de cet ouvrage sur le Net.
Malheureusement, je n'ai trouvé aucune photo de cet ouvrage sur le Net.
mercredi 8 mai 2013
Réparer les coins des livres toilés...
Les livres toilés, généralement couverts en percaline, ont souvent souffert du frottement, particulièrement au niveau des coins. Le carton apparaît alors à nu.
Si le manque de toile est petit, disons au dessous de 6mm de longueur, on se contentera généralement de le noyer de colle de pâte, puis après séchage, de peindre le bloc devenu dur dans la couleur du tissu. Afin que le bloc n'éclate pas à nouveau, il est important de bien faire pénétrer la colle entre les feuillets du carton qui se sont ouverts.
Si le manque de toile est plus important, alors il faut rajouter une pièce de tissu, si possible de la même couleur que la percaline, sinon d'une couleur plus claire que l'on pourra ajuster à la peinture.
Les photos ci-après indiquent la manière de s'y prendre.
La photo 1 montre l'état initial du coin à traiter. Le manque de toile est défini par la ligne PCQ. Au delà de P et Q, on a incisé le tissu dans la partie basse du carton sur 5mm de chaque côté (coupes PA et QB).
Il faut ensuite inciser la toile sur l'épaisseur du carton au niveau des points A et B. Ici, le cartonnage comportant un chanfrein, on incisera les lignes AA1 et BB1.
La photo 2 montre le revers du carton. On a dégagé les remplis jusqu'aux repères A et B. Ces remplis apparaissent relevés sur la photo, repliés le long des lignes AA2 et BB2. Les longueurs de ces lignes sont appelées a et b.
Photo 3: on découpe une pièce de toile de renfort dont les côtés sont, en se référant à la photo2, (BC+a+5mm) et (AC+b+5mm).
En reportant cette pièce sur la face apparente du carton (photo 1), tracer sur le renfort une ligne de façon à couvrir suffisamment le manque de toile mais sans excès. Ainsi sur la photo 1, cette ligne est définie par A1C1B1, et reportée de même sur la toile en figure 3. Notons que dans le cas présent, il aurait été maladroit de l’arrêter à la ligne droite A1B1, qui produirait un effet disgracieux sur le plat, au final.
Sur la photo 4, on a coupé la partie de la toile de renfort au delà de cette ligne.
Sur la photo 5, on a relevé l'ancienne percaline jusqu'à la ligne A1C1B1, légèrement au delà. On a nettoyé les résidus de carton au dos de la percaline et sur le carton nu.
Sur la photo 6, on a rabattu l'ancienne percaline pour vérifier que notre renfort couvre correctement le manque de toile.
Sur la photo 7, on a collé (colle de pâte) la toile de renfort sur l'endroit du carton et sur le chanfrein, en l'ajustant bien au niveau des coupes AA1 et BB1. Sur la photo 8, on a recoupé la toile de renfort à 45 degrés, comme on le fait usuellement en reliure toile.
Sur la photo 9, on a rabattu et collé la toile de renfort puis façonné l'angle comme à l'habitude en reliure.
Sur la photo 10, côté endroit, on a enfin rabattu l'ancienne percaline sur le renfort. Les franges éventuelles de la déchirure sont soit recoupées, soit noyées dans de la colle. L'aspect sombre disparaîtra au séchage (tout au moins si l'on travaille à la colle de pâte, ce que je recommande fortement).
Sur la photo 11, côté envers, on a rabattu et collé les pans de l'ancienne percaline (les remplis) sur la toile de renfort.
La photo 12 montre l'aspect fini du coin après séchage.
Si le manque de toile est petit, disons au dessous de 6mm de longueur, on se contentera généralement de le noyer de colle de pâte, puis après séchage, de peindre le bloc devenu dur dans la couleur du tissu. Afin que le bloc n'éclate pas à nouveau, il est important de bien faire pénétrer la colle entre les feuillets du carton qui se sont ouverts.
Si le manque de toile est plus important, alors il faut rajouter une pièce de tissu, si possible de la même couleur que la percaline, sinon d'une couleur plus claire que l'on pourra ajuster à la peinture.
Les photos ci-après indiquent la manière de s'y prendre.
La photo 1 montre l'état initial du coin à traiter. Le manque de toile est défini par la ligne PCQ. Au delà de P et Q, on a incisé le tissu dans la partie basse du carton sur 5mm de chaque côté (coupes PA et QB).
Il faut ensuite inciser la toile sur l'épaisseur du carton au niveau des points A et B. Ici, le cartonnage comportant un chanfrein, on incisera les lignes AA1 et BB1.
La photo 2 montre le revers du carton. On a dégagé les remplis jusqu'aux repères A et B. Ces remplis apparaissent relevés sur la photo, repliés le long des lignes AA2 et BB2. Les longueurs de ces lignes sont appelées a et b.
Photo 3: on découpe une pièce de toile de renfort dont les côtés sont, en se référant à la photo2, (BC+a+5mm) et (AC+b+5mm).
En reportant cette pièce sur la face apparente du carton (photo 1), tracer sur le renfort une ligne de façon à couvrir suffisamment le manque de toile mais sans excès. Ainsi sur la photo 1, cette ligne est définie par A1C1B1, et reportée de même sur la toile en figure 3. Notons que dans le cas présent, il aurait été maladroit de l’arrêter à la ligne droite A1B1, qui produirait un effet disgracieux sur le plat, au final.
Sur la photo 4, on a coupé la partie de la toile de renfort au delà de cette ligne.
Sur la photo 5, on a relevé l'ancienne percaline jusqu'à la ligne A1C1B1, légèrement au delà. On a nettoyé les résidus de carton au dos de la percaline et sur le carton nu.
Sur la photo 6, on a rabattu l'ancienne percaline pour vérifier que notre renfort couvre correctement le manque de toile.
Sur la photo 7, on a collé (colle de pâte) la toile de renfort sur l'endroit du carton et sur le chanfrein, en l'ajustant bien au niveau des coupes AA1 et BB1. Sur la photo 8, on a recoupé la toile de renfort à 45 degrés, comme on le fait usuellement en reliure toile.
Sur la photo 9, on a rabattu et collé la toile de renfort puis façonné l'angle comme à l'habitude en reliure.
Sur la photo 10, côté endroit, on a enfin rabattu l'ancienne percaline sur le renfort. Les franges éventuelles de la déchirure sont soit recoupées, soit noyées dans de la colle. L'aspect sombre disparaîtra au séchage (tout au moins si l'on travaille à la colle de pâte, ce que je recommande fortement).
Sur la photo 11, côté envers, on a rabattu et collé les pans de l'ancienne percaline (les remplis) sur la toile de renfort.
La photo 12 montre l'aspect fini du coin après séchage.
jeudi 2 mai 2013
Laver des pages à l'eau de Javel
Ce message traite de la possibilité de laver des pages de livre à l'eau de Javel. Ce sujet est fortement polémique. Par conséquent je tiens à préciser que je prends la méthode qui va être décrite et le message qui s'en suit sous mon entière et unique responsabilité.
Mlle Royer, notre formateur au club des Lieurs, par ailleurs anciennement restauratrice de livres à la BNF, est fermement opposée à cette pratique. Je respecte ce point de vue, qui trouve d'ailleurs à mon sens sa pleine justification lorsqu'il s'agit de documents de patrimoine. Mais comme j'en ai discuté dans mon message du 30 Mars, je pense que l'on peut, au moins dans des cas extrêmes, relaxer un peu cette contrainte lorsqu'il s'agit de documents ayant connu une large diffusion, et dont la valeur est essentiellement affective.
Afin que les choses soient claires, j'insiste bien sur le fait que Mlle Royer n'est aucunement à l'origine de ma décision de mettre en oeuvre cette pratique, pas plus que du descriptif que je vais en faire ici.
Un cas difficile !!!
Les photos ci-après montrent quelques pages d'un ouvrage qui m'a poussé à cette solution "extrême".
A gauche, quelques pages avant l'opération, à droite les mêmes pages après l'opération.
Sur les deux ensembles, la photo 1 montre la page de faux-titre (premier feuillet), la photo 2 un feuillet intermédiaire (le feuillet 486-491), la photo 3 une gravure parmi d'autres, la photo 4 les pages 544-545 (dernières pages).
Comme on peut s'en douter au vu du premier ensemble où l'on voit la première et la dernière page, tout le livre est uniformément tâché au départ. Pensant me venir en aide, mon épouse me propose aimablement une poubelle, que je refuse, toutefois sans grande conviction.
Le cas est évidemment trop grave pour une solution "légère" du type proposée dans mon "post" du 20 Février. Par ailleurs, un essai de lavage d'une page à l'eau claire donne un résultat pitoyable. Je ne vois donc d'autre solution que de recourir à l'eau de Javel.
La photo ci-contre montre l'installation générale de mon atelier de lavage. Au fond, sur la "paillasse", les 4 bacs de lavage; à gauche, sur la table à tréteaux, la zone d'égouttage, puis au dessus la corde à linge pour le séchage.
La chaîne de lavage
Les photos ci-après montrent plus en détail la chaîne de lavage, avec ses 4 bacs. 1: traitement à l'eau de Javel, 2: premier rinçage, 3: Neutralisation à l'hyposulfite de sodium, 4: deuxième rinçage. Les feuilles circulent entre ces 4 bacs avant de passer au séchage.
La question se pose des dosages et des temps d'immersion.
L'eau de Javel agit en fonction de 3 paramètres: la température, la concentration et le temps de maintien dans le bain. J'élimine le facteur température qui ne joue que pour la première "fournée" de pages, ou bien à chaque régénération du bain. Le récipient est un ancien dessus de cuisinière, qui peut recevoir environ 5 litres d'eau. J'y dissous une pastille d'eau de Javel. Noter que le bain s'épuise assez vite, et qu'après 4 "fournées" de 2 feuillets, les tâches ne sont plus suffisamment éclaircies même après 8 heures de bain. Il faut donc déjà le régénérer.
Pour ce qui est du temps, je procède usuellement en 3x8, ce qui permet de fixer un rythme: matin au lever, milieu d'après-midi, soir au coucher. Noter que juste après une opération de régénération, le temps peut être plus court (Par ex. 3 heures).
La surface du bac Javel ne permet d'étaler que 2 feuillets avec une superposition partielle. On peut craindre des effets de "cache", une page cachant l'autre. J'ai malgré tout maintenu cette disposition (voir photo), afin de raccourcir la durée totale de l'opération. Aucun effet de "cache" ne s'est produit. Cependant je ne préconiserai pas de superposer plus de 2 feuillets dans le bac.
Le premier rinçage est effectué dans un bac contenant beaucoup d'eau. Les feuilles ont tendance à se superposer au fond du bac, ce qui peut faire craindre qu'elles soient insuffisamment lavées. C'est un problème pour lequel je n'ai pas pour l'instant de palliatif.
Le 3ème bac (un autre dessus de cuisinière) consiste en une neutralisation à l'hyposulfite de sodium (fixateur des anciens photographes). La quantité de produit préconisée est de 10g par litre. Par contre, je ne dispose d'aucun indicateur d'épuisement du bain. Je me suis donc contenté d'une régénération périodique, environ trois fois moins fréquente que l'eau de Javel.
Le 4ème bac consiste en un 2ème rinçage. Les questions qui se posent sont les mêmes que pour le premier. rinçage. L'idéal serait évidemment un rinçage en eau courante, mais il est impraticable pour le particulier.
Le séchage
Les photos ci-contre illustrent les opérations de séchage. La première photo montre l'égouttage des pages sur un lit de papier absorbant (Sopalin). La deuxième photo montre le séchage final sur corde à linge.
L'égouttage sur papier absorbant est nécessaire car la fragilité de la feuille mouillée ne permet pas de l'étaler directement sur fil à linge. Cependant, après 8 heures d'égouttage, le feuillet peut être manipulé et installé à cheval sur le fil.
Remarques pratiques
Noter que les transferts de pages entre bacs sont d'une extrême délicatesse, la feuille mouillée étant devenue extrêmement fragile. De petits accrocs sont fréquents, et quelquefois de franches déchirures, qui nécessiteront après séchage une réparation au papier Japon.
On constatera en général que le papier est devenu très blanc. L'inconvénient est mineur pour un livre lavé entièrement, que l'on pourra laisser ainsi. Il est plus gênant pour un lavage partiel. Certains suggèrent le brunissage dans une eau de thé, de café, ou d'autres colorants. Personnellement je n'ai jamais obtenu de bons résultats pour cette opération, et pour l'instant je ne la pratique pas, faute de solution crédible.
Après séchage, les pages apparaissent légèrement froissées. On les défroisse très correctement par simple pressage dans la presse à balancier.
Reste la question de la perennité de l'opération dans le temps. Personnellement, mes premières expériences de lavage remontent aux années 1974-1975, soit près de 40 ans, lors de mon initiation à la reliure, dans des conditions de travail beaucoup plus sommaires. Je ne constate aujourd'hui aucune altération de ces ouvrages, dont le papier est resté uniformément blanc.
Le lavage à l'eau de Javel peut aussi être appliqué dans le cas de "rousseurs". Le résultat est cependant, en général, moins convaincant que dans le cas précédent (mouillures). On n'y aura recours que pour des cas de rousseurs extrêmes, sachant que des "nuages" jaunes pourront éventuellement subsister au final.
Enfin on notera que le lavage d'un livre de 550 pages + 40 gravures (l'ouvrage ci-dessus), sur une base de lavage en 3x8 par paires de feuillets, plus quelques relavages pour cause de résultats insatisfaisants, nécessite environ 1 mois.
La restauration est un sport d'endurance !
Mlle Royer, notre formateur au club des Lieurs, par ailleurs anciennement restauratrice de livres à la BNF, est fermement opposée à cette pratique. Je respecte ce point de vue, qui trouve d'ailleurs à mon sens sa pleine justification lorsqu'il s'agit de documents de patrimoine. Mais comme j'en ai discuté dans mon message du 30 Mars, je pense que l'on peut, au moins dans des cas extrêmes, relaxer un peu cette contrainte lorsqu'il s'agit de documents ayant connu une large diffusion, et dont la valeur est essentiellement affective.
Afin que les choses soient claires, j'insiste bien sur le fait que Mlle Royer n'est aucunement à l'origine de ma décision de mettre en oeuvre cette pratique, pas plus que du descriptif que je vais en faire ici.
Un cas difficile !!!
Les photos ci-après montrent quelques pages d'un ouvrage qui m'a poussé à cette solution "extrême".
Sur les deux ensembles, la photo 1 montre la page de faux-titre (premier feuillet), la photo 2 un feuillet intermédiaire (le feuillet 486-491), la photo 3 une gravure parmi d'autres, la photo 4 les pages 544-545 (dernières pages).
Comme on peut s'en douter au vu du premier ensemble où l'on voit la première et la dernière page, tout le livre est uniformément tâché au départ. Pensant me venir en aide, mon épouse me propose aimablement une poubelle, que je refuse, toutefois sans grande conviction.
Le cas est évidemment trop grave pour une solution "légère" du type proposée dans mon "post" du 20 Février. Par ailleurs, un essai de lavage d'une page à l'eau claire donne un résultat pitoyable. Je ne vois donc d'autre solution que de recourir à l'eau de Javel.
La photo ci-contre montre l'installation générale de mon atelier de lavage. Au fond, sur la "paillasse", les 4 bacs de lavage; à gauche, sur la table à tréteaux, la zone d'égouttage, puis au dessus la corde à linge pour le séchage.
La chaîne de lavage
Les photos ci-après montrent plus en détail la chaîne de lavage, avec ses 4 bacs. 1: traitement à l'eau de Javel, 2: premier rinçage, 3: Neutralisation à l'hyposulfite de sodium, 4: deuxième rinçage. Les feuilles circulent entre ces 4 bacs avant de passer au séchage.
La question se pose des dosages et des temps d'immersion.
L'eau de Javel agit en fonction de 3 paramètres: la température, la concentration et le temps de maintien dans le bain. J'élimine le facteur température qui ne joue que pour la première "fournée" de pages, ou bien à chaque régénération du bain. Le récipient est un ancien dessus de cuisinière, qui peut recevoir environ 5 litres d'eau. J'y dissous une pastille d'eau de Javel. Noter que le bain s'épuise assez vite, et qu'après 4 "fournées" de 2 feuillets, les tâches ne sont plus suffisamment éclaircies même après 8 heures de bain. Il faut donc déjà le régénérer.
Pour ce qui est du temps, je procède usuellement en 3x8, ce qui permet de fixer un rythme: matin au lever, milieu d'après-midi, soir au coucher. Noter que juste après une opération de régénération, le temps peut être plus court (Par ex. 3 heures).
La surface du bac Javel ne permet d'étaler que 2 feuillets avec une superposition partielle. On peut craindre des effets de "cache", une page cachant l'autre. J'ai malgré tout maintenu cette disposition (voir photo), afin de raccourcir la durée totale de l'opération. Aucun effet de "cache" ne s'est produit. Cependant je ne préconiserai pas de superposer plus de 2 feuillets dans le bac.
Le premier rinçage est effectué dans un bac contenant beaucoup d'eau. Les feuilles ont tendance à se superposer au fond du bac, ce qui peut faire craindre qu'elles soient insuffisamment lavées. C'est un problème pour lequel je n'ai pas pour l'instant de palliatif.
Le 3ème bac (un autre dessus de cuisinière) consiste en une neutralisation à l'hyposulfite de sodium (fixateur des anciens photographes). La quantité de produit préconisée est de 10g par litre. Par contre, je ne dispose d'aucun indicateur d'épuisement du bain. Je me suis donc contenté d'une régénération périodique, environ trois fois moins fréquente que l'eau de Javel.
Le 4ème bac consiste en un 2ème rinçage. Les questions qui se posent sont les mêmes que pour le premier. rinçage. L'idéal serait évidemment un rinçage en eau courante, mais il est impraticable pour le particulier.
Le séchage
Les photos ci-contre illustrent les opérations de séchage. La première photo montre l'égouttage des pages sur un lit de papier absorbant (Sopalin). La deuxième photo montre le séchage final sur corde à linge.
L'égouttage sur papier absorbant est nécessaire car la fragilité de la feuille mouillée ne permet pas de l'étaler directement sur fil à linge. Cependant, après 8 heures d'égouttage, le feuillet peut être manipulé et installé à cheval sur le fil.
Remarques pratiques
Noter que les transferts de pages entre bacs sont d'une extrême délicatesse, la feuille mouillée étant devenue extrêmement fragile. De petits accrocs sont fréquents, et quelquefois de franches déchirures, qui nécessiteront après séchage une réparation au papier Japon.
On constatera en général que le papier est devenu très blanc. L'inconvénient est mineur pour un livre lavé entièrement, que l'on pourra laisser ainsi. Il est plus gênant pour un lavage partiel. Certains suggèrent le brunissage dans une eau de thé, de café, ou d'autres colorants. Personnellement je n'ai jamais obtenu de bons résultats pour cette opération, et pour l'instant je ne la pratique pas, faute de solution crédible.
Après séchage, les pages apparaissent légèrement froissées. On les défroisse très correctement par simple pressage dans la presse à balancier.
Reste la question de la perennité de l'opération dans le temps. Personnellement, mes premières expériences de lavage remontent aux années 1974-1975, soit près de 40 ans, lors de mon initiation à la reliure, dans des conditions de travail beaucoup plus sommaires. Je ne constate aujourd'hui aucune altération de ces ouvrages, dont le papier est resté uniformément blanc.
Le lavage à l'eau de Javel peut aussi être appliqué dans le cas de "rousseurs". Le résultat est cependant, en général, moins convaincant que dans le cas précédent (mouillures). On n'y aura recours que pour des cas de rousseurs extrêmes, sachant que des "nuages" jaunes pourront éventuellement subsister au final.
Enfin on notera que le lavage d'un livre de 550 pages + 40 gravures (l'ouvrage ci-dessus), sur une base de lavage en 3x8 par paires de feuillets, plus quelques relavages pour cause de résultats insatisfaisants, nécessite environ 1 mois.
La restauration est un sport d'endurance !
mercredi 1 mai 2013
La couture à cahiers sautés...1 fois...2 fois
La technique de couture "à cahiers sautés" s'impose lorsque l'on craint que le dos ne "monte" trop à la couture.
Rappelons qu'après couture le dos doit "monter" en principe dans une proportion d'environ 1/4 à 1/3 de sa hauteur au final. Pour un ouvrage très épais seulement, on descendra au dessous de ces valeurs.
Dans le cas général, une couture "insuffisamment montée" conduira à un dos très plat, inesthétique. Au contraire, une couture "trop montée" obligera à former une trop grande courbure à l'arrondissure, également inesthétique.
Les deux photos ci-après montrent les effets de ces erreurs (et c'est bien moi qui les ai faites !).
A gauche, la couture a "trop monté". Pour rattraper la longueur, il a fallu arrondir le dos à presque un demi-cercle. A droite, la couture n'a pas suffisamment "monté". Il est impossible d'arrondir le dos (car un arc de cercle est nécessairement plus long que sa corde). .
Le risque de "trop monter" est fréquent. Le problème se présente souvent en restauration lorsque l'on veut réinsérer l'ouvrage dans sa couverture d'origine. Les onglets ayant déjà pris une part de la hauteur, la couture risque de dépasser la hauteur disponible. Le cas se présente également lorsque l'ouvrage comporte un grand nombre de cahiers (>25). Dans les deux cas, on choisira évidemment un fil assez fin (40 ou 50), mais cette précaution peut être insuffisante si l'on ne veut pas dépasser une hauteur raisonnable.
Cahiers sautés, technique de base
Pour pallier à ce problème, on adopte généralement la technique dite "à cahiers sautés". Elle est illustrée par la photo suivante pour une couture à 3 ficelles.
Chaque étape de l'opération porte sur 3 cahiers. On comprendra aisément sur les photos le trajet du fil à partir du point O. On pourra choisir une couture "symétrique", comme sur la première photo, ou une couture disymétrique, comme sur la deuxième. D'autres variantes sont possibles, on les trouvera facilement. Dans tous les cas, les 3 premiers et derniers cahiers seront, comme précédemment, traités de manière standard.
Bilan
Au bilan, la couture à cahiers sautés (simple), fait gagner sensiblement la moitié de l'épaisseur des fils (et la moitié du temps de couture, car on coud 2 cahiers à la fois, mais ceci est une mauvaise raison); la couture à cahiers 2 fois sautés fait gagner les 2/3 de l'épaisseur des fils (et du temps de couture, en principe).
Rappelons qu'après couture le dos doit "monter" en principe dans une proportion d'environ 1/4 à 1/3 de sa hauteur au final. Pour un ouvrage très épais seulement, on descendra au dessous de ces valeurs.
Dans le cas général, une couture "insuffisamment montée" conduira à un dos très plat, inesthétique. Au contraire, une couture "trop montée" obligera à former une trop grande courbure à l'arrondissure, également inesthétique.
Les deux photos ci-après montrent les effets de ces erreurs (et c'est bien moi qui les ai faites !).
A gauche, la couture a "trop monté". Pour rattraper la longueur, il a fallu arrondir le dos à presque un demi-cercle. A droite, la couture n'a pas suffisamment "monté". Il est impossible d'arrondir le dos (car un arc de cercle est nécessairement plus long que sa corde). .
Le risque de "trop monter" est fréquent. Le problème se présente souvent en restauration lorsque l'on veut réinsérer l'ouvrage dans sa couverture d'origine. Les onglets ayant déjà pris une part de la hauteur, la couture risque de dépasser la hauteur disponible. Le cas se présente également lorsque l'ouvrage comporte un grand nombre de cahiers (>25). Dans les deux cas, on choisira évidemment un fil assez fin (40 ou 50), mais cette précaution peut être insuffisante si l'on ne veut pas dépasser une hauteur raisonnable.
Cahiers sautés, technique de base
Pour pallier à ce problème, on adopte généralement la technique dite "à cahiers sautés". Elle est illustrée par la photo suivante pour une couture à 3 ficelles.
Le principe en est très simple. Partant de O, le fil court alternativement entre les cahiers 1 et 2. La chaînette (ch2) entoure le dernier fil qui passe en ce point (en fait trois cahiers au dessous). Le fil attaque ensuite les cahiers 3 et 4, etc... Pour ne pas avoir à rechercher les milieux des cahiers, il est pratique d'utiliser deux pinces carton (les "shadocks" chers à M.O.).
Noter que l'on ne peut pas appliquer la méthode dès le premier cahier, car ce cahier ne serait pas attaché en chaînette. Usuellement, on coud les 2 ou 3 premiers cahiers de manière standard, et également, pour la symétrie, les 2 ou 3 derniers. Les autres cahiers peuvent alors être traités "à cahiers sautés".
Cahiers 2 fois sautés
Il arrive que cette méthode ne soit pas encore suffisante pour limiter la hauteur du dos. Ce peut être le cas pour un ouvrage de plus de 35 cahiers. On pourra alors utiliser la technique dite "à cahiers 2 fois sautés". Elle est illustrée par les 2 photos suivantes, pour une couture à 5 ficelles.
Chaque étape de l'opération porte sur 3 cahiers. On comprendra aisément sur les photos le trajet du fil à partir du point O. On pourra choisir une couture "symétrique", comme sur la première photo, ou une couture disymétrique, comme sur la deuxième. D'autres variantes sont possibles, on les trouvera facilement. Dans tous les cas, les 3 premiers et derniers cahiers seront, comme précédemment, traités de manière standard.
Bilan
Au bilan, la couture à cahiers sautés (simple), fait gagner sensiblement la moitié de l'épaisseur des fils (et la moitié du temps de couture, car on coud 2 cahiers à la fois, mais ceci est une mauvaise raison); la couture à cahiers 2 fois sautés fait gagner les 2/3 de l'épaisseur des fils (et du temps de couture, en principe).
vendredi 26 avril 2013
Le livre de Manuela
Manuela avait un
vieux livre. Pas vraiment délabré, certes, mais comment dire ? Quelques
déchirures par ci par là, quelques feuillets qui ont choisi la liberté, le dos
qui baille à s’en décrocher la couverture ; enfin dans le jargon des
brocanteurs, on aurait dit « en l’état ».
Elle en parle à Camille qui se piquait de quelque expérience
en la matière.
Dialogue reconstitué, presque authentique
Manuela. Camille, pourrais-tu m’aider à recoller ce livre ?
Camille. Recoller, je sais pas faire. Restaurer, on peut
essayer.
M. Ce doit pas être bien compliqué. Recoller deux pages,
raccrocher le dos, puis c’est bon !
C. « Recoller », « raccrocher »,
c’est des mots que je connais pas
M. Appelle ça comme tu veux, mais enfin, combien de temps
faudrait il ? Une heure ? (silence gêné) Deux heures ?
(silence gêné), trois ?
C. Hum ! Pas sûr !
Manuela ne manque pas de courage; mais là, elle ne sait pas ...
M. Tu me fais marcher. Allez, on y va !
C. Bon, si tu veux, on y va !
M. Tu me fais marcher. Allez, on y va !
C. Bon, si tu veux, on y va !
Et voici ce que Manuela a fait, sous les conseils de Camille
1er séance (env. 1 heure)
Désolidariser la couverture
Décroûter l’ancienne colle
2ème séance (env. 2 heures)
Préparer de la colle de pâte (1 farine + 5 eau, à début
d’ébullition).
Creuser la place pour des ficelles, en superposition des
anciennes
Insérer des demi-ficelles sur les anciennes ficelles. Les
fixer à la colle rapide.
Nourrir fortement le dos de colle de pâte
Couper largement la mousseline et la coller
Détacher le dos des deux plats.
Soulever délicatement à la pointe la couverture papier des 2
plats, du côté des mors, jusqu’à une
ligne du décor (ici env. 5mm). Aux extrémités, soulever plus largement (env. 15
mm) le papier.
Nettoyer le carton ainsi découvert.
Arracher l’ancienne mousseline, trancher le papier intérieur
sur le pourtour, le décoller à l’éponge et à la pointe, arracher les zones
de papier intérieur qui se décollent,
poncer les faces intérieures des plats.
Décoller les retours du papier de couverture
(les remplis) sur environ 15 mm à leur extrémité côté mors.
3ème séance (env. 2 heures)
Couture des cahiers désolidarisés (cahiers 2 et 4,
donc couture sur les cahiers 1 à 5).
Couper une longueur de fil épaisseur 25 (ici 6 fois la
hauteur du livre). Détorsader le fil 3 ou 4 fois, le graisser au savon.
Coudre les 5 cahiers sans oublier, à chaque cahier…
… Percer les passages du fil au
poinçon : chaînettes, entrée et sortie sur ficelles.- tirer fortement le
fil plusieurs fois par cahier,
… double nœud à la fin du 2ème
cahier cousu,
… boucles de chaînettes à chaque
changement de cahier
… double boucle de chaînettes
après couture du dernier cahier.
Recouper les débords de mousseline. Couper les ficelles à
15mm env., les partager en 2, les rabattre vers les mors et les y coller.
Couper au moins 4 bandes de papier Kraft couvrant exactement
le dos.
Coller une bande de papier Kraft puis combler les creux par
de petites bandes de papier adaptées. Coller les 3 autres bandes.
Devoir à la maison (1/2 heure) :
Travail préparatoire sur l’ancien dos : décroûter le
dos papier de son cartonnage support.
4ème séance (env. 2 heures)
Finition du dos :
Poncer le dos en soignant particulièrement l’arrondi au
niveau des coiffes. Si nécessaire, recoller une bande de Kraft, laisser sécher,
poncer, etc…
Couper les comètes un peu largement et les coller à la colle
rapide (légèrement en bascule sur le bord du livre). Les recouper au ras du
livre.
Couper une bande de
carton bulle (largeur dans le sens roulant et non cassant du carton).
Largeur : mesure du dos à la bande de papier, longueur : hauteur des
plats + 10 mm.
Elaguer les deux bords de ce carton sur env. 4mm, par ex en
2 temps : au scalpel lame 15, on soulève une épaisseur du carton sur toute
la longueur, à 4mm intérieur, puis on abat au scalpel à plat les 4mm
extérieurs, enfin on finit le chanfrein par ponçage.
Couper une bande de
papier Kraft de même hauteur + 1 cm, largeur = 3 fois le carton bulle +
1 cm. Former les plis du papier en 3 volets permettant d’enrouler le carton
bulle en formant un tube. Recouper le papier Kraft qui déborde.
Encoller la partie centrale du papier Kraft. Y poser le
carton bulle. Refermer le tube ainsi formé en collant les deux volets externes l’un sur
l’autre.
Dégager le papier sur 2 cm en haut et en bas du tube.
Humidifier le soufflet pour l’assouplir. Marquer sur le dos
la zone de collage et l’encoller (colle rapide), encoller le soufflet sur sa
face Kraft, le poser bien centré en hauteur et largeur puis le coller. Vérifier
et éventuellement compléter le collage parfait sur les bords.
Pose d’un côté de la toile :
Couper largement la toile nécessaire : largeur mesurée sur le dos à la bande de papier + 2 fois 15 mm + 2cm de sécurité.
longueur = hauteur des cartons + 2 fois 2cm
Découper un côté de la toile à la forme de la zone de carton
découverte (relevés sur les bords). Coller la toile sur le carton du 1er
plat à la colle rapide. Recouper soigneusement (en principe) le bord du papier
sur un zinc. Rabattre et coller le papier sur la toile.
5ème séance (env. 3 heures)
Collage du dos et du second plat.
Positionner les 2 plats sur le livre, bien centrés. Vérifier
la bas à l’équerre.
Recouper le soufflet au niveau exact des plats.
Porter l’ensemble correctement positionné dans la presse.
Encoller le dos et rabattre le tissu. Assurer parfaitement le collage.
Sortir le volume de la presse. Positionner définitivement le
second plat. Eventuellement recouper le bord du papier. Repérer la coupe du
tissu au fond de la zone du carton nu, y compris les relevés d’extrémité.
Encoller le carton, y glisser le tissu en maintenant le plat dans sa position.
Rabattre le papier et le coller.
Collage des coiffes.
Couper le tissu des coiffes à 15 mm env.
D’un côté : préparer le passage du tissu au niveau des
mors. Encoller la coiffe (colle de pâte) et rentrer le tissu sous le carton en
assurant le passage correct sur les plats. Faire de même pour l’autre coiffe.
Marquer les « oreilles » à la colle de pâte.
Rigidifier les coins et les bords des plats à la colle de
pâte.
Déposer un filet de colle le long des déchirures.
Les couvrir de papier Japon
Couper la garde couleur de façon à couvrir, verticalement la
hauteur des plats moins 2 mm ; horizontalement, la totalité de l’ouvrage
ouvert à plat plus 2 cm.
Reporter au compas sur le pourtour de la partie à coller,
une largeur égale à la plus grande « chasse » visible. Découper cette
largeur.
Coller cette partie à la colle de pâte.
Maintenir le plat replié à 60 degrés environ. Encoller
l’intérieur du mors à la colle rapide en débordant de 5 mm sur la première page
du livre (protéger par une macule). Forcer le papier couleur dans le mors à
l’aide de l’arête du plioir droit, puis de la règle. Mettre à sécher en
maintenant l’angle de 60 degrés.
Devoir à la maison (env. 1/2 heure)
Compléter les manques de couleur de la couverture à la
peinture acrylique
6ème séance (env. 1 heure)
Recouper la première garde couleur après avoir marqué les
bords de l’ouvrage
Monter la deuxième « garde couleur » comme
précédemment (5ème séance)
Après séchage, la recouper comme la première.
Arracher le papier Japon excédentaire à la pince à épiler.
L’araser au scalpel. Poncer.
Ouf ! c’est fini !
Fin de la discussion, presque authentique
M. Oui, mais ça fait 12 heures, tu m’avais dit 3 heures !
C. Peut-être, mais je n’avais pas dit combien de fois 3
heures…
Les photos ci-après montrent Manuela au travail,
et l’ouvrage fini.
dimanche 31 mars 2013
Le quart d'heure culturel: le papier de crottin
J'emprunte intégralement le texte suivant à Wikipedia (sauf mes remarques vaseuses entre parenthèses et en italiques, sous la mention ndlr).
"""""
Élaboration de la pâte à papier
Procédé naturel : utilisation de la cellulose contenue dans les excréments d’herbivores non ruminants. En 1841, M. Tripot de Paris déposa un brevet pour fabriquer du papier « à partir de la fiente de tous les animaux herbivores » (Si c'est Mr Tripot, il avait peut être un coup dans le pif ! ndlr). Cette idée fut reprise par M. Jobard (après Mr Tripot, on n'est pas surpris ! ndlr) (directeur des Arts et Métiers de Bruxelles) (ce serait pas une blague sur les belges une fois ? ndlr). Il estimait que la paille et le foin avaient déjà subi une première trituration sous la dent et dans l’estomac des chevaux (si c'est pour faire du papier mâché, c'est tout indiqué ! ndlr) « Le crottin, disait-il, est en grande abondance : on peut obtenir de chaque cheval un kilogramme de papier par 24 heures (presque autant qu'une photocopieuse ! ndlr) ; une seule caserne de cavalerie suffirait à la consommation du Ministère de la guerre (c'est pas gentil pour les fonctionnaires ! ndlr). Il est étonnant que l’on n’ait pas songé plus tôt à cette matière (cette matière f..., en somme ! ndlr) »
L’idée fut exploitée un peu plus tard par une usine, située aux Portes de Paris, qui fabriquait du papier et du carton avec le fumier des chevaux des écuries impériales (du papier haut de gamme pour le coup ! ndlr) . Certains papiers « bulle » en pâte demi-blanchie qui sortaient de ces ateliers étaient appréciés, paraît-il, pour envelopper la pâtisserie (pour donner du parfum ? ndlr) (Albert CIM, Le Livre, tome III).
Depuis 1995, le moulin à papier de Brousses-et-Villaret, dans l’Aude, fabrique du papier avec la cellulose du crottin des éléphants (plus c'est gros, plus ça passe ! ndlr) de la réserve africaine de Sigean.
"""""
Élaboration de la pâte à papier
La pâte à papier est le matériau de base (de la fabrication du papier ndlr). Elle peut être produite à partir de différents composants :
- le bois et d’autres matières ligno-cellulosiques (bagasse de canne à sucre, paille) ;
- le papier (dans le cas du recyclage) ;
- les plantes fibreuses comme le chanvre ou le lin ;
- le tissu (chiffons de coton) ;
- Le crottin (de cheval ou d'éléphant par exemple) ;
- etc.
Procédé naturel : utilisation de la cellulose contenue dans les excréments d’herbivores non ruminants. En 1841, M. Tripot de Paris déposa un brevet pour fabriquer du papier « à partir de la fiente de tous les animaux herbivores » (Si c'est Mr Tripot, il avait peut être un coup dans le pif ! ndlr). Cette idée fut reprise par M. Jobard (après Mr Tripot, on n'est pas surpris ! ndlr) (directeur des Arts et Métiers de Bruxelles) (ce serait pas une blague sur les belges une fois ? ndlr). Il estimait que la paille et le foin avaient déjà subi une première trituration sous la dent et dans l’estomac des chevaux (si c'est pour faire du papier mâché, c'est tout indiqué ! ndlr) « Le crottin, disait-il, est en grande abondance : on peut obtenir de chaque cheval un kilogramme de papier par 24 heures (presque autant qu'une photocopieuse ! ndlr) ; une seule caserne de cavalerie suffirait à la consommation du Ministère de la guerre (c'est pas gentil pour les fonctionnaires ! ndlr). Il est étonnant que l’on n’ait pas songé plus tôt à cette matière (cette matière f..., en somme ! ndlr) »
L’idée fut exploitée un peu plus tard par une usine, située aux Portes de Paris, qui fabriquait du papier et du carton avec le fumier des chevaux des écuries impériales (du papier haut de gamme pour le coup ! ndlr) . Certains papiers « bulle » en pâte demi-blanchie qui sortaient de ces ateliers étaient appréciés, paraît-il, pour envelopper la pâtisserie (pour donner du parfum ? ndlr) (Albert CIM, Le Livre, tome III).
Depuis 1995, le moulin à papier de Brousses-et-Villaret, dans l’Aude, fabrique du papier avec la cellulose du crottin des éléphants (plus c'est gros, plus ça passe ! ndlr) de la réserve africaine de Sigean.
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Le papier de crottin d'éléphant inventé par Mr Tripot et le belge Jobard pour envelopper la pâtisserie, ça ressemble à un canular. Et pourtant c'est dans Wiki, quiconque peut le vérifier en tapant "papier".
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